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Oly Sancho : "On n'a pas perdu l'essentiel" ou quand Jacques Brel rencontre Bob Dylan

Oly Sancho écrit, compose et chante du folk dans la langue de Molière, à la croisée de la chanson française et de la musique nord-américaine. Il vient de sortir un album de ses anciennes compositions réarrangées.

Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La pochette du dernier album "On n'a pas perdu de vue l'essentiel" (Bertrand Ricciuti / Capt'n Super.fr)

Originaire de Lorraine, Oly Sancho a débuté sa carrière solo il y a dix ans et a déjà sorti quatre disques : Sancho (2009), Le coeur en grève (2011), Bonheur et circonstances (2014) et Encouragement à la vie (2017). Pour célébrer cette décennie, il reprend 11 chansons extraites de ces quatre albums, réarrangées dans de nouvelles versions, plus acoustiques, avec guitares, harmonica, banjo, violoncelle, lapsteel et batterie.

Le titre de ce nouvel opus On n'a pas perdu de vue l'essentiel indique clairement la volonté de revenir à l'essence même des chansons, de n'en garder que la substantifique moelle. Et ce côté épuré vient justement des arrangements sur scène.

Le nord  : un pont entre la France et l'Amérique

Certains textes parlent du quotidien de ces personnes de la classe ouvrière, un peu à l'instar d'un Bruce Springsteen de l'autre côté de l'Atlantique. On pense aux villes de Gandrange ou Florange, ce bassin industriel sinistré, heureusement en renaissance, mais qui fait aussi echo à des images similaires en Amérique du Nord.

Je suis de là. Cette terre, ce monde ouvrier sont en moi. J'ai échappé à l'usine, et même si j'avance en lui tournant le dos, ses ruines me rappellent toujours d'où je viens

Oly Sancho

La place de l'homme dans son territoire, le rapport à la terre, mais aussi la révolte sociale, les errances à travers les grands espaces, autant de thèmes propres à la culture folk qui ont inspiré le jeune songwriter et émaillent des chansons fortes et concernantes.

Un mélange de deux cultures musicales

Adolescent, le jeune Lorrain écrit de la poésie et, dans le même temps, joue dans des groupes reprenant des morceaux anglo-saxons. Et puis vers vingt ans, le déclic : "c'était normal de réunir ça". Ses influences de la chanson française à texte (Brel, Ferré...) prennent alors une autre dimension en s'embellissant des couleurs musicales propres à Bob Dylan, Neil Young ou encore Mark Knopfler dont on oublie souvent le songwriting inspiré, notamment durant sa carrière solo.

Une façon de chanter "à la Brel, clair, droit, où chaque mot est prononcé avec du caractère, et assumé" qui s'harmonise parfaitement avec des orchestrations à la Dylan. Une manière de réunir "ces deux révolutionnaires dans la chanson, chacun dans sa langue". Et le mariage est plus que réussi. Les instruments épousent la voix et relèvent l'intensité des textes.

Ce que j'aime chez Ferré, chez Brel, ou chez Dylan, c'est ce côté franc dans la voix

Oly Sancho

Pour les reprises de morceaux de ses quatre albums précédents, Oly Sancho a donc travaillé sur de nouveaux arrangements. L'interprète a souhaité remettre l'auteur-compositeur en valeur et affirmer encore un peu plus ses textes et sa voix. D'où une orchestration plus épurée qui fait la part belle aux instruments acoustiques : guitare folk bien sûr, mais aussi harmonica, banjo, et surtout violoncelle. Une volonté de "redescendre un peu" et de laisser respirer les chansons. Même si quelques touches de guitare électrique et de percussions viennent étoffer l'ambiance, on reste dans une atmosphère plus intime que les premières versions qui affichaient un son clairement rock.

Une formation variable sur scène

Au départ, les morceaux ont été retravaillés en duo, avec Hervé Mehl au violoncelle. C'est sous cette formule qu'Oly Sancho se produit le plus souvent en ce moment. Puis sont venus se rajouter Barelau à la guitare électrique et la lapsteel (guitare d'origine hawaïenne que l'on joue en "slide" à plat sur les genoux, très présente dans la counttry et le folk) et Gauthier Georges à la batterie. Lorsque les salles le permettent, c'est donc en quatuor que le chanteur présente ses chansons, avec un son à mi-chemin entre l'acoustique et l'électrique. 

Un artiste à découvrir à la fois sur scène et sur disque, l'intensité de l'interprétation étant toujours au rendez-vous.

Les prochaines dates de concerts d'Oly Sancho (à retrouver sur son site) :
- 22 juin : Metz
- 13 juillet : Remich (Luxembourg)
- 13 septembre : Thionville
- 4 octobre : Metz

La pochette du dernier album "On n'a pas perdu de vue l'essentiel" (Bertrand Ricciuti / Capt'n Super.fr)

Oly Sancho - On n'a pas perdu de vue l'essentiel - Sorti le 22 mai (autoproduit, disponible sur le site officiel)

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