Festival d'Ambronay 2024 : le beau voyage musical entre France et Italie du jeune ensemble baroque La Mandorle

Les quatre musiciennes qui composent l'ensemble ont fait étape à Ambronay avant de partir en résidence dans des pays européens.
Article rédigé par Lorenzo Ciavarini Azzi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'ensemble La Mandorle au Festival d'Ambronay, le 15 septembre 2024. (BERTRAND PICHENE)

C'est l'une des particularités du Festival d'Ambronay dans l'Ain, programmer, parallèlement aux stars du baroque, de jeunes talents. Ainsi, dimanche 15 septembre à 11 heures, la salle Monteverdi était comble pour accueillir un ensemble encore inconnu – sans doute pas pour longtemps.

Son nom, La Mandorle, évoque en italien la forme en amande de la coquille du théorbe, ce grand luth baroque au long manche, instrument au cœur de l'ensemble, qui assure la basse continue, en lieu et place du clavecin habituel.

Musiques baroques de part et d'autre des Alpes

Essai transformé pour les quatre jeunes musiciennes (avec la théorbiste Élodie Brzustowski, il y a les sœurs Sors, Clotilde au violon et Camille au violoncelle, et Victoire Delnatte au hautbois), le coup de cœur est immédiat auprès d'un public familial emporté par l'incroyable énergie transmise.

Et par la bonne idée de programmation : un voyage dans le premier quart du XVIIIe siècle entre la France et l'Italie, deux pays qui, avant de s'opposer frontalement (vers 1750) pour leurs traditions musicales, s'inspirent mutuellement. C'est cet esprit-là que mettent en avant les musiciennes.

La théorbiste Élodie Brzustowski au Festival d'Ambronay, le 15 septembre 2024. (BERTRAND PICHENE)


Avec par exemple, cette joyeuse pièce de Louis Nicolas Clérembault, au croisement des influences. "Ça s'appelle La Félicité, on ne peut pas faire plus français comme titre, c'est présenté comme une sonate – à l'italienne, donc – et ressemble bien à une suite de danse à la française", explique Élodie Brzustowski.

"Le fait que tous les mouvements s'enchaînent sans s'arrêter, c'est très italien, mais les titres des mouvements sont mélangés : italiens (comme allegro ou piano) et français (lentement ou lent)". Vous nous suivez ?

Virtuosité italienne

Sur scène, le voyage est commenté et expliqué par les instrumentistes avec sens de la transmission et un peu de légèreté. Nous voici en Italie, cette fois, avec une pièce de jeunesse de Vivaldi peu connue – la Sonate en trio RV 820 –, où la violoncelliste et la violoniste (les deux sœurs) s'affrontent avec fougue dans une joute savoureuse, surtout dans les mouvements allegro et presto.

"Là, c'est complètement italien, très virtuose, avec beaucoup d'ornementation. Il y a beaucoup de place pour le violoncelle, un instrument né en Italie et à ce moment précis, pas très fréquent en France", nous dit Élodie Brzustowski, qui nous parle en porte-parole de l'ensemble. Le public en redemande.

Un autre instrument nous ramène dans l'Hexagone, ce fameux théorbe rarement mis en avant dans une partie solo (car il sert le plus souvent pour la basse). Le jeu en vaut la chandelle dans ce joli prélude d'une suite de Robert de Visée, autrefois célèbre musicien et prof de guitare de Louis XIV. Transcrite par les musiciennes de La Mandorle (toutes diplômées pour l'enseignement) pour basse et deux dessus (le violon et le hautbois) au lieu d'un seul, la suite s'est ainsi quelque peu "italianisée".

Comprenez agrémentée de virtuosité : celle-là même qu'on retrouve dans le dernier morceau proposé, une sonate en trio en sol mineur de Haendel, vibrant dialogue entre le violon et le hautbois. Chaleur et gaité. On sait que le musicien allemand, qui fit une grande partie de sa carrière à Londres, fut largement marqué par son séjour à Rome, influencé notamment par Corelli.

Horizon européen

"Ça montre bien la circulation des idées à travers toute l'Europe", conclut Élodie Brzustowski. L'ensemble La Mandorle a été invité à se produire au Festival d'Ambronay après avoir réussi en avril, dans ces mêmes lieux, les auditions du programme européen "S-eeemerging" pour les formations émergentes. L'aventure européenne peut commencer pour les quatre musiciennes.

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