Antoine fait son grand retour avec "Demain loin"
L'album "Demain lundi", lointain successeur de "Touchez pas à la mer" (1987) est né grâce à l'initiative du chanteur Stanislas, dont le père, François Renoult, a été par le passé le compositeur d'Antoine, co-signant notamment "Je l'appelle Canelle" et réalisant les arrangements des "Élucubrations". Le musicien trentenaire "a fait travailler une jeune équipe d'auteurs-compositeurs qui m'ont apporté des choses que je ne savais pas faire, des phrases que je n'aurais pas trouvées", relate Antoine dans "Le Figaro" de lundi.
Dans un entretien à l'AFP, Antoine souligne à propos de Stanislas : "Il m'a fait bosser ! Je n'ai jamais travaillé autant, il m'a fait chanter des dizaines de fois pratiquement chaque phrase." Neuf chansons ont été retenues pour l'album, sur quelque cinquante proposées par l'équipe d'auteurs-compositeurs.
Durant sa longue absence des studios, le chanteur âgé de 68 ans a gagné sa vie grâce à la publicité (est-ce utile de rappeler le slogan qu'il clamait jusqu'en 2008 pour un opticien ? Il est d'ailleurs encore en contrat avec ce groupe), la rédaction de livres et la conception d'une trentaine de documentaires tirés de ses voyages. Il souligne dans "Le Parisien" de lundi : "Je vis neuf mois par an sur mon bateau -un catamaran de 12 m, pas un yacht de luxe- en Polynésie, ou en voyage. Je passe aussi trois mois en France. Mais passer la journée dans un hamac, très peu pour moi."
"Les élucubrations" (1966)
Un message engagé sur la prostitution
Quelque 46 ans après avoir demandé, en guise de final percutant des "Élucubrations", de voir "la pilule en vente dans les Monoprix", Antoine fustige aujourd'hui "l'hypocrisie" entourant la prostitution. Il prône la "légalisation du travail du sexe", aussi bien dans son disque et la chanson "Les Arts du lit" que dans un livre, "Délivrez-nous des dogmes" (éd. Léo Scheer), qu'il va sortir le 7 novembre.
Déjà, début 2012, le chanteur-marin avait réclamé, dans une tribune rédigée pour "Le Monde", la "légalisation des 'arts du lit'". Il persiste et signe, dans son disque, sur un sujet qui lui tient à coeur. "C'est un métier que je connais depuis toujours, j'ai beaucoup d'amis qui font ce métier-là. J'ai beaucoup de sympathie et de respect pour eux car je crois que c'est une activité qui apporte beaucoup de bonheur à des gens qui n'ont pas d'autre solution", explique-t-il à l'AFP.
"Faire l'amour, c'est bien. Gagner sa vie, c'est bien. Pourquoi les deux ensemble, ce serait mal ? Le commerce de l'amour a été pour des raisons injustes assimilé à un fléau, comme s'il était entièrement victime de mafias, mais je pense que ce n'est pas vrai", ajoute-t-il, sans nier l'existence de réseaux de traite des êtres humains. Pour Antoine, la France a une attitude "dogmatique" sur le sujet, contrairement à la Suisse, l'Allemagne, la Nouvelle-Zélande ou l'Australie. "Aucune des solutions adoptées dans ces pays n'est parfaite, mais toutes valent mieux que l'hypocrisie. Chasser les gens de plus en plus loin dans les bois, c'est là qu'ils sont à la merci des mafias", estime le chanteur.
"Il faudrait non seulement supprimer la loi sur le racolage et ne surtout pas priver les prostituées de leurs clients, mais au contraire aller plus loin, libérer aussi ce qui s'appelle le proxénétisme de soutien, c'est-à-dire qu'elles puissent se trouver un appartement, exercer en sécurité", selon Antoine.
Pour la dépénalisation du cannabis dans certaines conditions
Dans l'album "Demain loin", par le biais de la chanson "3 Février 2030", Antoine prône également la dépénalisation du cannabis à des fins médicales. "Je ne suis pas un politicien revendicateur, mais l'hypocrisie c'est ce qui me déplaît le plus et qui fait le plus de mal aux gens." S'il estime que le cannabis n'est "pas plus nocif que l'alcool", Antoine avoue être "moins concerné" par le sujet, car fermement réticent à l'idée de "mettre de la fumée dans (ses) poumons".
Dans "Le Parisien", il précise : "Personnellement, je ne fume pas. J'ai dû fumer quatre pétards quand j'avais 20 ans et je n'ai pas aimé. Mais je préfère que mes enfants fument un pétard de temps en temps que des cigarettes toute leur vie. C'est moins dangereux pour la santé."
Le chanteur sera sur scène le 14 novembre à Paris, à l'Olympia, pour la première fois depuis 1988. Et il ne serait pas contre une tournée au printemps et à l'été 2013, avec, entrer autres, un passage aux Francofolies de La Rochelle. Avis aux décideurs...
"Demain loin", album sorti le 29 octobre 2012 chez Polydor/Universal
"Délivrez-nous des dogmes", livre à sortir le 7 novembre 2012 aux éditions Léo-Scheer
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