Enrico Macias se sent "humilié" de ne pouvoir revoir l'Algérie
Fait "chanteur de la paix" par l'Autrichien Kurt Waldheim, ancien secrétaire général de l'Onu, en 1980, Enrico Macias a renoncé plusieurs fois à retourner en Algérie devant les tollés systématiques au sein d'une partie de la classe politique algérienne, lui reprochant son soutien à Israël. Il n'a pas revu en Algérie depuis l'exil familial en 1961.
"Les Oranges amères", en duo avec Corneille, extrait de son album "Venez tous mes amis"
"Vexé, humilié, insulté"
"Je vis cela très mal, mais je ne ferme pas la porte à l'avenir, même à l'âge que j'ai (il aura 74 ans le 11 décembre, ndlr). On ne sait jamais... Je me sens vexé, humilié, insulté. Je pense que le peuple algérien qui ne peut me voir depuis tant d'années l'est aussi. Je pense qu'un jour, ça va changer", confie le chanteur. Selon lui, des groupes extrémistes "voient très mal" sa venue.
"J'ai été le symbole de l'exil et j'aimerais devenir le symbole de la réconciliation de tous les enfants d'Algérie, les Pieds-Noirs, les harkis, le peuple algérien..."
"J'ai toujours défendu mon peuple (Israël, ndlr). Ce sont mes frères, mais je défends aussi les Palestiniens. J'estime qu'ils doivent avoir un pays eux aussi. On peut très bien vivre ensemble, Israéliens et Palestiniens. Je suis un homme tolérant. Mon message a toujours été universel", rappelle Enrico Macias. Chantre de l'amour, de la fraternité et de la paix, le chanteur se déclare convaincu "qu'on ne peut pas vivre heureux sans échange avec les autres".
Le teaser de son album de duos, sorti chez Universal Music
Fidèle à son ami Nicolas Sarkozy
Fervent soutien de Nicolas Sarkozy, intéressé depuis toujours par la politique, le chanteur se dit par ailleurs "très déçu qu'il n'ait pas été réélu". "Il nous manque beaucoup. Je suis un homme de gauche au départ. Je pensais que c'était le seul qui pouvait régler les problèmes de la France, de l'Europe, et même du monde. Je suis toujours son supporter, pas par idéologie. On n'a pas les mêmes idées sur certains points. On a eu des conflits, notamment sur les sans-papiers", dit Enrico Macias.
"Les Français ont fait deux fautes historiques : ne pas avoir suivi De Gaulle pour son référendum et ne pas avoir réélu Sarkozy. Il reste 4 ans et demi à François Hollande pour redresser la France. S'il y arrive, j'applaudirai, mais je reste ami avec Nicolas Sarkozy."
Macias et la fiscalité des plus riches
À propos de la fiscalité des gros revenus et de l'exil choisi par des chefs d'entreprise et des artistes, Enrico Macias dit les comprendre mais pense que "quitter la France pour cela ne règle pas le problème". "Je suis pour la solidarité entre Français, pour essayer d'arranger les choses, mais trop c'est trop. Le matraquage est excessif. Si j'avais de gros revenus, peut-être me poserais-je la question ?"
À propos de sa longévité d'artiste
"Etonné" de fêter son jubilé artistique, Enrico Macias jure qu'il ne pensait pas à ses débuts chanter aussi longtemps. "Je suis fier d'être un chanteur populaire. C'est une chance, un privilège. Je n'ai rien calculé.(...) Mes musiques, c'est une magie qui vient du ciel", dit le musicien qui rend hommage à son parolier de toujours, Jacques Demarny, mort le 12 janvier 2011.
Pour ses cinquante ans de carrière, le chanteur vient de publier un album de duos, "Venez tous mes amis", qui réunit quatorze de ses grands succès interprétés par autant d'invités dont Cali, Dany Brillant, Corneille, Khaled, Gérard Darmon, Natasha St-Pier, Dani, Serge Lama ou Liane Foly. De plus, avec Carla Bruni, Enrico Macias reprend "Les Gens du nord", titre qu'ils avaient déjà chanté en 2004 à la télévision pour Solidarité Sida.
"C'est un cadeau que les nouvelles générations de chanteurs me font. Ils l'ont fait en redonnant un nouveau souffle à mes chansons."
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