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A Moscou, les Pussy Riot réclament leur remise en liberté

Les trois jeunes femmes du groupe de punk russe Pussy Riot, condamnées en août à deux ans de camp pour une "prière" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou, ont réclamé leur remise en liberté et réaffirmé leur innocence mercredi à la reprise de leur procès en appel.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Les Pussy Riot dans leur cage en verre, mercredi matin à Moscou
 (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

L'audience intervient quelques jours après que le président russe Vladimir Poutine a déclaré que la peine de deux ans de camp était "correcte", une prise de position vivement critiquée par l'un des avocats de la défense dénonçant une tentative d'influencer le tribunal. 

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, sont accusées de "hooliganisme" et d'"incitation à la haine religieuse", devant le tribunal municipal de Moscou, pour avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à deux pas du Kremlin, une "prière punk" demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir. 

Le procès en appel s'était ouvert le 1er octobre, mais le tribunal avait renvoyé l'affaire après que la prévenue Ekaterina Samoutsevitch a annoncé s'être séparée de ses avocats en évoquant des désaccords sur la ligne de défense adoptée. Les trois accusées ont réitéré leurs excuses à ceux qui ont été choqués par leur action, tout en réaffirmant que leur geste était politique et dirigé contre Vladimir Poutine. 

Repentir impossible

"Nous n'avons pas voulu offenser les croyants", a déclaré Mme Samoutsevitch, s'exprimant dans une cage en verre au côté des deux autres prévenues. "Si cela a été le cas, nous nous en excusons. Notre action était politique", a-t-elle ajouté en s'exprimant de manière décontractée, main dans la poche. "Nous sommes toutes les trois innocentes, nous sommes en prison pour nos opinions politiques", a renchéri Mme Alekhina, qui a réclamé, comme Mme Samoutsevitch, l'annulation du jugement en première instance et la liberté. La troisième, Nadejda Tolokonnikova, a elle aussi déclaré qu'elle était prête à s'excuser si elle avait offensé des croyants. Mais "un repentir est impossible car ce serait reconnaître que notre action était antireligieuse, ce qui n'est pas le cas", a-t-elle dit. 

L'affaire des Pussy Riot a divisé la société en Russie et suscité l'indignation à travers le monde, ainsi de nombreux appels à la libération des jeunes femmes lancés notamment par l'icône de la démocratie birmane Aung  San  Suu Kyi et la star de la pop américaine Madonna.
     
"Nous ne nous tairons pas"

Détenues depuis mars dans une prison de Moscou, les trois jeunes femmes seront transférées dans un camp si leur condamnation est confirmée. "Si notre condamnation est confirmée en appel et que nous partons dans un camp, nous ne nous tairons pas pour autant, même si on nous envoie en Sibérie ou en Mordovie", a ajouté Mme Alekhina. Maria Alekhina est revenue sur de récentes déclarations du président Vladimir Poutine qui s'était interrogé sur la signification du nom Pussy Riot. "Le président considère que le nom de notre groupe est indécent, je vais le traduire, c'est +la révolte des chattes". Cela n'est pas plus indécent que ses appels à +buter ses ennemis jusque dans les chiottes+", a déclaré Mme Alekhina sous les rires de la salle et les protestations des juges qui l'ont alors interrompue. La prévenue faisait référence à une déclaration faite il y a plusieurs années par M. Poutine concernant les rebelles tchétchènes. L

Prendre en compte les implications individuelles

L'audience a été marquée par d'apparentes tentatives de scinder le cas des trois jeunes femmes. La nouvelle avocate de Mme Samoutsevitch, Irina Khrounova, a affirmé que sa cliente n'avait pas participé à la "prière punk" anti-Poutine dans la mesure où elle avait été interpellée 15 secondes après être entrée dans la cathédrale. "La prière punk a eu lieu sans Samoutsevitch. Elle avait déjà été emmenée hors de l'église", a déclaré Irina Khrounova. "Je dois répondre de ce que j'ai fait moi-même", avait déclaré peu auparavant Ekaterina Samoutsevitch. De manière inattendue, l'un des avocats des parties civiles, Lev Lialine, a soutenu cette déclaration en réclamant lui aussi que le tribunal prenne en compte l'implication individuelle de chaque prévenue. 

Vladimir Poutine a lui estimé dimanche que la condamnation des jeunes femmes à deux ans de camp était "correcte". "Elles le voulaient et elles l'ont eu", a déclaré M. Poutine à la chaîne de télévision pro-pouvoir NTV, ajoutant qu'il n'avait "rien à voir" avec cette affaire. Mais l'avocat de Mme Tolokonnikova, Mark Feïguine, a critiqué mercredi les propos du président Poutine, considérant qu'il s'agissait d'"une pression" sur la justice.

REVOIR les images de la "prière" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou : 

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