Séparation des Daft Punk : "Ce sont des gens qui ont toujours recherché une excellence réfléchie"
Le journaliste Yves Bigot, co-auteur d'un livre sur Daft Punk revient sur la séparation du duo de musique électro français, auquel il ne s'attendait pas.
Le journaliste Yves Bigot, auteur du livre "Daft Punk Incognito" aux Éditions de l'Archipel à l'été 2020, revient sur la séparation du célèbre duo de musique électro parisien. Au-delà de la surprise, il estime que les deux artistes,Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, ont marqué l'histoire de la musique : "C'était presque des artistes d'art contemporain dans la musique. L'influence de Daft Punk est aussi immense, (...) ce sont toujours des gens qui ont recherché une excellence réfléchie", estime le journaliste.
franceinfo : Est-ce que vous vous attendiez à la séparation des Daft Punk ?
Pas du tout. On attendait plutôt la suite Random Access Memories, (...) Il y avait même une musique de film qui semblait être annoncée. Effectivement, pour moi et mes co-auteurs, Michel et Camille Goujon, c'est arrivé comme une vraie surprise. (...) Je dirais que c'est un coup de com et un coup de tonnerre électronique typique de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo.
Ce qui est troublant, c'est qu'il n'y a pas d'explication à cette séparation. Quel est votre avis ? Avez-vous connaissance de frictions au sein du duo ?
Non, pas particulièrement. La seule chose un peu métaphorique je dirais, c'est que Daft Punk à l'origine, avait monté un groupe qui s'appelait Darling quand ils étaient ados et copains de lycée. C'était un groupe qui essayait de faire se rencontrer les Beach Boys et les Velvet Underground. Et ensuite c'était passé à la musique purement électronique. Et ils laisseront une trace et une influence absolument immense dans le domaine de la musique, à la fois de thèmes et dans la musique électro. Ils étaient devenus vraiment des robots ne jouant qu'avec des machines. Et depuis, ils avaient surpris absolument tout le monde : en 2013, avec cet album Random Access Memories, dans lequel ils renouaient avec la musique organique qu'ils avaient aimé avant de fonder Daft Punk. Donc est-ce qu'ils auraient considéré que d'une certaine façon, et avec le succès planétaire de cet album et de 'Get Lucky', ils avaient bouclé une boucle et que l'affaire s'était refermée sur elle-même... (Cette explication) pour essayer de donner du sens à quelque chose qui peut-être n'a pas du tout celui-là.
On pourrait aussi noter que c'est paradoxal pour un groupe avec une renommée internationale, de n'avoir signé que quatre albums en 28 ans. La rareté a fait leur valeur ?
Oui, parce que tout ce qu'ils ont produit a toujours été conceptualisé, extrêmement réfléchi. C'étaient presque des artistes d'art contemporain dans la musique, un peu comme le groupe allemand Kraftwerk, l'autre grand groupe de musique électronique qui les avait précédés. L'influence de Daft Punk est aussi immense et restera aussi immense que celle de Kraftwerk.
Vous les avez rencontrés à plusieurs reprises pour écrire ce livre "Daft Punk Incognito" ?
Pas du tout. Je les connais à peine mais je me suis beaucoup intéressé à tout ce qu'ils font depuis leurs débuts. La dernière fois que je les ai croisés, c'était au Palais de Tokyo. Mais il y avait presque plus de gens qui me reconnaissaient moi plutôt qu'eux, puisqu'ils n'avaient pas leur casque !
Les Daft Punk ont fait des collaborations avec Pharell Williams, Kanye West... Michel Gondry a réalisé certains de leurs clips. Ils ont su choisir les bons collaborateurs.
Ils ont toujours travaillé avec à la fois des réalisateurs, avec le monde de la mode, des ingénieurs du son. Ils ont travaillé avec des très grands musiciens que souvent, ils admiraient depuis longtemps, parfois depuis leur adolescence. Et ils ont sans doute culminé lors de la cérémonie des Grammy Awards, après le succès faramineux de Random Access Memories. Ils y ont partagé la scène non seulement avec Will.i.am, mais avec des musiciens extraordinaires comme le batteur de Sting et du groupe Weather Report, Omar Hakim, ou encore Stevie Wonder. Ce sont des gens qui ont toujours recherché l'excellence, et je dirais une excellence réfléchie.
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