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Quand un ex-Daft-Punk met en musique "Mythologies", un ballet d'Angelin Preljocaj : "Il m'a dit, autant y aller franco"

Thomas Bangalter s'éloigne de l'électro de Daft Punk et a composé une partition très symphonique pour "Mythologies", du chorégraphe Angelin Preljocaj, au théâtre du Châtelet à Paris.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Mythologies" d'Angelin Preljocaj et Thomas Bangalter. (Jean-Claude Carbonne - Théâtre du Châtelet Paris)

Dès les premières secondes, on est saisi par l'ampleur de cette musique que joue dans la fosse l'Orchestre de chambre de Paris. Ravi de composer sa première œuvre symphonique, Thomas Bangalter offre aux danseurs des envolées de cordes et de cuivres, comme un voyage musical. Minimalisme à la Philip Glass, lyrisme cinématographique, éclats sonores proches de Stravinsky : c'est la rencontre entre un chorégraphe qu'on ne présente plus, Angelin Preljocaj et l'ex-Daft Punk Thomas Bangalter, pour la création "Mythologies", dansée par les interprètes du ballet Preljocaj et de l'opéra de Bordeaux réunis sur scène

Thomas Bangalter a délaissé ses machines et composé une partition symphonique qui a surpris Angelin Preljocaj qui, au départ, lui avait demandé d'utiliser aussi ses machines : "Lui m'a dit : 'Ah non, tant qu'à faire, autant y aller franco. Si j'ai tombé le casque, ce n'est pas pour remettre de l'électronique dans la musique.' Il a donc écrit une œuvre très symphonique. Il y a quelque chose de furieux dans cette envie d'embrasser beaucoup de choses qu'il a aimées, qui l'ont influencé, de le restituer, mais à sa manière. On sent les réminiscences. On sent d'où cela vient mais en même temps, on part ailleurs à chaque fois.

Série de tableaux mythologiques

Sur scène, le spectacle est total : projection d'images, lumières au cordeau et, avant tout, la virtuosité des danseurs. Qu'ils soient plus aériens ou ancrés dans le sol, selon qu'ils viennent de l'Opéra de Bordeaux ou du ballet Preljocaj – bien malin celui qui les différencie. Les treize filles et huit garçons interprètent une dizaine de tableaux menés sans relâche. Zeus et Danaé, Icare, Arès et Aphrodite, la mythologie grecque est bien présente, mais aussi celle des Mayas ou de Roland Barthes, avec des masques de catch, drôle et kitsch à souhait.

"Qu'est-ce qu'on apprend des mythologies ? s'interroge Angelin Preljocaj. Est-ce qu'on apprend vraiment quelque chose ou alors est-ce qu'on continue à bégayer, à renouveler les mêmes erreurs, à commettre les mêmes atrocités ? Et on s'aperçoit que le monde évolue sans vraiment évoluer. Ce sont des concepts, derrière l'histoire qui est racontée, il y a un soubassement, il y a un sous-texte très important qui parfois rejoint même la psychanalyse, comme le complexe d'Œdipe. Tout cela est passionnant pour un chorégraphe parce que le corps est toujours la caisse de résonance de toutes ces problématiques." 

Fidèle à son langage corporel, qu'il ne cesse d'enrichir – peut-on parler encore de néo-classique quand c'est tout simplement du Preljocaj – le chorégraphe multiplie les duos. Celui du Minotaure, aussi élégant que sauvage, rejoint les plus beaux pas de deux qu'il a composés.

Quand un ex-Daft-Punk met en musique "Mythologies", un ballet d'Angelin Preljocaj - le reportage de Thierry Fiorile

"Mythologies" d'Angelin Preljocaj et Thomas Bangalter au théâtre du Châtelet à Paris jusqu'au 5 novembre, puis en tournée.

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