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Quand Léo Ferré achetait une île au large de la Bretagne
En 1960, Léo Ferré acquiert en Bretagne un îlot sur lequel est bâti un ancien fort qui date de 1026. La maison a bien sûr évolué au fil des siècles, Léo Ferré y habitera régulièrement jusqu'en 1968 avec sa femme Madeleine et sa chimpanzée Pépée. C'est là qu'est né l'un des chefs-d'oeuvre de Ferré, "La mémoire et la mer". Les nouveaux propriétaires y organisent des résidences artistiques.
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Reportage : G. Le Morvan / G. Coquil
C'est une île à temps partiel. Un îlot minuscule relié à la terre ferme à marée basse et isolé le reste du temps, à quelques dizaines de mètres de la plage. Mais pour Léo Ferré, c'est SON île ! En 1960, quand il achète l'îlot Du Guesclin grâce à une avance de la Sacem sur ses droits d'auteur, la maison qui s'y dresse ne dispose d'aucune commodité, ni eau douce ni électricité. Léo réalise pourtant un rêve presque aussi vieux que lui. C'est là que le chanteur monégasque (nationalité de naissance et non de commodité fiscale) vient s'isoler en famille avec sa femme Madeleine, sa belle-fille et Pépée, sa femelle chimpanzé traitée comme un membre à part entière de la tribu Ferré. C'est là aussi, on l'imagine à la lueur de chandelles, qu'il composera et écrira l'un des monuments de son oeuvre, "La Mémoire et la Mer". Celui qui se considérait comme un musicien avant de s'accepter poète ne se lance pas dans une épopée hugolienne. D'ailleurs, là où Victor invoquait le masculin océan, Léo s'adresse à la mer, la féminine. L'insulaire forcé de Guernesey y aurait chanté la force et la puissance des éléments. L'exilé aurait admiré la grandeur de la geste des hommes partant courageusement les affronter comme on se lancerait, tout petit, à l'assaut de Dieu. Ferré, lui, se raconte une fois encore, et raconte la femme. Il mêle de manière très lyrique l'évocation d'épisodes de sa vie, même microscopiques, et les sentiments qui l'envahissent face à la mer. Il faudrait disposer d'un décodeur spécialement conçu et branché sur la pensée Ferré pour en comprendre la moindre allusion. Il faudrait tout savoir de sa vie pour saisir le sens de chaque image de ce texte foisonnant. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Il suffit sans doute d'écouter Ferré, de l'imaginer sur son rocher, face à la mer comme il l'avait été, enfant, depuis le rocher de Monaco, et se laisser aller aux images que suscite sa voix chaude et hypnotique. Entre Saint-Malo et Cancale
En 1993, Léo Ferré est mort. Le 14 juillet. Trois ans plus tard, l'îlot Du Guesclin a été vendu par ses héritiers. Mais le souvenir n'a pas disparu pour autant. Les nouveaux propriétaires y organisent des ateliers d'artistes. Pour l'instant, c'est la chanson qui est évidemment invitée, mais il n'est pas exclu que d'autres arts y soient conviés. L'îlot Du Guesclin est situé sur le territoire de la commune de Saint-Coulomb, en Ille-et-Vilaine, entre Saint-Malo et Cancale.
C'est une île à temps partiel. Un îlot minuscule relié à la terre ferme à marée basse et isolé le reste du temps, à quelques dizaines de mètres de la plage. Mais pour Léo Ferré, c'est SON île ! En 1960, quand il achète l'îlot Du Guesclin grâce à une avance de la Sacem sur ses droits d'auteur, la maison qui s'y dresse ne dispose d'aucune commodité, ni eau douce ni électricité. Léo réalise pourtant un rêve presque aussi vieux que lui. C'est là que le chanteur monégasque (nationalité de naissance et non de commodité fiscale) vient s'isoler en famille avec sa femme Madeleine, sa belle-fille et Pépée, sa femelle chimpanzé traitée comme un membre à part entière de la tribu Ferré. C'est là aussi, on l'imagine à la lueur de chandelles, qu'il composera et écrira l'un des monuments de son oeuvre, "La Mémoire et la Mer". Celui qui se considérait comme un musicien avant de s'accepter poète ne se lance pas dans une épopée hugolienne. D'ailleurs, là où Victor invoquait le masculin océan, Léo s'adresse à la mer, la féminine. L'insulaire forcé de Guernesey y aurait chanté la force et la puissance des éléments. L'exilé aurait admiré la grandeur de la geste des hommes partant courageusement les affronter comme on se lancerait, tout petit, à l'assaut de Dieu. Ferré, lui, se raconte une fois encore, et raconte la femme. Il mêle de manière très lyrique l'évocation d'épisodes de sa vie, même microscopiques, et les sentiments qui l'envahissent face à la mer. Il faudrait disposer d'un décodeur spécialement conçu et branché sur la pensée Ferré pour en comprendre la moindre allusion. Il faudrait tout savoir de sa vie pour saisir le sens de chaque image de ce texte foisonnant. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Il suffit sans doute d'écouter Ferré, de l'imaginer sur son rocher, face à la mer comme il l'avait été, enfant, depuis le rocher de Monaco, et se laisser aller aux images que suscite sa voix chaude et hypnotique. Entre Saint-Malo et Cancale
En 1993, Léo Ferré est mort. Le 14 juillet. Trois ans plus tard, l'îlot Du Guesclin a été vendu par ses héritiers. Mais le souvenir n'a pas disparu pour autant. Les nouveaux propriétaires y organisent des ateliers d'artistes. Pour l'instant, c'est la chanson qui est évidemment invitée, mais il n'est pas exclu que d'autres arts y soient conviés. L'îlot Du Guesclin est situé sur le territoire de la commune de Saint-Coulomb, en Ille-et-Vilaine, entre Saint-Malo et Cancale.
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