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Le combat de l'unique héritier de Charles Trenet

Georges El Assidi, 52 ans, qui fut le secrétaire et ami le plus proche du "fou chantant" disparu en 2001, se dit ruiné. Il bataille en justice pour "sauver le patrimoine" de l'auteur de "La mer" et "Douce France".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Georges El Assidi, entouré des souvenirs de Charles Trenet, chez lui à Nogent-sur-Marne (2/8/2012)
 (AFP / Pierre Verdy)

Dernier épisode de l'imbroglio judiciaire autour de la succession depuis une décennie : deux mandats d'arrêt internationaux lancés par un juge d'instruction parisien contre deux responsables d'une société danoise, le Français Maurice Khardine et l'avocat danois Johan Schlüter. L'héritier du chanteur les accuse de l'avoir escroqué quand il a voulu leur confier la gestion de son patrimoine en 2006.

L'héritier de Trenet vit du RSA
"Je me débrouille avec le RSA, je suis logé à titre gratuit. Ce sont des amis qui me nourrissent... Je me bats pour récupérer mes biens", explique Georges El Assidi à l'AFP, entouré de ses trois chiens Pinscher nains. Dans la maison de deux pièces que lui prête une amie à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), sont omniprésents les souvenirs de Charles Trenet, mort le 19 février 2001, à 87 ans, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil.


"L'âme des poètes"

Sur un mur de la pièce qui sert de salon, bureau et chambre à coucher, "Charles" apparaît bébé, au côté d'un télégramme de 1967 lui annonçant que le Grand Prix de l'Académie Charles Cros lui a été décerné. En face, une multitude de photos de clichés de Trenet : devant la Tour Eiffel, avec des lunettes noires, devant une plage... Sur une autre photo, Dalida pose sa tête sur son épaule. Dans dautres photos, Trenet apparaît avec Edith Piaf, Charles Aznavour, Michel Polnareff, Johnny Hallyday...

Georges El Assidi a rencontré Charles Trenet en 1979. Apprenti boulanger, il  s'est rendu avec un ami à la villa du chanteur à Nogent-sur-Marne, pour lui demander une dédicace. Son idole lui a demandé alors de l'aider à s'occuper de sa mère, mourante. "Après mon service militaire, je voyage avec Charles partout. Moi qui n'avais pas de famille, c'était comme un grand frère et un père", raconte Georges El Assidi. Le chanteur décide de léguer l'ensemble de son patrimoine à celui qui est devenu son secrétaire particulier.


"Que reste-t-il de nos amours ?"


Il a cédé l'essentiel du patrimoine à deux dirigeants d'une société danoise
En 2006, Georges El Assidi, déjà endetté, accepte de confier le patrimoine du chanteur à Maurice Khardine, qu'on lui présente comme "un grand banquier danois". Il lui cède la villa historique de Charles Trenet  à Antibes sur la Côte d'Azur, une maison à Aix-en-Provence et les "bibelots" de l'artiste, parmi lesquels les tableaux peints par Trenet  et ses partitions, le tout pour environ 4,5 millions d'euros, une somme dont il affirme n'avoir rien touché en contrepartie. L'avocat de Maurice Khardine et de Me Schlüter (autre dirigeant de la société danoise), Me Claude Debooser-Lepidi, a jugé "ahurissant" le lancement des mandats d'arrêt internationaux contre ses clients. La justice danoise doit aussi se prononcer.

Plusieurs procédures, notamment avec la famille Trenet
En attendant, les droits d'auteur de l'artiste, compris dans la transaction et estimés à plus de 300.000 euros par an, ont été placés sous séquestre. La villa d'Antibes, que Georges El Assidi affirme avoir rénovée, est aujourd'hui une "épave". "Mon voeu, c'est de sauver le patrimoine", affirme l'héritier, qui a dû aussi affronter la famille de son "poète favori" devant les tribunaux. Lucienne et Wulfran Trenet , soeur et neveu de l'artiste, ont déposé en 2008 et 2009 des plaintes contre lui pour abus de faiblesse, mais aucune n'a abouti. En 2011, ils l'ont assigné au civil pour demander la nullité du testament. Toujours sans succès.

D'autres procédures sont en cours. Le tribunal correctionnel de Grasse doit ainsi se prononcer sur le sort d'objets, piano, billard, bibelots et tableaux de la villa du chanteur. Mais "la bête n'est pas encore morte", assure à l'AFP Georges El Assidi.


"La mer"

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