Festival des Inrockuptibles : 7 questions à JD Beauvallet
- Quel est le groupe que vous avez eu le plus de mal à avoir pour cette édition 2011 du festival ?
Jean-Daniel Beauvallet : Ceux pour lesquels il a fallu le plus d’explications, de séduction, c’est Wu Lyf. Je tenais à ce qu’ils jouent au festival de façon quasi obsessionnelle. Mais ils ont un dogme très strict: c’est eux qui choisissent les salles, et la tarification. Ils contrôlent beaucoup de choses et je dois dire que si j’étais un groupe je ferais sans doute de même. En fait c’était assez excitant de devoir monter à Manchester pour les convaincre. Il y a eu plusieurs volte-face de leur part. En plus, chez eux c’est la démocratie participative à la Ségolène Royal : ils demandent l’avis de leurs fans. Ce qui les a finalement convaincus ? Notre discours, nos états de service et notre engagement derrière eux depuis deux ans. Ils ont perçu qu’on avait compris leur philosophie. (Mercredi 2 novembre à La Cigale 21h55)
Wu Lyf "Dirt"
- Quel est le jeune groupe sur lequel vous êtes prêts à parier vos baskets qu'il va devenir majeur ?
Il y a six mois je t’aurais dit Foster the People, mais ils cartonnent déjà. Du coup, je dirais Hanni El Khatib. Déjà le mec a une gueule pas possible. Ensuite son romantisme de bad boy, blouson, tatouages, cran d’arrêt, est taillé pour la France. Ca me rappelle Chris Isaak qui pendant un temps était énorme en France et toujours inconnu des anglo-saxons. De père palestinien et de mère philippine, il a adopté l’Amérique totalement, avec tous ses clichés. J’adore ce son crâneur, crade, à l’os, avec le côté playboy. (Jeudi 3 novembre à La Cigale, 20h00)
Hanni El Khatib "Dead Wrong"
- Le groupe dont vous êtes certain qu'il va éblouir son monde sur scène ?
Anna Calvi, parce qu’elle tient énormément à cette date à l’Olympia. Il faut savoir que c’est une fanatique d’Edith Piaf, très liée elle-même à l’histoire de l’Olympia. Ensuite, elle a appris à jouer de la guitare avec le live mythique à l’Olympia de son autre héros, Jeff Buckley, où l’on sent la ferveur du public comme jamais. Anna Calvi, pour laquelle j’ai eu un vrai coup de foudre scénique, a joué l’an passé au festival, mais à la Boule Noire, devant un public restreint car personne ne la connaissait encore. On lui avait dit, "l’an prochain tu joues à la Cigale". Mais lorsqu’on lui a proposé la salle du boulevard des Capucines, elle a blêmi. Je crois qu’il peut se passer quelque chose de très fort ce soir-là. (Lundi 7 novembre à l’Olympia, 22h00)
Anna Calvi "Desire"
- A l'inverse, le groupe pour lequel vous tremblez le plus parce que vous avez peur qu'il ne soit pas à la hauteur ou que le public ne l'apprécie pas à sa juste valeur ?
Ce n’est pas un groupe connu, mais c’est une formation versatile, foutraque et indisciplinée. Je veux parler de La Femme. Ils sont ingérables, sur la brèche en permanence. Ils n’ont pas de manager et ils peuvent débrancher le téléphone pendant plusieurs jours parce qu’ils ont préféré aller prendre la vague en surf (deux membres du groupe sont de Biarritz). Ce qui me fascine, c’est leur côté chien fou, excessif. C’est un groupe à la Happy Mondays, imprévisible. On ne sait jamais à quoi s’attendre. Ca peut être sublime ou le chaos complet, mais jamais moyen ni raisonnable. (Mercredi 2 novembre à La Cigale, 20h45)
La Femme "Sur la Planche"
- Quel est le groupe français de la programmation que vous préfèrez ?
François and the Atlas Mountains sont ceux qui m’ont le plus impressionné récemment. Ils ont pris cet été une ampleur inattendue en créant une world pop qui fonctionne. En général, ce genre de fusion est rarement réussie mais chez eux c’est fluide, naturel. Ils sont joyeux, dansants, un peu mélancoliques aussi. François, leur leader, a longtemps vécu en Angleterre et il a bien retenu ce qu’était la pop anglaise, avec des influences beaucoup plus vastes. Ils a aussi pigé combien le live était important, qu’il fallait savoir se donner généreusement sur scène pour conquérir les foules. (Dimanche 6 novembre à la Boule Noire, 20h 30 et Jeudi 3 novembre à Lille, Samedi 5 novembre à Nantes, Lundi 7 novembre à Toulouse)
François & The Atlas Mountains "Piscine"
- Le groupe au sujet duquel vous avez la meilleure anecdote à raconter ?
En fait j’en ai deux, aussi absurde l’une que l’autre. Je termine une interview du groupe new yorkais Cults et la chanteuse, du genre sauvageonne, me retient par le bras alors que son comparse s’éclipse. « J’ai une question à te poser ». Je me dis « ouhla ! ». « Voilà, est-ce que tu connais la recette de la truffade ? ». Je n’ai jamais compris. Après quelques secondes de vide existentiel j’ai bafouillé que si elle jouait au festival, il y aurait de la truffade. Alors, oui, c’est sûr, il va y avoir truffade en backstages cette année. A moins qu’on l’emmène au Plomb du Cantal. L’autre anecdote concerne BoxViolet. C’est mon coiffeur, à Brighton qui me les a fait découvrir. C’est un groupe américain que leur maison de disques a envoyé six mois à Londres pour prendre l’air et comme ils s’emmerdaient ils se sont installés à Brighton. Mon coiffeur m’a fait passer leurs maquettes et je les ai bookés aussitôt au festival. Du coup, ils sont sans doute en train de négocier 6 mois de plus aux frais de la princesse en France…(Cults, vendredi 4 novembre à La Cigale, 19h45 et Jeudi 3 novembre à Lille, Samedi 5 novembre à Nantes, Lundi 7 novembre à Toulouse)
Cult "Abducted"
- Le groupe que vous inviteriez le plus volontiers à passer quelques jours chez vous ?
Sans doute Florent Marchet. D’abord parce que c’est un incroyable raconteur d’histoires. Je me vois bien passer des soirées au coin du feu à écouter les tribulations de ses voisins du Berry, qui se transforment toujours en sagas rocambolesques. Et puis c’est très précieux : voilà un mec qui sait braconner. Quand j’ai été le voir dans le Cher, chez ses parents, il m’a emmené braconner les écrevisses. Il n’y a pas plus jouissif. (Mercredi 2 novembre au Casino de Paris, 20h50)
Florent Marchet "Benjamin"
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