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Chanson française : les radios privées sont contre la réforme des quotas
Les radios privées ont qualifié mercredi de "liberticide" un amendement adopté la semaine dernière à l'Assemblée visant à éviter que les mêmes tubes francophones tournent en boucle sur les ondes afin de se conformer aux quotas imposés par la loi.
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"Réforme des quotas francophones : la mesure de trop"
Elles demandent au gouvernement de refuser cette disposition, dans une tribune qui doit être publiée jeudi dans le quotidien Les Echos et transmise à l'AFP. "Ne nous y trompons pas, il n'est question ici, ni de diversité, ni de défense de la francophonie", écrivent les dirigeants de RTL, NRJ, Lagardère (Europe 1, RFM, Virgin Radio) et des radios privées indépendantes."Il est question de défense d'intérêts économiques particuliers : ceux de l'industrie du disque. L'effet recherché c'est de pousser les auditeurs des radios (...) vers des plateformes de streaming à la demande totalement dérégulées, payantes et dont ils sont actionnaires (les majors)", ajoute ce texte baptisé "Réforme des quotas francophones : la mesure de trop".
"10 titres francophones peuvent représenter jusqu'à 75% des diffusions francophones mensuelles"
Les députés ont adopté cet amendement dans le cadre du projet de loi sur l a liberté de création. Malgré les quotas qui imposent aux radios privées de diffuser 40% de chansons en français, les députés ont relevé que sur certaines antennes, "10 titres francophones peuvent représenter jusqu'à 75% des diffusions francophones mensuelles", ce qui "ne permet plus aux nouveaux talents de rencontrer leur public".L'amendement prévoit que si plus de la moitié des diffusions de chansons francophones est concentrée sur dix titres, les diffusions de ces titres au delà de 50% ne seront plus prises en compte pour les quotas imposés.
"Une mesure nécessaire" pour les artistes
Pour les syndicats de producteurs et d'artistes, cette mesure est nécessaire "pour la diversité", notamment en ce qui concerne les réseaux de radio s'adressant "à un public jeune". "C'est une avancée capitale pour la création musicale qui n'entrave en rien la liberté éditoriale des radios mais ouvre la porte de leur programmation à 2 nouveaux titres par mois", ont-ils estimé dans un communiqué commun notamment signé par le principal syndicat des producteurs (Snep) et la Sacem.Les quotas auxquels sont soumis les radios depuis 1994 sont au contraire "devenues des contraintes inadaptées et obsolètes, voire disproportionnées, au regard d'une production francophone délaissée par les producteurs", estiment pour leur part les radios privées. "Entre 2003 et 2014, (...) la production francophone s'est effondrée de plus de 60%", disent-elles. Elles arguent que les plateformes de streaming ne sont pas soumises aux quotas et appellent "le gouvernement à prendre une position ferme contre cette proposition".
La loi doit arriver lundi à l'Assemblée. Les radios entendent mobiliser leurs auditeurs en diffusant à partir de jeudi des messages contre une réforme des quotas.
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