Marsatac 2012 : une 14e édition en mouvement
Pourquoi cette décentralisation à Nîmes cette année ?
Dro Kilndjian : C'était une opportunité. Nous connaissions l'équipe qui montait cette nouvelle salle Paloma à Nîmes, l'une des salles les mieux foutues et les mieux adaptées aux musiques actuelles que je connaisse. On a décidé de faire une opération réciproque : nous avons prêté notre nom et notre esprit pour l'inauguration de la salle et eux nous ont permis de nous développer artistiquement et géographiquement. C'est souvent frustrant quand on est directeur artistique d'un évènement de ne programmer que quelques groupes. Marsatac passe ainsi de quarante à 70 groupes cette année. Et étend son territoire.
Comment s'est déroulée cette première édition nîmoise ?
Nous sommes très contents. Avec une trentaine de groupes, dont 7 en commun avec le volet marseillais, nous avons fait sold-out le jeudi soir, un score honorable le vendredi et à nouveau sold-out le samedi. Au total quelque 5.000 personnes se sont déplacées. Dimanche, nous étions euphoriques. Nous repartons sur une édition à Nîmes l'an prochain. A terme, on imagine que Marsatac pourrait s'étendre sur les deux villes qui sont à 45 mn en train l'une de l'autre. Ce serait deux éditions complémentaires avec une quarantaine de concerts pour chacune et de petites soirées durant le temps intermédiaire ce qui donnerait une visibilité globale sur 8-10 jours d'affilée.
Pour le volet marseillais, Marsatac revient encore une fois aux Docks des Suds, qui n'est pas votre lieu idéal, après la Friche de la Belle de Mai l'an passé. Pourquoi ?
D'abord, nous étions à l'étroit à la Friche : l'an passé nous étions complets les trois soirs et trop de monde n'a pas pu rentrer. En outre, des travaux sont actuellement en cours à la Friche en vue de Marseille 2013 ce qui aurait encore réduit l'espace disponible. Après avoir cherché un nouveau lieu tout l'hiver, nous nous sommes rabattus sur les Docks des Suds car depuis notre dernier passage ils ont travaillé sur l'acoustique. Et puis je ne me focalise plus sur nos soucis de lieu - 6 lieux différents en 14 ans d'existence - j'en ai pris mon parti : je crois désormais que le nomadisme est inscrit dans l'ADN du festival. Et comme les spectateurs ont l'air plutôt contents, nous allons essayer d'en faire un atout, de proposer chaque année une nouvelle aventure dans un nouveau cadre.
La programmation est à forte teneur hip-hop cette année, hasard ou volonté ?
J'avais envie de revenir aux premières amours du festival qui était très ancré dans le hip-hop et le rap français à ses débuts. Depuis, nous nous sommes ouverts à toutes les sonorités, de l'électro à la pop indé, et cette fois je souhaitais le réinscrire dans le hip-hop. J'ai aussi pu avoir enfin des groupes que je cherchais à programmer depuis longtemps comme Spank Rock ou El-P, assez rare en France, dont la musique me fascine et que je n'ai jamais vu sur scène.
Marsatac est sous-titré "le festival de toutes les insurrections" et l'affiche montre un cocktail molotov. Où est l'insurrection dans l'édition 2012, où palpite-t-elle le plus selon vous ?
Attention, c'est une insurrection douce, hein, on n'est pas dans la révolte totale ! (rires) C'est juste qu'à Marseille il y a du retard, les musiques actuelles sont mal représentées et nous nous posons en aiguillons. Sinon, chez le duo punk Kap Bambino, il y a de l'insurrection, chez la musique très noire du new yorkais El-P il y a de l'insoumission. Quant à Murkage, formation originaire de Manchester, sur scène c'est le feu atomique ! En live à Nîmes ils m'ont mis une tarte, j'avais l'impression d'avoir 20 ans ! Plus globalement disons que nous ne sommes pas dans le consensus, nous proposons toujours des choses qui sont une promesse d'énergie.
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