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Concert du Nouvel An : Riccardo Muti en parfaite symbiose avec le Philharmonique de Vienne

C'est plus qu'un simple concert de nouvel an : une institution, le concert le plus populaire de l'année. Protagoniste, le Philharmonique de Vienne, formation d'excellence, dirigé pour la cinquième fois dans ce cadre par le chef italien Riccardo Muti qui fut 20 ans à la Scala. Leur entente parfaite a su valoriser un patrimoine extrêmement ancré dans la tradition viennoise. A revoir sur Culturebox.
Article rédigé par Lorenzo Ciavarini Azzi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Riccardo Muti dirige l'Orchestre philharmonique de Vienne lors du Concert du Nouvel An le 1er janvier 2018.
 (HANS PUNZ / APA / AFP)

Concert organisé chaque année depuis 1939, c'est devenu un événement international en 1958, depuis qu'il est diffusé dans le monde. Aujourd'hui le Concert du Nouvel An de Vienne dans l'écrin des ors du Musikverein est suivi par quelque 50 millions de téléspectateurs dans près de 90 pays. Sur place, les tickets sont une denrée si rare (et chère, jusqu'à 1000 euros la place) qu'ils doivent être attribués par tirage au sort un an à l'avance. Dans la salle, parmi les hôtes de marque, le tout nouveau premier ministre autrichien Sebastian Kurz, son homologue néerlandais Mark Rutte, le président d'Estonie, ainsi que celui de Bulgarie.

Rituel immuable

Question répertoire, ne vous attendez pas à quelque folie que ce soit. Le concert du Nouvel an de Vienne est un rituel presque immuable, sorte de grand hommage à la dynastie Strauss, même si chaque année le programme offre un regard sur d'autres compositeurs, cette fois Franz von Suppe (souvent présent néanmoins) et surtout le Slovaque Alphons Czibulka, moins connu. Mais on ne s'écarte jamais de l'esprit festif viennois de rigueur, celui qui réhabilite la légèreté de l'opérette et surtout des danses, valses, polkas, galops et autres marches.

Tradition également, l'orchestre philharmonique de Vienne, le fameux Wiener Philhamoniker, a choisi – comme cela se fait de coutume – un chef qui le connaît bien, pour l'avoir dirigé (en dehors de cette occasion) plus de 500 fois depuis 1971, Riccardo Muti. Cinquième concert du Nouvel An depuis 1993 pour ce chef de 76 ans extrêmement réputé (un astéroïde a même pris son nom), qui a dirigé la Scala de Milan vingt ans durant.

Belle complicité

Le son des cuivres a signé le début du concert avec une opérette à grand succès, festive et légère à souhait de Johann Strauss fils, la "Marche du Baron Tsigane", suivie d'une œuvre plus sensible, une valse de son frère cadet, Josef. Dès le duo des polkas de Johann Strauss fils, l'une lente, dite française, presque aérienne, et l'autre rapide, portée par les percussions et les violons, la complicité de Riccardo Muti avec l'orchestre se fait jour.
Riccardo Muti dirige l'Orchestre philharmonique de Vienne le 1er janvier 2018. 
 (HANS PUNZ / APA / AFP)
Mieux : avec le galop de "Guillaume Tell" œuvre parmi les connues au monde de Strauss père, le chef italien, d'apparence austère, parfois même sévère, esquisse des sourires puis se déchaîne à la baguette entraînant le Wiener avec lui.   

La deuxième partie du concert après l'entracte commence avec la très belle ouverture de "Boccaccio" de Franz von Suppé, compositeur qui fut l'un des plus grands promoteurs de l'opérette viennoise. La harpe sonne le début d'un autre "tube", la valse des "Fleurs de myrthe" de Johann Strauss fils, avant une nouvelle mélodie nuptiale, signée cette fois Czibulka.

Décor Art Nouveau

A l'écran, sur les notes du Slovaque, le chorégraphe italien Davide Bombana a installé son ballet dans un haut lieu de l'architecture Art nouveau viennoise, la station de métro d'Otto Wagner, dans le quartier de la Secession. Original et convaincant. Plus attendu, le château d’Eckartsau, une ancienne résidence impériale, a abrité les solistes du Ballet de l'Opéra qui ont dansé sur la valse de Strauss, "Les Roses du sud". Des images parfaitement en phase avec la tradition du concert, comme celles de la porcelaine autrichienne, celle de la splendide Bibliothèque nationale de Vienne installée dans le Palais impérial, ou encore celles de la ville de Vienne, du Danube et de la campagne environnante.
Le Musikverein, magnifique et immuable écrin du Concert du Nouvel An de Vienne, ce 1er janvier 2018.
 (HANS PUNZ / APA / AFP)
Johann Strauss fils à l'honneur sur une batterie de morceaux de référence : la polka rapide des "Balles magiques" (balles de pistolet s'entend, les coups de tambour ponctuent le morceau), une "Marche de fête", une langoureuse polka-mazurka ("Ville et campagne") en trois temps, et un quadrille, arrangement assez original de thèmes d'opéra, ici du "Ballo in Maschera" de Giuseppe Verdi : Riccardo Muti plus que jamais sur ses terres. Et avant cela, un moment de grâce : les "Contes de la forêt viennoise", l'un des chefs d'œuvre de Strauss, grande valse de concert s'il en est. Atmosphère bucolique de ce poème symphonique dédié à la campagne autrichienne (que l'on voit à l'écran avec de jolies images des vignes autour de la Chapelle de Sissi). Muti et son orchestre s'effacent alors quelques instants pour faire entendre le très joli son de la cithare (jouée par une musicienne en robe traditionnelle) qui apporte une couleur champêtre à la valse.

Un finale si attendu

Ajoutez une dernière polka rapide de Josef Strauss et une autre de son frère Johann ("Sous les éclairs et les tonnerres", tonnerres que l'on entend à merveille, force percussions), l'heure est au finale après la remise du bouquet… et les vœux dits par le chef et son orchestre, comme le veut la tradition. Riccardo Muti aura réussi une fois de plus à créer une symbiose parfaite avec le Wiener, l'entraînant dans un contenu Beau Danube Bleu (les images de la vallée du Danube à l'automne, puis sous la neige sont d'une très grande beauté), puis dans une "Marche de Radetzky" de Strauss père également parfaitement maîtrisée, et soutenu comme il se doit par les battements de main du public : et gare aux spectateurs qui ne respectent pas la bonne cadence !

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