Vivienne Westwood, Louis Vuitton, Frederick Stevens Rockwell : des ventes aux enchères en marge de la Paris Fashion Week

Les ventes aux enchères consacrées aux créateurs de mode, à l'univers du luxe et aux bijoux se multiplient. Si le phénomène n’est pas nouveau, il s’avère désormais - au même titre que l’art - un investissement d’avenir. Pendant la Fashion masculine et la semaine de la haute couture, Christie's met, ainsi, en vente la garde-robe personnelle de Vivienne Westwood ainsi que la plus grande collection privée de malles Louis Vuitton tandis qu'Art Research Paris propose de découvrir le travail du photographe Frederick Stevens Rockwell. 

La garde-robe personnelle de Vivienne Westwood

Considérée comme l'une des stylistes contemporaines les plus influentes, la créatrice de mode britannique, subversive et militante Vivienne Westwood a créé une maison de couture de renommée internationale. Sélectionnées par Andreas Kronthaler, son époux et directeur artistique de la maison, plusieurs créations emblématiques sont dispersées lors de deux ventes retraçant quatre décennies de création. La première à King Street à Londres le 25 juin dont l'exposition publique Vivienne Westwood : The Personal Collection se tient jusqu'au 24 juin. La seconde vente, en ligne, se déroule jusqu'au 28 juin. Ce sont 200 lots emblématiques des grands moments de sa vie et de son œuvre dont les premières silhouettes de la collection automne-hiver 1983-84. Ces vêtements, bijoux et accessoires sont vendus au bénéfice de The Vivienne Foundation, d'Amnesty International et de Médecins sans frontières, des causes caritatives qu'elle a toujours défendues. Par ailleurs, la vente The big picture – Vivienne’s Playing Cards consacrée à la série de cartes à jouer, un projet de The Vivienne Foundation, permettra de récolter des fonds pour Greenpeace.

"Sa vie durant, Vivienne a été une icône du style. Son profond intérêt pour la vie intellectuelle et les sujets politiques, conjugué à son talent naturel ont fait d’elle l’une des rares et véritables créatrices en design de la mode. Vivienne Westwood était et restera unique" a souligné The Vivienne Foundation. Pour Adrian Hume Sayer, directeur Private & Iconic Collections chez Christie's, et responsable de la vente : "Le militantisme inné de Vivienne Westwood, son sens artistique et stylistique sont ancrés dans chacune des pièces qu’elle a créées. L'exposition et les deux ventes orchestrées par Christie's célébreront sa vision extraordinaire à travers une sélection de pièces qui marquent les moments décisifs de son œuvre mais aussi de sa vie personnelle. Pour le public, ces vacations constituent une occasion unique de découvrir l'univers public mais aussi privé de la grande Vivienne Westwood et de collecter des fonds pour les causes qui lui tenaient à cœur."

On pourra ainsi découvrir Witches automne-hiver 1983-84, l'une de ses premières collections - présentée à Paris - qui puise son inspiration dans l'univers de la sorcellerie et de l'iconographie de symboles magiques de Keith Haring. Ici des silhouettes étourdissantes, d'imposantes épaulettes pointues côtoient des superpositions de pièces en maille. La collection Dressed to Scale, automne-hiver 1998-99 accentue, quant à elle, jusqu’à l’exagération certaines caractéristiques des vêtements. Ces extravagances, références à la mode du XVIIIe siècle entendent susciter la réflexion et le débat. Pour Vivienne Westwood les vêtements sont un moyen de faire passer des messages : ainsi la collection Propaganda automne-hiver 2005-06, son défilé le plus politique, rend hommage à sa période punk. 

La plus grande collection privée de malles Louis Vuitton 

Avec Legendary Trunks : A European Private Collection, Christie's France met aux enchères la plus grande collection privée de malles Louis Vuitton jamais proposée présentée jusqu'au 3 juillet chez Christie’s France. Réunis par un collectionneur, ces 100 modèles emblématiques d’une époque ou d’un style sont estimés entre 1,4 M et 2,1 M d'euros. 

Dans l'histoire des malles, c'est Louis Vuitton qui a donné vie aux premières malles de luxe. De sa fondation en 1854 jusqu'aux créations contemporaines, elles témoignent du savoir-faire de plus de cinq générations d’artisans. Elles réunissent des matériaux aussi divers que le zinc, le cuivre, le bois, le cuir et la toile. Alliant robustesse et sophistication intemporelle, elles sont conçues pour répondre aux besoins de voyage de leur époque. La diversité des modèles présentés illustre l’évolution du design, répondant aux demandes changeantes d'une clientèle élégante en quête de praticité. Le travail des lattes et des clous en laiton bombé rend chaque malle aussi unique que la serrure dont elle est dotée. Année après année, l'attrait pour les malles ne faiblit pas et les directeurs créatifs successifs perpétuent cette tradition en y ajoutant des touches de modernité. 

Parmi la vente, on découvrira une malle Armoire de 1900 avec un extérieur en cuivre, matériau rare utilisé pour offrir une protection contre les éléments pendant les voyages vers des destinations lointaines. La malle Bureau, des années 1920-1930, comprend des compartiments à papeterie, une table pliante et un verrouillage central. Certaines incarnent des solutions ingénieuses pour une clientèle luxueuse : une en alligator révèle un set à caviar avec quatre verres à shot ; une autre en toile Monogram peut contenir un gâteau d’anniversaire avec un couteau à gâteau et des fourchettes, une dernière un jeu de croquet pour huit joueurs. Il y a aussi des collaborations et des éditions spéciales : la malle Bibliothèque Hemingway, conçue en 1927, est l'exemple le plus iconique de bibliothèque de voyage. Autre commande spéciale, une malle Courrier de la collection du banquier et philanthrope français Albert Kahn, qui a consacré une partie de sa vie et de sa fortune à parcourir le monde pour documenter et promouvoir la diversité culturelle. Sans oublier également des malles acquises par l’acteur John Moffat, alias Hercule Poirot, des années 1930 dont une malle Armoire en toile monogrammée qui indique son nom et compte six tiroirs et des cintres. 

Des photographies des années 1930 de Frederick Stevens Rockwell

La collection de 150 photographies des années 1930 de Frederick Stevens Rockwell est l'objet d'une vente aux enchères Art Research Paris le 25 juin. Très connu en son temps, ce photographe oublié a fait la une de Time Magazine avec un portrait d'Elsa Schiaparelli en 1934. Les reproductions de ses photographies sont présentes dans des revues anglaises telles que The Sketch ou The Sphere. Il a réalisé la première campagne publicitaire pour Coca-Cola lors de l'installation de la compagnie à Paris, en 1931.

Frederick Stevens Rockwell a épousé en 1925 la rédactrice de mode Grace Corson, aux Etats-unis, qui lui a apporté les bons contacts parisiens : Elsa Schiaparelli, Maggy Rouf, Lucien Lelong, Edward Molyneux, Maria Guy, Charles Worth... mais aussi la possibilité de réaliser plusieurs photos de Diana Vreeland. Après sa séparation avec cette pionnière américaine de la mode - à l’origine de son séjour parisien et avec qui il a vécu le tourbillon des Années folles dans la villa Léandre à Montmartre -, il est reparti en Amérique où il a reconstruit une famille et une vie professionnelle. Grâce Corson est, quant à elle, rentrée à New York en 1935. Son rôle dans l’histoire de la mode a été l’objet de nombreux articles.