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Juliette Greco va faire ses adieux à la scène

Juliette Greco a annoncé jeudi sur RTL qu'elle allait faire ses adieux au public : la muse de Saint-Germain-des-Prés quittera la scène après une dernière tournée en avril.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture
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Juliette Greco en 2013 à Paris
 (Patrick Kovarik / AFP)

La chanteuse, âgée de 87 ans, a déclaré à RTL : "Je ne repars pas sur les routes. Je n'ai jamais vraiment arrêté mais ce qui me pousse, c'est le temps qui passe et que je vais entamer ma dernière tournée."
 
"Quand je suis sur scène je ne suis pas fatiguée du tout. Je vais avoir 88 ans dans dix jours, je ne voudrais pas donner le spectacle d'une vieille femme qui s'accroche", a-t-elle expliqué. "C'est très dur, c'est très compliqué pour moi, c'est très douloureux. Il faut savoir partir joliment", a-t-elle ajouté.
 
Juliette Greco annonce que, pour ses derniers concerts, elle chantera "beaucoup de Brel, beaucoup de Gainsbourg, beaucoup de Ferré, de tous ces gens que j'aime, mes débuts et mes trésors".
 
Dans le cadre de cette tournée baptisée "Merci", elle fera l'ouverture du Printemps de Bourges, le 24 avril.

Les premiers succès de Greco signés Queneau ou Desnos

A la fin des années 1940, Raymond Queneau et Jean-Paul Sartre signent les premiers succès de Juliette Greco au cabaret "Le Tabou" : "Si tu t'imagines..." et "La Rue des Blancs-Manteaux". Elle chantera aussi Robert Desnos, Jacques Prévert, Bertolt Brecht, Boris Vian, Françoise Sagan, Charles Aznavour ("Je hais les dimanches", Grand prix de la Sacem 1951), Léo Ferré ("Jolie môme"), Guy Béart ("Qu'on est bien", "Il n'y a plus d'après"), Serge Gainsbourg ("La Javanaise", "L'Accordéon"), Georges Brassens.

Après d'autres cabarets mythiques ("La Rose rouge", "Le Boeuf sur le toit"...), c'est la consécration à l'Olympia en 1954 puis à New York. Juliette  Greco devient alors un symbole de la chanson française à travers le monde.
   
Du théâtre à la chanson

Aux Etats-Unis, son compagnon, le producteur américain Darryl Zanuck, la fait jouer dans "Bonjour tristesse", d'Otto Preminger (1958), "Les Racines du ciel", de John Huston (1958), "Drame dans un miroir", de Richard Fleischer (1960).

Revenue à Paris, Juliette Greco se consacre à la chanson. "Déshabillez-moi", un de ses plus grands succès, est enregistré en 1968.

Célèbre pour son interprétation de Belphégor en 1965, dans le feuilleton télévisé éponyme, la chanteuse de la Rive gauche était apparue sur les planches dès 1945 dans "Victor ou les enfants du pouvoir" et au cinéma, en 1949, dans "Orphée", de Jean Cocteau.

Née le 7 février 1927 à Montpellier, elle est élevée très jeune par ses grands-parents, à Bordeaux, après la séparation de ses parents.
   
Une femme libre et engagée

Dans son autobiographie "Jujube" (1983, Stock), d'après son surnom d'enfance, elle raconte comment, après l'arrestation de sa mère, résistante, elle est incarcérée une dizaine de jours à Fresnes en 1943 avec sa soeur aînée. Sa mère et sa soeur seront déportées à Ravensbrück mais en réchapperont.

Ce drame en fera une femme libre et engagée qui, en 1981, lors d'un spectacle au Chili devant des notables du régime d'Augusto Pinochet, n'interprètera que des chansons interdites. Elle sera reconduite à l'aéroport manu militari dès l'issue du concert.
   
La gloire ne la quitte pas et, en 2004, un an après son album ("Aimez-vous les uns les autres") et 50 ans après son premier passage, elle retrouve l'Olympia.
  
Des disques avec de jeunes musiciens

En juillet 2005, elle est l'invitée d'honneur des Francofolies à La Rochelle et, en février 2007, pour son 80e anniversaire, elle retrouve son public au Théâtre du Châtelet à Paris. En août 2013, à 86 ans, elle chante encore au Festival de Ramatuelle.
   
Ces dernières années, Juliette Greco a enregistré des disques avec les nouvelles générations d'auteurs dont Miossec, Benjamin Biolay, Olivia Ruiz ou Abd Al Malik.
   
Après une longue liaison avec le trompettiste de jazz Miles Davis, la "Jolie môme" a épousé les comédiens Philippe Lemaire (en 1953), père de sa  fille Laurence-Marie, puis Michel Piccoli (en 1966), dont elle a divorcé en 1977. En 1988, elle s'est remariée avec l'ancien pianiste de Jacques Brel,  Gérard Jouannest.

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