Entretien avec Miossec : "écrire '20 ans' pour Johnny m'a apaisé"
2014 a commencé par une consécration pour Miossec. Il a reçu la Victoire de la chanson de l'année pour "20 ans", écrite pour Johnny Hallyday. Un superbe texte sur le temps qui passe en forme de cadeau d'anniversaire pour les 70 ans du "taulier". "La chanson '20 ans m'a apporté un peu de confiance en moi. Ca met dans un état d'apaisement, on a l'impression d'avoir fait quelque chose de son temps", confie-t-il. "Ca m'a rendu plus ferme, ça m'a donné envie de faire ce disque vraiment comme je l'entends, de ne pas rentrer dans un dispositif où on n'est plus maître à bord, comme par le passé", ajoute-t-il.
Après l'électrique "Chansons ordinaires" (2011), Miossec voulait un disque "beaucoup plus adulte, un peu plus posé". "Un disque qui ne peut pas passer en radio, pas daté en fait. L'air du temps, la mode, ça m'intéresse toujours, mais ça devient vraiment comique", estime-t-il. Miossec s'est plutôt tourné vers "sa discothèque", cherchant ce qu'il y aimait.
Son instrument préféré : la contrebasse
"L'idée c'était d'interdire les couches, tout ce que permettent les ordinateurs, les studios aujourd'hui. Là, j'écoute beaucoup de 78 tours, je crois que je vais finir dans la musique des années 20-30. Je suis en régression, en décroissance comme on dit", s'amuse-t-il. Le musicien voulait aussi "qu'on puisse fermer les yeux et voir chaque instrument, que l'auditeur puisse toucher la petite percussion, la choriste, le chanteur".
Les instruments choisis puisent dans sa discothèque idéale : le marimba, "parce que 'Swordfishtrombone', de Tom Waits, est un des albums les plus modernes de tous les temps"; la contrebasse, qui est son instrument "préféré"; le bandonéon, "parce qu'un des concerts les plus violents que j'ai vu, c'était Astor Piazzolla, à Brest".
"Les réponses, c'est toujours horrible"
La majeure partie d'"Ici-bas, Ici même" a été enregistré au bord de la mer dans la cabane du Finistérien, qui avait convié chez lui l'arrangeur Albin de la Simone et l'ingénieur du son Jean-Baptiste Brunhes. "Trois c'est bien, quatre c'est tout de suite le bordel", dit-il. "C'était extrêmement agréable. Je n'étais pas dans un corps étranger, dans un studio où on est invité. Là, j'étais maître des lieux", confie Miossec. "Pourtant, ce n'est pas un cocon. D'ailleurs, heureusement qu'on a enregistré avant les tempêtes de cet hiver. Avec les vagues sur les falaises, on n'aurait rien entendu", dit-il.
Cette atmosphère apaisée a donné naissance à un des plus beaux disques de la carrière du chanteur, entamée en 1995 avec "Boire". Ici nulle trace de l'amertume et de la rage qui planent souvent sur ses textes. De sa voix chuchotée qui n'a jamais été aussi proche de son timbre quand il parle, Miossec chante les sentiments, avec l'idée récurrente que la vie vaut, malgré tout, d'être vécue.
Trouver des chansons, c'est beaucoup plus important et on ne m'en parle jamais, alors je me dis +merde, je suis mauvais+", confie-t-il. "Du coup, je voulais vraiment composer toutes les chansons de l'album. S'il se ramasse de ce point de vue, je vais pouvoir me séparer de ça. Ca me libérerait du temps, je pourrais voyager vachement plus", dit-il dans un éclat de rire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.