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Victoires de la musique classique : la consécration pour la mezzo-soprano Marina Viotti et un 5e trophée pour le pianiste Bertrand Chamayou

Les 30es Victoires de la Musique Classique ont célébré, mercredi soir à Dijon, la "génération Victoires", décernant à la mezzo-soprano Marina Viotti le titre d'artiste lyrique de l'année et au pianiste Bertrand Chamayou celui de soliste instrumental. Le chef Raphaël Pichon a été récompensé pour le meilleur enregistrement.
Article rédigé par Lorenzo Ciavarini Azzi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
La mezzo-soprano Marina Viotti aux Victoires de la musique classique le 1er mars 2023. (JEFF PACHOUD / AFP)

"La musique n'a pas de frontières", a déclaré la Franco-Suissesse Marina Viotti en recevant son trophée d'artiste lyrique de l'année : "Ça signifie beaucoup pour moi la reconnaissance de mon pays", a-t-elle également exprimé. C'est assurément l'un des moments forts de la 30e cérémonie des Victoires de la Musique Classique, retransmise en direct depuis l'Auditorium de Dijon, mercredi 1er mars sur France 3 et France Musique.

Le sacre de Bertrand Chamayou

Son rire est franc, mais l'émotion l'emporte rapidement. "Je suis tellement touchée, ce prix est très spécial pour moi". La mezzo-soprano qui a commencé le chant lyrique à Vienne en 2011, s'est rapidement imposée sur la scène internationale dans des rôles exigeants, tels que Rosina (Le Barbier de Séville) au Bolchoï et à l'Opéra du Rhin, La Périchole au Théâtre des Champs-Elysées, Alceste à l'Opéra de Rome... Elle effectuera cette saison ses premiers pas à l'Opéra Bastille sous les traits de Stéphano dans Roméo et Juliette de Gounod. Face au public des Victoires, ce mercredi, Marina Viotti a interprété, très habitée, le magnifique air de Samson et Dalila de Saint-Saëns, Mon cœur s'ouvre à ta voix.

L'autre trophée très attendu était celui du soliste instrumental de l'année, attribué à Bertrand Chamayou qui le disputait au violoniste star Nemanja Radulovic et à la violiste de gambe Lucile Boulanger. "C'est un immense bonheur après les quatre Victoires déjà reçues", a-t-il déclaré, très ému. Le pianiste multiple au vaste répertoire, aussi bien chambriste que grand défenseur de la musique contemporaine, demeure un invité convoité des illustres festivals de Lucerne, Édimbourg, Salzburg et la Roque d'Anthéron, ou encore du Mostly Mozart à New York, du Beethovenfest Bonn et du Klavier-Festival Ruhr.

Des révélations attendues

La catégorie Enregistrements était cette année soumise au vote du public, une nouveauté pour cette 30e édition. On y a retrouvé de très grandes figures du classique : Bertrand Chamayou - encore lui -, le pianiste Alexandre Kantorow et le chef Raphaël Pichon. C'est ce dernier qui a remporté la Victoire, avec son ensemble Pygmalion pour l'enregistrement de la Passion selon Saint-Mathieu de Bach (Harmonia Mundi). "C'est une œuvre qui peut changer des vies", a dit Raphaël Pichon, saluant la faculté de Bach "à apprendre à écouter". "C'est une musique qui dit l'unique dans un monde qui change", a-t-il conclu. Enfin, Fabien Waksman a reçu le trophée de compositeur pour son œuvre L'Île du temps, concerto pour accordéon et orchestre symphonique

Quant aux révélations, toujours très attendues, la soprano Alexandra Marcellier qui a remarquablement interprété un air d'Idoménée de Mozart durant la soirée, a été couronnée dans la catégorie artiste lyrique, Lucie Leguay, ex-aequo avec Victor Jacob, l'a été comme chef d'orchestre, et le violoncelliste Aurélien Pascal en tant que soliste instrumental. Les deux derniers ont d'ailleurs fait vivre, ensemble, avec l'orchestre, un très beau moment musical interprétant une œuvre de Max Bruch, Kol Nidrei, une prière juive d'une grande délicatesse, presque susurrée par le violoncelle de Victor Jacob. 

Des moments artistiques forts

La cérémonie des Victoires, présentée par Stéphane Bern (avec l'intervention depuis les coulisses du journaliste de France Musique Clément Rochefort) et mise en musique par l'Orchestre Dijon Bourgogne dirigé par la grande cheffe Débora Waldman, a été ainsi émaillée de moments artistiques forts. A commencer par la performance dansée d'ouverture, signée par Mehdi Kerkouche, issu du hip-hop, mais très marqué par le classique. Sur la musique des Indes Galantes de Rameau, le chorégraphe a placé ses danseurs à travers les vastes espaces de l'Opéra de Dijon, halls, couloirs, ascenseurs, pour des déambulations et des mouvements à la fois dynamiques et d'une grande poésie.

Sur le plateau de l'Auditorium, avant même le début de la cérémonie, le contre-ténor star Jakub Józef Orliński a rejoint les danseurs non pour chanter, mais pour un numéro de breakdance, comme il a coutume de faire. Cette fois la musique était de Vivaldi, jouée par l'ensemble Matheus, dirigé par Jean-Christophe Spinosi. Plus tard, il a interprété avec eux un émouvant (et violent) passage de l'opéra L'Olimpiade de Vivaldi. On n'oubliera pas les performances pianistiques d'une grande virtuosité de Bertrand Chamayou - la Toccata du Tombeau de Couperin de Ravel - et d'Alexandre Kantorow - l'étonnante tarantelle du 2e Concerto de Saint-Saëns - ainsi qu'une relecture originale de Bach à l'accordéon par Théo Gould, qui était nommé dans la catégorie Révélation soliste instrumental. Sa transcription du Concerto pour clavecin et orchestre en ré mineur (premier mouvement) de Bach exprimait toute la vivacité du clavecin en offrant la richesse instrumentale de l'accordéon. 

Enfin, autre surprise proposée par les Victoires classiques, l'interprétation par la soprano Faustine de Monès avec le Quatuor Ardeo, d'une pièce contemporaine de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, La soprano a ému l'auditoire par ses aigus ensorcelants dialoguant avec les notes graves du quatuor à cordes. 

Liste complète des Victoires de la musique classique 2023


Victoire Soliste instrumental : Bertrand Chamayou, piano

Victoire  Artiste lyrique : Marina Viotti, mezzo-soprano

Victoire  Compositeurs : Fabien Waksman - L’île du temps, concerto pour accordéon et orchestre symphonique (CD Warner Classics J’ai deux amours)

Victoire Enregistrement : Matthäus-Passion, Johann-Sebastien Bach -Pygmalion, Raphaël Pichon, S. Devieilhe, L. Richardot S. Degout - Harmonia Mundi

Victoire Révélation soliste instrumental : Aurélien Pascal, violoncelle 

Victoire  Révélation artiste lyrique : Alexandra Marcellier, soprano

Victoire Révélation Chef d’orchestre : ex-aequo Victor Jacob et Lucie Leguay

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