Souchon et Voulzy, un album en commun pour cimenter 40 ans de complicité
Même amour de la Bretagne et de Simon & Garfunkel, même jeunesse dans le mouvement catholique des "Coeurs vaillants", même distanciation amusée avec le star-system... C'est l'une des collaborations les plus fructueuses de la chanson française. Depuis 1974, Voulzy a régulièrement composé des musiques pour Souchon ("Allô maman bobo", "Bidon", "La ballade de Jim") et ce dernier a offert plusieurs textes à son camarade ("Rockollection", "Le soleil donne", "Le pouvoir des fleurs").
Souchon: "Je le trouvais mystérieux"Leur collaboration a débuté en 1974 après une rencontre orchestrée par le directeur artistique Bob Socquet: "J'avais fait des chansons un peu ridicules, il me fallait un arrangeur. Ils m'ont proposé un chanteur en me disant: +ça ne marche pas non plus pour lui, par contre, c'est un excellent musicien, il pourrait te faire des arrangements super+", explique Alain Souchon à l'AFP.
"On s'est donc mis à travailler ensemble et on a fait +J'ai 10 ans+. Et de deux chanteurs qui pataugeaient dans la semoule, on s'est retrouvé avec une chanson qui était au hit-parade! Alors on en a fait une autre, et puis une autre. Je le trouvais mystérieux, avec lui ça marchait, alors que quand je faisais tout seul ça ne marchait pas!", poursuit-il. "Du coup, évidemment, on s'est revu. Et en plus on s'entendait bien. Comme moi, il aimait la nature, il avait été Coeur Vaillant, il aimait les jolies filles. Etre chanteurs, ça nous fascinait mais ça nous faisait un peu rire. On n'est pas tombés dans les pièges de la grosse tête ou de mettre des manteaux en fourrure!"
Voulzy : "On y pensait depuis dix ans"
"On a eu de la chance de se rencontrer", confirme à ses côtés Laurent Voulzy. "Après les premières chansons pour Alain, on en a fait une pour moi, c'était +Rockollection+ (1977), et ça a marché aussi! On est toujours heureux de se retrouver. On est voisins en Bretagne, mais finalement on ne se voit pas tant que ça."
"Cet album en commun, on y pense depuis dix ans, mais on avait des choses à faire chacun de notre côté. Peu à peu, on a commencé à se réserver des périodes au milieu de nos enregistrements et de nos tournées respectives, et on a commencé à écrire en 2009". "On a toujours aimé chanter ensemble, pour le plaisir", ajoute Voulzy, qui se souvient notamment du plaisir qu'il avait eu à reprendre avec son complice "The 59th Street Bridge Song", de Simon & Garfunkel, un duo qu'adore Souchon, dans un album de reprises paru en 2006. Un album voyageur
"On a écrit dans plusieurs endroits, en Angleterre, dans le Perche, dans le Blésois, au bord de la Marne près de Paris et beaucoup dans le sud de la France, notamment devant un endroit qui s'appelle la Baie des fourmis", à Beaulieu-sur-mer (Alpes-Maritimes) explique Laurent Voulzy. "On a d'ailleurs pensé appeler l'album La Baie des fourmis (l'un des titres du disque) ou Beaulieu et puis on a finalement décidé de l'appeler Souchon & Voulzy ".
Il est questions de périples - au-dessus de l'Atlantique sud avec Antoine de Saint-Exupéry ou sur la Manche entre Ouistreham et Portsmouth - et de paysages d'Ile-de-France, de Bretagne ou du Midi dans ce disque voyageur qui allie les atmosphères rêveuses de Voulzy à la poésie faussement naïve de Souchon. Les ex-scouts s'offrent aussi deux morceaux a capella dont une adaptation du traditionnel "Ils étaient trois garçons". Le goût d'Alain Souchon pour la chronique sociale s'invite, lui, sur le titre "Oiseau malin", qui invite les "monarques" et les "financiers", enfermés dans leurs palais, à prendre "garde à ceux qui n'ont rien/Qu'on a laissés au bord du chemin".
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