Une croisière anglaise pour Dior
Le duo créatif à la tête du studio, les Suisses Lucie Meier et Serge Ruffieux, qui assurent la transition en attendant la nomination prochaine d'un directeur artistique, ont mêlé les références aux classiques de la maison et les influences anglaises. Dans ce château du début du 18e siècle près d'Oxford où la maison Dior avait déjà défilé en 1954 et 1958, les mannequins ont foulé un podium représentant une scène de chasse à courre.
L’inspiration n’est pas seulement le vestiaire de la haute société d’après guerre mais aussi l’effervescence et l’esprit d’aventure qui y régnaient. La campagne anglaise est évoquée par des allusions à la chasse et à son univers pictural. Les basques formant le tailleur Bar emblématique se détachent pour devenir des minijupes, se superposent à un pantalon, une robe... Les imprimés végétaux s'entremêlent, les couleurs s'entrechoquent pour une touche d'originalité toute britannique. La collection, qui se veut fonctionnelle, comporte de nombreuses poches, des vestes qui se ferment avec des foulards, un sac banane qui se porte sur l'épaule.
Des éclats de rouge rappellent l’écarlate des costumes des chasseurs à courre. Les Tweeds sont rustiques et les popelines rurales, jusqu’aux scènes équestres que l’on retrouve au milieu de jacquards figuratifs ou mêlées à des bouquets de fleurs des champs. Ces dessins se mélangent aux velours dévorés, aux soies d’Asie et aux imprimés africains, aux motifs tissés et aux broderies, traduisant un esprit explorateur.
"On a pensé à la Parisienne de Dior qui va à Londres et devient plus excentrique", a expliqué à l'AFP Serge Ruffieux, qui y voit "une suite logique, en plus affirmé" des collections précédentes du duo, qui a pris la relève après le départ en octobre 2015 de Raf Simons.
Un dialogue culturel de longue date
Cette conversation entre style anglais et style français fait écho au dialogue entre le passé et le présent et aux échanges culturels entre les deux pays. Au XVIIIe siècle, la mode en France s’est prise d’anglomanie, tandis qu’au XXe le mouvement s’inverse et la couture française rayonne en Grande-Bretagne. A commencer par celle de Christian Dior qui s’inspire de la mode anglaise : si le couturier faisait confectionner ses propres costumes chez les tailleurs de Savile Row, il utilisait également les codes masculins comme les laines anglaises, les tweeds écossais et les motifs Prince-de-Galles pour souligner la féminité de ses créations.La Croisière, désormais un événement médiatique
Très importantes d'un point de vue commercial, les collections croisière, dont les présentations étaient traditionnellement réservées aux acheteurs, sont devenues des événements médiatiques majeurs entre deux périodes de Fashion Weeks. "Nos clientes sont patientes mais elles veulent de la nouveauté ! Ces collections croisière ont pris de l'importance aux yeux du public, et sont aussi créatives que les autres collections", estime le PDG de Dior, Sidney Toledano.Pour ces shows spectaculaires, les grandes maisons rivalisent de destinations toujours plus extraordinaires. Chanel a récemment défilé à La Havane, Louis Vuitton à Rio de Janeiro, et Gucci présentera le 2 juin sa collection croisière à l'abbaye de Westminster à Londres. C'est aussi l'occasion pour ces maisons de se rapprocher d'un marché important pour elles. Pour le défilé Dior, la majorité des clientes invitées étaient londoniennes.
Ces collections, disponibles en novembre, sont celles qui restent le plus longtemps dans les magasins, souligne Patricia Romatet, directrice d'études à l'Institut français de la mode. "Selon les maisons, c'est entre 60% et 80% du chiffre d'affaires de la saison en prêt-à-porter".
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