Cet article date de plus de douze ans.

David Lynch sort son album : Crazy Clown Time

A 65 ans, le cinéaste américain David Lynch publie son premier album, "Crazy Clown Time", un essai électro d'une étrange familiarité tant il fait écho à l'univers énigmatique et envoûtant du réalisateur de "Mulholland Drive".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Lynch sort son album "Crazy Clown Time"
 (HENNING KAISER / DDP / AFP)

L'idée d'un album a tranquillement fait son chemin. "Je n'ai pas vraiment décidé, c'est  arrivé", confiait-il  récemment aux Inrockuptibles. Dans les années 90, David Lynch fait construire un studio d'enregistrement chez  lui pour expérimenter le son. Des artistes viennent y travailler.
Fin 2010, le réalisateur publie deux titres, "Good Day Today" et "I know",  qui reçoivent un accueil chaleureux de la critique. Le label indépendant Pias  lui demande s'il a d'autres morceaux et, de fil en aiguille, un album prend  forme.

Lynch homme orchestre

Pour "Crazy Clown Time", enregistré avec l'ingénieur du son Dean Hurley, le  réalisateur n'a pas fait les choses à moitié. Il a lui-même écrit et produit ce  premier album, sur lequel il joue de la guitare et chante.
La passion de David Lynch pour la musique a toujours joué un rôle important  dans ses films, depuis son premier long métrage, "Eraserhead" (1977), qui  comprenait une chanson qu'il avait écrite avec Peter Ivers, jusqu'à son plus  récent, "Inland Empire" (2006), pour lequel il a écrit plusieurs titres.
Le réalisateur a fréquemment collaboré avec des musiciens, comme le  compositeur Angelo Badalamenti ("Twin Peaks"), le pianiste polonais Marek  Zebrowski ("Inland Empire"), Sparklehorse et Danger Mouse ("Dark Night of the  Soul").
Il y a quatre ans, motivé par ses ambitions musicales, il a créé la David  Lynch Music Company. En 2010, il a transformé son site internet  en archive numérique reprenant l'intégralité de l'offre  musicale publiée par cette société, ainsi que des singles inédits, des  expérimentations et des instrumentaux créés par lui-même et ses collaborateurs.

Mélange rock et électro

Si David Lynch décrit l'album comme du "blues moderne", "Crazy Clown Time"  est en fait un mélange de rock et d'électro, sur lequel le cinéaste a réussi à  transposer l'univers si singulier et parfois hermétique de ses films.
On y croise les nappes de synthés planantes qu'Angelo Badalamenti avait  conçues pour "Twin Peaks", on y retrouve les guitares lancinantes et le tempo  lent dont il adore envelopper ses images.
La voix du réalisateur, qui rappelle sur certains titres les intonations  d'Iggy Pop, est la plupart du temps distordue par ordinateur. Son chant est  heurté, étouffé, parasité, comme pour délivrer un message caché, une technique  qu'il utilise aussi dans ses films.
Même les courtes descriptions des chansons qu'il a données à la presse  pourraient être le résumé d'un de ses longs métrages.

Karen O

"Pinky's Dream", le titre qui ouvre l'album interprété par la charismatique  chanteuse des Yeah Yeah Yeahs Karen O, est ainsi défini comme "l'horreur et la  tristesse de perdre quelqu'un dans d'autres dimensions".
Le menaçant "Speed Roaster", sur lequel il chante "Je suppose que tu dirais  que je te traque/Il est possible que je te traque, bébé", est décrit comme "une  histoire d'amour sans retour, près d'une forêt de pins".
 "Je crois que ma nature est d'expérimenter. La musique représente  aujourd'hui pour moi le bon lieu pour cela. C'est une évolution étrange dans ma  vie, mais j'adore faire de la musique maintenant", a confié le réalisateur, qui  n'a plus tourné depuis "Inland Empire".

Le réalisateur offre le titre éponyme de son disque en téléchargement gratuit sur Facebook.

Crazy Clown Time
Pias Recording France
Sortie le 7 novembre
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.