Ryuichi Sakamoto rêve de "créer l'album idéal avant de mourir"
Immense star au Japon, ce pionnier de la musique électro-acoustique vient de signer l'orchestration originale d'une installation vidéo à la Fondation Cartier à Paris. Une œuvre réalisée par son complice le plasticien Shiro Takatani et présentée depuis samedi dans le cadre de l'exposition "Le grand orchestre des animaux".
"C'est la chorégraphie de minuscules créatures" aquatiques, explique à l'AFP à voix très basse, à peine audible, le musicien qui avait dû interrompre ses activités en 2014 à cause d'un cancer de la gorge. Avec Shiro Takatani, "nous travaillons ensemble depuis bientôt vingt ans", précise Ryuichi Sakamoto, qui évoque leur "collaboration sur les jardins japonais entamée il y a dix ans".
Entre autres installations, ils ont créé ensemble "Garden Live" en 2007, au sein du temple bouddhiste Daitoku-ji à Kyoto, ou "Forest Symphony" en 2013. Mais composer sur l'installation d'un plasticien "relève d'une conception totalement différente de celle d'un disque, d'un concert ou d'un film", souligne celui qui s'est vu décerner, avec deux autres compositeurs, l'Oscar de la meilleure musique de film pour "Le dernier empereur" de Bernardo Bertolucci en 1987. Un film dans lequel le musicien, un temps acteur, a également tenu un rôle.
Le regard cerclé de lunettes en écaille, sous une frange devenue blanche, Ryuichi Sakamoto avait été propulsé sur le devant de la scène grâce à son rôle d'officier japonais aux côtés de l'icône du rock britannique David Bowie, dans "Furyo" de Nagisa Oshima, en 1983. Il en avait aussi signé, avec David Sylvian, la bande originale et son titre mythique "Forbidden Flowers", récompensée par le BAFTA britannique de la meilleure musique de film.
"Longtemps sous le choc" après la mort de David Bowie
Le décès de David Bowie le 10 janvier l'a laissé "sous le choc, longtemps". "Il m'a fallu plus d'un mois et demi pour accepter la réalité de sa disparition, je n'y croyais pas", confie-t-il à l'AFP.Sakamoto vit à New York depuis de nombreuses années. "Je viens de Tokyo, mais c'est Kyoto qui me manque, et les belles facettes de la culture nippone". La sortie, il y a quelques mois, du film "The Revenant" d'Alejandro Gonzalez Inarritu avec Leonardo di Caprio, dont il a signé la bande originale, a permis à ses fans de renouer avec sa musique. Une composition pour laquelle il a été nommé aux Golden Globes de la meilleure musique de film.
"J'ai travaillé sur cette musique pendant six longs mois. D'habitude, il m'en faut deux maximum. Parfois quatre semaines suffisent", se souvient-il. "Ce fut terriblement difficile." "C'était tout juste après mon traitement, je n'étais pas complètement rétabli, j'avais encore le moral en berne, les conditions n'étaient pas idéales", ajoute-t-il. "D'autant que j'avais une autre musique de film en chantier", celle de "Nagasaki: memories of my son", du vétéran du cinéma japonais Yoji Yamada, qui donnera aussi lieu à un disque à l'automne chez Milan Music.
Sakamoto a également terminé au début 2016 la bande originale d'un long métrage du Coréen Lee Sang-il, "Anger", "un drame ultra violent". Le film et le disque sont attendus à la rentrée.
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