Gérard Manset de retour avec "Opération Aphrodite"
En plus de 50 ans de carrière, et une bonne vingtaine d'albums studio, Gérard Manset, né le 21 août 1945 à Saint-Cloud, aura cultivé une discrétion certaine. Resté inclassable, il n'en a pas moins été classé "culte" à la suite des parutions de ses disques abritant des plages tantôt aériennes, tantôt rock, tantôt avant-gardistes.
L'artiste soigne son statut "hors format" en n'accordant que de rares interviews, en ne livrant pas de photo et en s'abstenant de se produire sur scène.
Le grand public le connaît principalement pour son grand succès "Il voyage en solitaire" (1975). Pour les fans d'Alain Bashung, il est aussi l'auteur de l'envoutant "Comme un Lego" présent sur l'ultime album du dandy rock, "Bleu pétrole", sorti en 2008. Par ailleurs, Gérard Manset demeure une référence pour certains artistes plus jeunes, tel que Raphaël qui lui a rendu hommage lors des dernières Francofolies de la Rochelle en reprenant son album "Matrice".
Mélange de ses œuvres et d'extraits du livre "Aphrodite"
Après un 20e album consacré à revisiter son propre répertoire avec des invités (dEUS, Axel Bauer ou Mark Lanegan), Gérard Manset a repris son costume de "voyageur solitaire" pour son "Opération Aphrodite", le titre du nouveau disque mêlant ses propres œuvres à des extraits, lus, du livre "Aphrodite" de Pierre Louÿs (1870-1925).Plutôt qu'un nouvel album-concept, comme pouvait l'être son opéra-rock "La mort d'Orion" (1970), Manset, avec son art maîtrisé du contre-pied, parle donc d'un "anti-concept", dans un entretien à l'AFP.
Ses textes, évoquant des territoires fantasmés et des tableaux oniriques, et ceux de Pierre Louÿs, avec ses personnages antiques, n'ont pas l'ambition de tisser une seule et même histoire mais entrent en "télescopage", dit-il, dans un disque dense traversé par des guitares saturées, des cuivres et cette voix venue de l'espace.
Fils d'un ingénieur et d'une violoniste, Gérard Manset a d'abord touché à l'art graphique avant de convaincre la maison de disques Pathé-Marconi d'enregistrer son premier 45 tours, "Animal on est mal", en 1968. Ce sera le coup d'envoi d'un parcours marqué par l'exigence et le perfectionnisme pour un artiste sûr de son fait, avançant à son propre rythme.
"Je ne peux qu'être anonyme"
Ses albums ne sont pour l'instant pas disponibles en streaming et il est toujours réticent à se montrer à la télévision. "Je suis tout à fait ouvert, pas du tout introverti, mais tout est cloisonné dans mon travail. Dans ma façon de créer, je ne peux être qu'anonyme. Il faut être anonyme pour s'asseoir à une terrasse de café et parler avec les gens", explique le chanteur, mèche grise et blouson de cuir.Loin d'être un "solitaire", ce grand voyageur aime le bouillonnement des grandes villes, comme Calcutta ou Recife, mais aussi les promenades matinales dans Paris durant lesquelles peuvent naître les futures chansons. "C'est toujours très tôt le matin que les choses me viennent, dans une sorte de semi-réveil. Ça déboule au quart de tour et durant toute ma vie, j'ai été vigilant à ne pas perdre cela, à savoir apprivoiser et dompter ces idées. Mon vrai talent ce serait ça : d'avoir acquis cette sorte de science."
"Sur scène, ça se disperse dans le vent"
Ses idées si bien préservées, Gérard Manset les met en musique dans son studio, cet endroit où il se sent tellement "chez soi". "En studio, on a vraiment l'impression de capturer le son, de l'emmagasiner. C'est le contraire de la scène. Sur scène, ça se disperse dans le vent, il ne reste plus rien une fois qu'on a coupé les amplis."Le chanteur sait qu'il peut compter sur de nombreux fidèles - son dernier album s'est écoulé à quelque 25.000 exemplaires - même s'il regrette de ne plus beaucoup passer à la radio. Même quand, comme pour son nouveau single plutôt blues "Landicotal", la durée du morceau répond parfaitement aux formats pop standard de 3 minutes.
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