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"On a découvert les toiles Picasso" : nos indiscrétions sur l'exposition "Yves Saint Laurent au 5, avenue Marceau"

L’événement "Yves Saint Laurent aux Musées" - qui met en lumière le dialogue que le couturier entretenait avec l’art et la littérature - offre un parcours dans les collections permanentes de six musées parisiens, dont le musée Yves Saint Laurent. Dans ce dernier où se tient l'exposition "Yves Saint Laurent au 5, avenue Marceau"en cours d'accrochage, Stephan Janson, un des co-commissaires, nous révèle quelques secrets.

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Dans l'exposition "Yves Saint Laurent au 5, avenue Marceau" au musée Yves Saint Laurent Paris, les toiles, ébauches du futur vêtement, en suspension (CORINNE JEAMMET)

Yves Saint Laurent au 5, avenue Marceau est une des six expositions présentées dans le cadre de l'événement Yves Saint Laurent en Musées qui démarre le 29 janvier. En écho aux chefs-d’oeuvre des collections exposées dans cinq autres musées parisiens, une partie des archives de la maison de couture est présentée au Musée Yves Saint Laurent Paris. En majorité inédites, ces archives permettent de lire la fabrique des modèles, de sentir la vie de cette maison, de comprendre le processus créatif mais aussi de rendre hommage à celles et à ceux qui ont participé à la réalisation de ces modèles.

L'exposition Yves Saint Laurent au 5, avenue Marceau, qui célèbre la création en devenir, évoque la manière de faire et de voir du couturier mais aussi la maîtrise des différents ateliers. C’est un portrait de la maison de couture. "C’est ma maison, c’est une grande joie d’avoir autant d’amour qu’elle me porte. Je parle des ouvrières, des premiers, toute la maison, c’est une maison basée sur l’amour", affirmait le couturier Yves Saint Laurent. 

Stephan Janson, co-commissaire de l'exposition, nous guide au sein de l'exposition encore en cours d'accrochage. Pour ne pas déflorer les émouvants et insolites trésors découverts ici, il dévoile, en exclusivité et en trois vidéos, un avant-goût de l'exposition quinze jours avant son ouverture. 

"Il a choisi tout ce qu'il voulait représenter de son métier, de sa longue carrière"

Dans l'ex-petit salon de la maison de couture débute l'exposition Yves Saint Laurent au 5, avenue Marceau. Ici au mur "des croquis qui représentent plus de 200 modèles", explique Stephan Janson. "Ils avaient été choisis par Monsieur Saint Laurent pour son défilé d'adieu au Centre Pompidou en 2002"

Le 22 janvier 2002, le couturier met fin à sa carrière et y organise un défilé rétrospectif, le dernier show haute couture de sa maison. Tous ses grands classiques sont présentés soit 300 modèles, portés par les plus grands tops, de Claudia Schiffer à Carla Bruni, en passant par Jerry Hall et Naomi Campbell. Pour le final sur le podium étaient là aussi la mannequin Laetitia Casta ainsi que Catherine Deneuve - amie intime et l'une de ses muses - qui chante Barbara, Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous. Il est possible de revivre ce moment fort au Centre Pompidou où la captation du défilé d’adieu sera diffusée le 10 février 2022 dans le cadre de l'événement Yves Saint Laurent aux Musées.

"Il a choisi tout ce qu'il voulait représenter de son métier, de sa longue carrière. C'était aussi une manière de proposer pour la dernière fois à toutes les femmes du monde de pouvoir commander ces robes-là, afin de donner du travail à ses employés après la fermeture", souligne encore le co-commissaire. 

"On a découvert les toiles cubistes, les toiles Picasso"

Nous traversons plusieurs salles (où du personnel s'active à l'accrochage des pièces de l'exposition) avant de poursuivre la visite en haut des escaliers dans une pièce toute blanche. "il y a une chose qui a été une découverte extraordinaire", explique Stephan Janson : "c'était des cartons, très très bien conservés mais on ne savait pas très bien ce qu'il y avait dedans. On a ouvert et on a découvert les toiles cubistes, les toiles Picasso. Cela a été vraiment une émotion, elles étaient entassées les unes sur les autres. On a senti tout le travail qu'il y avait derrière... c'était émouvant de voir une telle précision dans les toiles". 

La toile qui sert à mettre en volume le dessin du couturier est une pièce rarement dévoilée lors d'expositions. Pourtant, c'est une pièce maîtresse, la première ébauche du futur vêtement. Avant que le vêtement ne soit présenté lors d’un défilé, il y a plusieurs étapes dans sa conception. La toile reste une étape fondamentale pour la matérialisation du vêtement et elle est, pour chaque commande ou reproduction, le point de référence, la base ou le mètre étalon. Ces toiles sont précieuses et très émouvantes car parfois elles sont annotées de la main du couturier. 

"C'était son fétiche de collection"

La visite se termine dans le bureau du couturier. "Nous sommes probablement dans la pièce la plus émouvante du musée", indique Stephan Janson, parce que "c'est ici que Monsieur Saint Laurent travaillait et rendait réelles ses collections. Là, c'était sa chaise, sa blouse", montre-t-il d'un geste de la main. "Mais la chose la plus émouvante de cette pièce, c'est cette petite boîte qui n'était jamais là d'ailleurs". Cette boîte était toujours chez Monsieur Saint Laurent et "c'est lui qui l'amenait le jour du défilé. C'était son fétiche de collection. Il le mettait sur le modèle qui représentait le plus le message qu'il voulait faire passer cette année-là... Ici, nous avons la boîte mais le coeur (ndlr : qu'elle contenait) sera exposé au musée du Louvre", précise-t-il. 

Le parcours de visite d'une exposition au musée Yves Saint Laurent Paris se termine toujours dans le bureau du couturier. Lieu central de cette maison de couture pendant près de trente ans, le studio est incontestablement la pièce la plus émouvante du musée. Elle frappe par sa simplicité et contraste avec la somptuosité des salons de l'époque et s'accorde à l'atmosphère de travail dont le couturier avait besoin. Le miroir au fond est un élément principal : le couturier examinait le reflet du mannequin pour apprécier le vêtement. Une ambiance studieuse semble encore y régner. Ses objets fétiches sont ici réunis, ses souvenirs et ses pots à crayons de couleurs. Sur le rebord de sa chaise, sa blouse blanche. Au pied du bureau, la gamelle de son chien Moujik, un bouledogue français. La bibliothèque réunit des ouvrages, principales sources d'inspiration du couturier. On s'attend presque à voir Monsieur Saint Laurent franchir le pas de la porte tant l'atmosphère y est intime.

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