Juliette Gréco, une ovation à Fourvière malgré les caprices du son
Commençons par la fin : le public des Nuits de Fourvière, debout, pour une ovation à la dame en noire qui reviendra sur scène à trois reprises pour saluer et embrasser cette déclaration d'amour collective. Dans cet hommage des spectateurs à Juliette Gréco, il y avait de la reconnaissance pour un concert tout en élégance, pour cette présence et cette voix intactes mais aussi pour la patience de l'artiste face aux aléas techniques.
Les Nuits de Fourvière sont pourtant réputées pour la qualité acoustique du lieu. Mais ce soir-là, les dieux du son ont été facétieux. Dès le début, la sono semblait trop forte et puis très vite, des grésillements se sont faits entendre dans le micro. Au début, cela n'a pas empêché Juliette Gréco d'interpréter des chansons de son dernier album, qui célèbre les ponts de Paris. Des textes magnifiques, écrits par des écrivains, parmi lesquels Jean-Claude Carrière et Marie Nimier. Entre chaque chanson, un petit mot, une pointe d'humour notamment contre "ce chat dans la gorge... Je les aime bien les chats mais celui-là, je vais devoir le tuer". Accompagnée sur scène par l'accordéoniste Jean- Louis Matinier et par son époux, le pianiste Gérard Jouanest, Juliette Gréco prouve qu'à 85 ans, elle reste une grande interprète des beaux textes. La voix est là, parfois rauque, féline, parfois douce, mais toujours ferme, énergique, habitée par cette femme dont les mains s'ouvrent pour empoigner l'espace.
Après ses nouvelles chansons, l'artiste entame une longue série de classiques signés Brel, Gainsbourg, Ferré. Enfin...elle essaye. "Mais qu'est ce qui pète là-dedans ?!" dit-elle avec le sourire quand le micro se met vraiment à grésiller, continuant malgré tout son tour de chant. Elle pourra entonner la célèbre Javanaise écrite pour elle par Gainsbourg, "Le train de nuit" de Carrière et Jouanest. Puis arrive "C'était bien (le petit bal perdu)" de Robert Nyel et Gaby Verlor. C'était bien, parfait même..sauf que le son décide à ce moment là de disparaître parfois complètement. Gréco assure mais le public commence à faire entendre son mécontentement. Finalement, un technicien vient annoncer une interruption du spectacle de 20 minutes qui deviendront 40. Vers 23h, le directeur des Nuits de Fourvière, Daniel Delorme, monte sur scène pour expliquer l'origine de l'incident : l'humidité (il a beaucoup plu la veille du concert) a créé des problèmes de son qui n'étaient pas apparus lors des balances. Grâce aux "miracles" accomplis par les techniciens, le concert peut reprendre. Juliette Gréco revient sous un tonnerre d'applaudissements et offre à un public aux anges des titres mythiques : "Bruxelles", "Avec le temps", "La chanson de Prévert", "Les vieux amants", un "Mathilde" tonitruant et un "Déshabillez-moi" à la fois sensuel et autoritaire. Le tour de chant se termine avec "J'arrive", dialogue avec la mort et "Ne me quitte pas". C'est elle qui va quitter un public qui ne veut pas la laisser partir. Dans ces applaudissements, il y avait du respect et comme un immense élan d'affection pour Juliette Gréco.
Le duo Juliette Gréco/ Melody Gardot, "Sous les ponts de Paris" présent sur l'album "Ca se traverse et c'est beau" :
Les prochains concerts de Juliette Gréco :
Le 6 juillet à Desvres
Le 8 juillet à Montreux
Le 11 juillet à Marseille
Le 23 août à Narbonne
et le 20 octobre à Montpellier (sa ville natale)
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