: Reportage "75 ans de scène, on ne sait pas si cela se reproduira un jour" : à Berlin, Daniel Barenboim prend sa retraite, le monde de la musique classique lui rend hommage
Les gestes sont plus lents, la démarche un peu raide et la main bienveillante de la pianiste vient soutenir Daniel Barenboim. Au cours des dernières décennies, peu de personnalités ont marqué le monde de la musique classique autant que lui. À 80 ans, il a annoncé le 6 janvier sa démission de l’opéra de Berlin, pour raison de santé. Le maestro israélo-argentin était à la tête de l’institution depuis 30 ans.
Au pupitre, le chef s'installe sur une chaise et il s'anime. Il dirige son orchestre comme il le fait depuis des années, avant de prendre place au piano le temps d'un morceau à quatre mains. C'est l'un des derniers concerts que la légende du classique dirige à la philharmonie de Berlin. Hannelore, 80 ans comme Daniel Barenboim, est émerveillée. "C'est un musicien fantastique et sa façon de jouer du piano est incroyable, s'enthousiasme la spectatrice. Il a fait des choses formidables dans le monde entier et je trouve qu'il est encore très bon. Et c'est dommage qu'il arrête."
Matthias Schulz, l'intendant de l'Opéra de Berlin, que Daniel Barenboim aura donc dirigé pendant 30 ans, s'est glissé dans la salle. Il a vu le chef guider un orchestre des dizaines de fois et il rend hommage à sa longévité.
"C'est peut être l'un des plus grands artistes dans le monde de la musique classique. Il est sur scène depuis qu'il a cinq ans. Il faut bien avoir ça en tête ! La scène, c'est toute sa vie."
Matthias Schulz, intendant à l'Opéra de Berlinà franceinfo
"C'était tout simplement un enfant prodige. Pas une demi-journée ne s'est écoulée sans qu'il pense à la musique, sans qu'il travaille pour un concert. Quelqu'un qui fête ses 75 ans de scène, on ne sait pas si cela se reproduira un jour", souligne l'intendant.
Encore deux concerts, et puis s'en va
Daniel Barenboim doit donner encore deux concerts à la Philharmonie de Berlin ce week-end. Il cessera ses activités à la fin du mois. Walter, un Berlinois de 50 ans est enchanté de l'interprétation des œuvres de Schumann et Brahms. Mais il redoutait ces adieux. "On s'est tellement habitué à ces grands noms. Il n'y en a plus tellement. Bernstein, Karajan, Barenboim font partie, dans mon souvenir, d'une époque magnifique de la musique classique. Quand de tels musiciens quittent la scène, cela m'attriste et me choque", dit le Berlinois.
À la fin du concert, le public se lève. L'ovation du public dure six minutes, comme si la salle comble refusait de prendre congé du maestro.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.