Jacques Dutronc enregistre un nouvel album

"Je ne suis pas un bon client pour les cancérologues et, pourtant, je me donne du mal", confie en souriant le très populaire Jacques Dutronc, cité par l'AFP.

La scène s'est déroulée il y a quelques jours dans un restaurant de la station balnéaire d'Île-Rousse (Haute-Corse). Décontracté, svelte, bronzé, vêtu d'un Perfecto en cuir haute-couture offert par Johnny Hallyday, l'artiste y recevait exceptionnellement quelques journalistes parisiens et le correspondant de l'AFP en Corse.

Bientôt un album-hommage et une émission sur France 2

Prétexte de la rencontre, la sortie au printemps d'un album-hommage pour ses 70 ans (qu'il a fêtés le 28 avril 2013), "Joyeux anniversaire M'sieur Dutronc". Élégance, provocation, dérision et tendresse, sa marque de fabrique, y sont célébrées par treize chanteurs, tous styles et générations confondus. "Je ne me suis occupé de rien, sinon de chanter 'L'opportuniste' avec (Nicola) Sirkis, et j'aime bien cet album. C'est sympa", dit-il de cet hommage de reprises de ses "tubes" les plus connus.

Les succès de Jacques Dutronc sont interprétés par une "chorale intergénérationnelle", selon la maison de disques Sony Music, où l'on retrouve aussi bien Miossec et Julien Doré, mais aussi Thomas Dutronc, Annie Cordy et Joey Starr, ou encore le duo Brigitte et Francine Massiani. "Bien sûr qu'il fallait une chanteuse corse", sourit Dutronc derrière ses lunettes noires en évoquant cette amie originaire de Balagne où il vit désormais en permanence. "Ici, je suis bien. D'ailleurs, je n'ai plus rien à Paris. Et puis, qui est ce qui s'occuperait de mes chats ?", demande l'artiste en précisant qu'il n'en a "plus que quinze", après en avoir hébergé une cinquantaine, dans sa maison de Monticello, le village surplombant l'Île-Rousse.

"La Corse, elle se mérite"

Aussi facétieux que délicat quand il parle des autres et de la Corse à laquelle il appartient désormais, Dutronc regrette toutefois que "tout y ait changé... comme ailleurs". "Il y avait beaucoup de respect ici, se souvient-il. Tu pouvais laisser des 'Pascal' (billets de 500 francs, ndlr) sur la planche de bord de ta voiture pas fermée. Personne n'aurait pensé à y toucher. Maintenant, la place du village est devenue un parking et les jeunes ne parlent plus aux vieux et inversement."

Rallumant l'énorme havane entamé en milieu de repas, Jacques Dutronc ajoute que ce qu'il "aime avant tout dans ce pays, ce sont les hommes". "Maintenant, il y a trop de monde et les nouveaux venus voudraient, comme le disait Mussolini, 'La cage sans les oiseaux'".

"La Corse, elle se mérite", souligne Dutronc, souriant tendrement, en remplissant les verres du Saint-Estèphe qui a retenu l'attention de cet amoureux des vins de Bordeaux, qui se régale d'une assiette de ris d'agneau. Visiblement heureux de voir du monde, il garde un excellent souvenir de la série de concerts donnés à Bercy, à Paris, en novembre avec ses "Vieilles Canailles" Johnny Hallyday et Eddy Mitchell. Tout en disant qu'il ne prévoit rien, il n'écarte pas l'idée de remonter sur scène.

Pas plus que de jouer dans un nouveau film, "si le tournage se fait en Corse". Dutronc annonce en revanche clairement travailler sur un nouveau disque. "Je le leur dois depuis cent ans, mais je vais le faire", répond-il dans une nouvelle pirouette.

Il travaille avec Gaëtan Roussel

Dans le studio d'enregistrement de sa maison de Monticello, le "dandy" du rock français y travaille avec le chanteur Gaëtan Roussel (de Louise Attaque), qui interprète "Responsable" sur le disque hommage, qui paraîtra en parallèle à la diffusion d'une grande émission sur France 2 tournée à Calvi en avril 2014. Dutronc, dont le dernier album studio remonte à 2003 ("Madame l'existence"), travaille aussi avec Jean Fauque, qui fut le parolier d'Alain Bashung. "Si le disque se passe bien, pourquoi pas la scène ?", demande l'artiste avec malice, en regardant toujours son interlocuteur dans les yeux, avec attention et sympathie, derrière ses éternelles lunettes noires.