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Bob Dylan a transmis à Stockholm son très attendu discours Nobel

Bob Dylan, Prix Nobel de littérature 2016, a transmis à l'Académie suédoise le traditionnel discours exigé pour recevoir l'argent du prix, soit plus de 800.000 euros, ont annoncé lundi les sages décernant la prestigieuse récompense. Le discours audio, en anglais, du chanteur, a été publié sur le site de l'Académie et les réseaux sociaux.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Bob Dylan (au centre) le 5 mai 2017 sur la scène du Motorpoint Arena, à Nottingham, en Angleterre
 (Rex / Shutterstock / Sipa)

"Le discours est extraordinaire et, comme l'on pouvait s'y attendre, éloquent. Le discours transmis, l'aventure Dylan s'approche de sa conclusion", a commenté la secrétaire perpétuelle de l'Académie suédoise, Sara Danius, sur son blog.

Fin mars, la prestigieuse institution avait alerté le lauréat du prix Nobel de littérature sur le fait qu'il avait jusqu'au 10 juin minuit pour donner son discours de réception du prix. Après cette date, il perdrait le bénéfice de l'argent du prix, soit quelque huit millions de couronnes (819.000 euros), et cette jolie somme serait repartie dans les coffres de la Fondation Nobel.

Le chanteur américain avait boudé la cérémonie solennelle de remise des prix, le 10 décembre, et n'avait envoyé qu'un discours de remerciements. Mais il disposait, pour envoyer son discours, de six mois à compter de cette date fixée à Stockholm en mémoire d'Alfred Nobel, inventeur de la dynamite et créateur des prix portant son nom.

Depuis, l'Académie Nobel, qui décerne le prix, attendait un discours de réception digne de ce nom, traditionnellement plus fourni, passage obligé pour recevoir l'argent du prix.

"Je me suis demandé quel était le lien entre mes chansons et la littérature"

"Quand j'ai reçu le prix Nobel de littérature, je me suis demandé quel était précisément le lien entre mes chansons et la littérature. Je voulais y réfléchir et découvrir la connexion. Je vais tenter ici d'exposer ces pensées", écrit au début de ce discours l'auteur-compositeur qui cite successivement au nombre de ses inspirateurs Cervantès, Herman Melville ou encore William Shakespeare.

Bob Dylan reconnaît puiser aux sources multiples de l'art à travers les siècles, de Homère à Buddy Holly. "J'ai appris tout ça à l'école primaire. Don Quichotte, Ivanhoë, Robinson Crusoë, les voyages de Gulliver, Le conte de deux cités, et tout le reste (...). Je me suis servi de tout ça quand j'ai commencé à écrire des textes pour chansons."

Parmi ses œuvres de référence, Bob Dylan distingue particulièrement "Moby Dick", "À l'est rien de nouveau" et "L'Odyssée" dont il fait un savant commentaire de texte, mais comme pour mieux s'en distancier et défendre la sensation contre la théorie, le coeur contre l'esprit. "Si une chanson vous émeut, c'est tout ce qui compte. Je n'ai pas besoin de savoir ce qu'une chanson veut dire", à telle enseigne que "les chansons, contrairement à la littérature sont destinées à être chantées et non pas lues", avance-t-il.

Bob Dylan a fait parvenir un enregistrement audio de la lecture, par lui-même, de son discours publié sur le site de l'académie et sa page Facebook.

Un insaisissable lauréat, mais l'Académie pas rancunière

Comme les lauréats des prix de médecine, physique, chimie, économie et paix (décerné à Oslo), Bob Dylan recevra donc son chèque de 8 millions de couronnes. L'Académie Nobel avait dû attendre le mois d'avril, à l'occasion d'un concert dans la capitale suédoise, pour que son insaisissable lauréat reçoive enfin sa médaille et son diplôme. Depuis, le suspense restait entier sur la remise de son discours ou "leçon" Nobel avant la date limite du 10 juin.

Les statuts Nobel font obligation aux lauréats du prix de Littérature d'honorer les académiciens suédois en donnant lecture d'un texte. Le récipiendaire a cependant le choix des armes : il peut chanter, danser, peindre, se rendre à Stockholm ou rester chez lui, envoyer un courrier, un enregistrement audio ou vidéo...

À la surprise générale, Bob Dylan avait été récompensé en octobre par l'Académie suédoise "pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d'expression poétique". Son nom, comme celui du Canadien Leonard Cohen, décédé en novembre, revenait de temps en temps dans les spéculations, sans jamais être pris au sérieux.

Face aux critiques qui attendaient ses compatriotes Philip Roth ou Don DeLillo, la secrétaire perpétuelle a âprement défendu son choix et celui de ses pairs, inscrivant la poésie chantée de Dylan dans la tradition homérienne. Leur enthouasiasme semble n'avoir nullement été entamé par les facéties du lauréat qui avait d'abord accueilli sa récompense par un long silence, et n'avait réagi que deux semaines après l'annonce.

Maria Schottenius, critique littéraire du grand quotidien Dagens Nyheter, prédit, auprès de l'AFP, que "l'Académie suédoise réfléchira à deux fois à l'avenir avant de donner le prix à des stars du rock". "Sans avoir à regretter le choix de Bob Dylan (...) on peut dire qu'il a causé pas mal de tracas" à ses bienfaiteurs.

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