Lou Doillon, la plus belle surprise musicale de la rentrée
Depuis des années, Lou composait dans sa cuisine des chansons, accompagnant sa voix d'une guitare oubliée chez elle il y a sept ans par le père de son enfant, le musicien Thomas John Mitchell. Des chansons sentimentales, souvent poignantes, sorties spontanément en anglais - "parce qu'en français c'est moins direct, moins honnête, il faut faire le malin, sortir les dictionnaires de rimes et de synonymes". Et chantées d'une voix grave et singulière, aux antipodes des chuchotements aux fréquences aigües de sa soeur et de sa mère.
"I.C.U." de Lou Doillon
Musicalement, la dynastie familiale est écrasante. La figure de Gainsbourg hante tout. Et trace une ligne invisible entre "la branche royale" de la famille, en lien direct avec lui (Jane, Charlotte, Lulu...), et l'autre. "J'ai un rapport violent avec ça car Serge n'est pas mon père et le mien (le cinéaste Jacques Doillon) est vivant, les gens l'oublient systématiquement, et il est admirable." Ambiance.
"Devil or Angel" de Lou Doillon, au studio Ferber Aujourd'hui, le public n'est pas le seul à se prendre le choc de cette révélation vocale dans les tympans. Sa famille, "ce grand bordel" recomposé où on ne parle jamais de sa carrière avec les autres, découvre Lou Doillon comme elle ne l'avait jamais soupçonnée, à la fois fragile et forte. Ses textes, simples et directs, tournent autour de l'amour, du manque et de l'absence. Des paroles universelles et romantiques qui en disent long sur leur auteur, ses failles, ses blessures, ses désirs et ses angoisses. La musique, dépouillée, navigue entre folk, pop et détails soul (les cuivres notamment). Quant à sa voix imposante, au timbre cabossé, voilé, elle laisse transparaître les vieilles blessures et la moindre émotion fugitive.
En se mettant à nu comme jamais, en osant mettre un pied dans la musique, domaine familial aussi encombré que miné, Lou Doillon, à trente ans pile (elle les fête le 4 septembre) a trouvé sa voie. Et nous une voix, aussi royale que la dynastie aristocratique de la chanson française dont elle provient à l'insu de son plein gré.
"Places" de Lou Doillon (Barclay/Universal) est sorti le 3 septembre 2012
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