La Techno Parade fête samedi 15 ans de lutte pour les sons électro
Le défilé parisien doit relier la place de la République à la place d'Italie, en passant par la Bastille. Il a pour parrains l'ancien ministre de la Culture Jack Lang, qui était à l'initiative de l'événement en 1998, et le musicien et DJ Popof, acteur et témoin historique de la scène techno en France.
Le 19 septembre 1998, la première Techno Parade de Paris, créée sur le modèle de la Love Parade de Berlin, avait rassemblé 36 chars et plus de 200.000 participants à l'initiative de Technopol, alors toute jeune association de défense et de reconnaissance des musiques électroniques fondée après l'annulation de multiples "rave parties", alors en pleine diabolisation.
Faire tomber les "préjugés"
"L'idée était de promouvoir auprès du grand public la techno alors stigmatisée, démontrer que c'était bien une musique à part entière et dénoncer les interdictions abusives. En quinze ans, la Techno Parade a fait tomber beaucoup de préjugés même si l'organisation d'événements électroniques relève encore souvent du parcours du combattant", souligne à l'AFP Tommy Vaudecrane, président de Technopol.
"Cet anniversaire sera l'occasion de mettre en lumière la richesse et la diversité de la scène électronique en incitant le public à ouvrir les oreilles et à être curieux, au-delà des succès commerciaux. Il y a les stars mais il y a surtout un formidable vivier créatif qui doit être considéré et défendu", ajoute Tommy Vaudecrane qui rappelle que la Techno Parade se définit comme "une fenêtre d'expression unique pour faire découvrir les vraies musiques électroniques".
Jack Lang a jugé de son côté "réjouissant qu'un événement comme la Techno Parade connaisse une telle longévité et s'enrichisse de nouvelles générations". Parrain de la première heure de la manifestation, il se souvient, cité par l'AFP : "En 1998, la musique électronique était diabolisée, montrée du doigt et censurée de fait. Les jeunes ont sans doute peine à le croire: il a fallu à chaque fois livrer bataille pour arracher la liberté d'une musique nouvelle." L'ancien ministre dénonce "l'imagerie fantasmatique" que la techno peut encore parfois générer. "J'ai peine à croire que des élus se braquent encore contre les musiques électroniques qui sont entrées dans les têtes et la vie de la cité."
En 1996, alors que les interdictions administratives s'accumulaient, Jack Lang se rend à Berlin avec Henri Maurel, l'un des responsables de FG, la première radio à diffuser exclusivement en France de la techno: "Nous avons assisté à la Love Parade, événement festif puissant. Il fallait frapper un grand coup en France. J'ai convaincu le maire de Paris et le ministre de l'Intérieur d'autoriser un premier défilé électronique. La Techno Parade était née, marquant le début de la reconnaissance", se souvient Jack Lang qui aujourd'hui rêve d'un événement européen simultané dédié aux musiques électroniques.
Treize chars et leurs "sound systems" samedi à Paris
Ce samedi après-midi, treize chars et leurs "sound systems" doivent défiler dans Paris avec la participation de dizaines de DJs suivis par 300.000 "teuffeurs" attendus. Parmi les stars des platines annoncées: Michael Canitrot, Antoine Clamaran, Jay Style, les Tunisiens de "Sound of Carthage" mais aussi l'Espagnol Samyx qui promet une techno tribale, et le collectif Audiogenic, première structure historique fédérant la "hard electronic music".
L'association Technopol doit prolonger la fête du 16 au 22 septembre avec la Paris Electronic Week conçue comme un parcours artistique et pédagogique avec un marché des labels techno, des performances "live" notamment au Centre Pompidou, un atelier jeune public pour l'initiation aux musiques électroniques et des masters classes...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.