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A Bourges, une révolution musicale en provenance du Moyen-Orient
Hip hop palestinien, électro égyptienne, blues-rock libanais... Depuis quelques années, les artistes du Moyen-Orient font entendre en Europe leur petite musique métissée, une révolution musicale dont témoigne jusqu'à mercredi le Printemps de Bourges.
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Peu de choses semblent relier le chef de file du rap palestinien DAM aux arabesques électro de l'Egyptien Islam Chipsy, aux riffs blues rugueux des Libanais The Wanton Bishops ou aux complaintes folk androgynes de la star israélienne Asaf Avidan.
Mais ces artistes, réunis sur l'affiche du 39e Printemps de Bourges jusqu'à mercredi, témoignent tous d'une "scène extrêmement flamboyante et créative" au Moyen-Orient, estime Elodie Mermoz, programmatrice du festival.
Avec son "cycle Moyen-Orient", comprenant huit artistes au total, le festival entend proposer un "instantané" de cette scène en ébullition, ajoute la programmatrice, pour qui le "Printemps arabe" de 2011 a "réveillé la jeunesse": "à partir du moment où ils ont quitté les rues, il leur a fallu un autre terrain d'expression et ça a été la musique", dit-elle à l'AFP.
Le groupe Islam Chypsy, qui a fait onduler Bourges vendredi après avoir secoué les Trans Musicales de Rennes en décembre, se montre toutefois prudent pour évoquer l'impact des événements politiques sur sa carrière.
"On était déjà là avant le 'Printemps arabe', dans la scène underground. Mais peut-être que les grands médias ont alors commencé à regarder les jeunes gens dans ces pays à cause du printemps arabe", expliquent à l'AFP le trio composé de Islam Chipsy aux claviers et deux batteurs survitaminés.
Le groupe décrit sa musique, l"électro chaâbi", un style très populaire dans la région, comme un mélange entre musique traditionnelle arabe et sonorités électroniques.
"La musique des jeunes, aujourd'hui, c'est cette musique. Il y a eu des débats au départ, tout le monde disait que ce n'était qu'une musique pour les pauvres, mais désormais tu ne peux pas ignorer le fait que tout le monde connait cette musique en Egypte sinon dans tout le Moyen-Orient", ajoutent-ils.
Métissage musical
Ce mélange entre musiques traditionnelles et modernes est désormais répandu dans une région où les deux approches étaient auparavant plus "clivées", juge Elodie Mermoz.
Un métissage musical que pratique avec bonheur Mashrou'Leila, des Libanais qui ont fait salle comble dimanche soir avec une pop en arabe où les guitares rock font bon ménage avec un violon plus traditionnel. Déjà très populaire au Moyen-Orient, le groupe, dont les textes engagés parlent par exemple d'homosexualité, tournera en France et en Suisse en mai et juin.
Leur compatriote Sary Moussa, alias RadioKVM sur scène, ne se sent pour sa part pas obligé de reprendre des motifs traditionnels arabes pour incarner sa région: "Je suis, comme plein de Libanais, mélange de toutes les cultures qui m'entourent, y compris à la télévision, et je trouve que la synthèse de toute cette culture là n'a pas forcément besoin d'être reconnaissable comme arabe", explique ce musicien électro.
Même démarche chez d'autres Libanais, The Wanton Bishops, dont le blues en anglais semble parfois davantage provenir des bords du Mississippi que des rives de la Méditerranée. Ils seront mardi sur la scène du Printemps de Bourges et sillonneront la France jusqu'en juillet.
Lundi marquait le temps fort de ce focus sur le Moyen-Orient à Bourges. Côté rap, les amateurs avaient rendez-vous avec DAM, chef de file du hip hop palestinien rendu célèbre dans le Moyen-Orient au début des années 2000 avec son titre "Meen Erhabi" ("Qui est le terroriste ?").
Côté chanson, la grande scène accueillait l'Israélien Asaf Avidan et la Franco-Israélienne Yael Naim, probablement deux des plus célèbres chanteurs de la région même si l'un comme l'autre ne vivent plus en Israël.
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