Maroc : un rappeur contestataire condamné à un an de prison
"C'est une sentence lourde. Malheureusement le juge a prononcé une sentence extrême, sans sursis et sans circonstances atténuantes", a déclaré son avocat, Me Omar Bendjelloun. "Nous allons faire appel de ce jugement. C'est un procès contre la liberté d'expression", a-t-il ajouté.
Une figure du mouvement du 20 février
Figure emblématique du mouvement de contestation du 20 février, Mouad Belghouat, 24 ans, né dans un quartier pauvre de Casablanca, est dans le collimateur des autorités marocaines depuis plus d'un an pour ses chansons virulentes contre la monarchie. Un de ses raps les plus connus critique ouvertement le roi Mohammed VI et l'opulence de son train de vie.
"Mohammed VI" de Mouad Belghouat
Un clip raillant les policiers, qui ne passe pasSurnommé "le révolté" ou "le rancunier", mais aussi Mouad L7a9ed, le rappeur avait été arrêté le 28 mars à son domicile par trois policiers en civil. Il était poursuivi par la direction de la sûreté nationale pour "outrage".
Objet de la plainte : un clip tournant les forces de l'ordre en ridicule, un policier étant montré avec une tête d'âne. A l'audience du 8 avril, l'accusé a nié avoir diffusé cette vidéo en soulignant que sur Youtube, "n'importe qui peut diffuser n'importe quoi".
"Une affaire de liberté d'expression"
L'ONG Human Rights Watch (HRW) avait pour sa part demandé aux autorités marocaines d'"annuler les accusations" contre le contestataire et le libérer. "Cette affaire est tout simplement une affaire de liberté d'expression. Chaque jour qu'il (le rappeur) passe en prison rappelle la distance entre les lois du Maroc et sa pratique, ainsi que les droits garantis par sa nouvelle constitution", selon l'ONG basée à New York.
Le Mouvement du 20 février, dont Mouad Belghouat est une figure emblématique, revendique des changements politiques profonds, l'élimination de la corruption et une monarchie parlementaire.
L'an passé, déjà, le jeune rappeur avait effectué 4 mois de détention provisoire pour une histoire semble-t-il montée de toutes pièces. Son comité de soutien parle aujourd'hui d'acharnement.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.