Cet article date de plus de cinq ans.

A Tokyo, le légendaire Walkman fête ses quarante ans avec nostalgie

Une exposition permet de retracer l'histoire des mille variantes du baladeur.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
De nombreux modèles de Walkman lors de l'exposition célébrant le 40e anniversaire du baladeur de Sony le 10 juillet 2019 à Tokyo. (BEHROUZ MEHRI / AFP)

Il ressemble désormais à un smartphone avec un écran tactile, une mémoire gigantesque et une connexion sans fil : le baladeur audio Walkman du Japonais Sony existe toujours, bien que méconnaissable par rapport à ses débuts il y a quarante ans.

Sorti en 1979, le Walkman inaugural, matricule TPS-L2, était un engin bourré de pièces mécaniques. "C'était d'une précision impressionnante, au point que je me demande si on saurait le refaire aujourd'hui", confie à l'AFP l'ingénieur Hiroaki Sato, concepteur des plus récents Walkman et un brin nostalgique des anciens, que l'on peut admirer actuellement dans une exposition organisée à Tokyo pour les 40 ans de la gamme. "J'étais collégien quand le premier modèle est sorti, et je n'ai pas eu les moyens de l'acheter", regrette Hiroaki Sato.

Des airs d'antiquité

Aujourd'hui, ce Walkman premier du nom a l'air d'une antiquité, avec son boîtier fait pour y loger une cassette, ses boutons physiques à enfoncer, son casier à piles ou les curseurs pour le volume. Mais des exemplaires fonctionnels circulent toujours sur le marché de l'occasion, dont un présenté comme neuf et jamais utilisé, vendu la bagatelle de 1,3 million de yens (11.000 euros), soit près de 40 fois son prix initial.

Un visiteur écoute de la musique sur un MiniDisc Walkman lors de l'exposition célébrant le 40e anniversaire du baladeur de Sony le 10 juillet 2019 à Tokyo. (BEHROUZ MEHRI / AFP)

"Je ne pense pas que les Walkman actuels pourront toujours être utilisés dans 40 ans", déplore l'ingénieur. Car les formats audionumériques seront sans doute bien différents d'aujourd'hui et les batteries rechargeables introuvables. A l'inverse, les cassettes, indépendantes de tout encodage numérique, auront encore la possibilité de vivre leur vie.

Quand les psychiatres s'inquiétaient

Il fallait cependant prendre grand soin des modèles à cassette magnétique, pour éviter les pannes d'engrenages. "Je pense que c'est cet entretien régulier qui a fait naître un certain attachement à l'objet", poursuit Hiroaki Sato, en manipulant un des tout premiers exemplaires conservés par Sony.

L'ingénieur parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Celui où les psychiatres s'inquiétaient de ces nouveaux comportements ; quand, en France, Léon Zitrone présentait au journal télévisé "des jeunes hommes, et femmes aussi, que l'on voit dans les rues avec un casque sur les oreilles".

Madeleine de l'âge pré-numérique

Aujourd'hui, ce sont presque ceux qui n'en portent pas qui surprennent. Les casques sont désormais sans fil et les baladeurs sans touche. "Depuis mon plus jeune âge, les appareils ont des écrans tactiles, pas des boutons", confirme Scott Fung, lycéen de 17 ans, originaire de Hong Kong, les yeux ébahis devant un vieux Walkman exposé à Tokyo.

Sony présente le plus petit de leurs Walkman de l'époque à Berlin le 9 septembre 1983. (CHRIS HOFFMANN / DPA)

L'étonnement ne s'arrête pas là : le Walkman numéro 1, né de l'envie d'un des fondateurs de Sony de se divertir avec de la musique dans l'avion, "avait deux prises casques, pour que les couples puissent écouter ensemble de la musique", rappelle M. Sato.

Sur les exemplaires du premier lot, une série très limitée, était même écrit au-dessus de ces prises "guys" et "dolls" ("mecs" et "poupées"). Comme les passagers d'un hélicoptère, les deux utilisateurs pouvaient aussi se parler en appuyant sur la touche orange "hot line". 

Plus de mille variantes

Après plus de mille variantes de Walkman (Sony a arrêté de compter en 2004) et plus de 420 millions d'exemplaires écoulés, passant successivement de la cassette au CD, puis au MD jusqu'aux mémoires flash, la gamme continue de s'agrandir.

Un visiteur écoute de la musique sur un Walkman à CD lors de l'exposition célébrant le 40e anniversaire du baladeur de Sony le 10 juillet 2019 à Tokyo. (BEHROUZ MEHRI / AFP)

Il existe d'une part des modèles très grand public et, d'autre part, des appareils rassemblant toutes les meilleures technologies audio de Sony, destinés aux mélomanes audiophiles prêts à débourser près de 3.000 euros pour une qualité musicale hors pair. Sony n'est pas le seul sur ce créneau de l'audio haute-résolution : on y trouve aussi la griffe sud-coréenne Astell&Kern, ou les fabricants chinois Cayin, Hiby et iBasso.

Miser sur la qualité

La marque japonaise, pionnière de l'écoute de la musique en itinérance, avait un temps perdu de sa superbe, secouée par l'arrivée de l'iPod d'Apple en 2001. Mais elle a recouvré depuis l'oreille des maniaques du son en contribuant à élever la qualité des fichiers audionumériques avec des formats non-compressés et des techniques de transmission sans fil améliorées.

"On poursuit toujours la même idée que pour le premier modèle : écouter de la musique à l'extérieur avec la meilleure qualité possible", insiste Hiroaki Sato. Tout pour la musique.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.