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Rencontre avec Tsumori Chisato, une créatrice japonaise à l'âme voyageuse

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Rencontre touchante avec une créatrice, sensible et globe-trotter, dont la vie est une constante quête d’inspiration pour elle-même et pour ses collections. Tsumori Chisato, de passage à Paris, a accepté de jouer au jeu des questions-réponses dans son appartement parisien. Découverte de son attachement pour Paris et petite indiscrétion de la créatrice sur sa prochaine collection: "Le vêtement que la femme veut porter sera une pièce chaude», de là à penser que le thème de la montagne soit privilégié... Réponse le 3 mars au défilé.

Quel est le voyage qui vous a le plus inspiré ? Quelle est la collection qui en découle ?
« C’est l’Australie où j’ai séjourné dans un hôtel perdu dans la nature avec des sortes de tentes très modernes et très luxueuses où j’ai pu me concentrer sur moi-même. Je dinais à la lumière des étoiles et c’était vraiment magnifique, il n’y avait aucune pollution. Cette halte dans l’hôtel longitude 131 m'a inspirée la collection automne-hiver 2009 et, j’ai fait un mixte avec la ligne d’horizon de Tokyo où j’habite ».

Un pays vous a-t-il inspiré plusieurs collections ?
« Plusieurs pays peuvent m’inspirer une même collection, plutôt que l’inverse. J’ai toujours en tête les inspirations des voyages que j’ai fait précédemment et, par exemple, tous les pays scandinaves (je les ai tous fait) que j’aime beaucoup, m’inspirent. Et je mixe alors des influences et des pays qui se ressemblent comme la Finlande et la Norvège mais je ne le ferai pas, par exemple, entre le Kenya et la Chine. Oui, la Finlande m’a inspirée deux collections automne-hiver mais pas deux collections à la suite ».

Quelle est votre ville préférée ?
« Paris, où je trouve l’inspiration. Cela fait maintenant de nombreuses années que je défile à Paris. Mon bureau d’études est à Tokyo mais ici il y a moins d’effervescence. C’est pourquoi j’ai pris cet appartement au printemps 2010. Je peux me reposer l’esprit pour trouver l’inspiration. Je viens, ici, désormais, plus souvent, tous les 2 mois. Avant, quand je n’avais pas cet appartement, je venais pour des visites éclair pour moins d’une semaine. C’était entre 5 et 6 fois par an (pour les trend show, le salon Première Vision, les meeting, les défilés mais aussi des cocktails et des rendez-vous…) ».

« Systématiquement après les défilés, je pars en voyage. C’est vraiment mon but. Même au Japon, il y a plein d’endroits que j’aimerai faire. Certes, ces voyages nourrissent mon inspiration mais pas seulement. Je fais le style, le choix des tissus, le choix des prestataires, je voyage pour trouver des usines… Je n’ai pas de problème pour déléguer mais j’aime avoir la main sur tout, gérer d'un bout à l'autre ! »

Que représente Paris pour vous ?
« J’aime beaucoup rencontrer les gens, donc quand je viens, c’est le moyen d’échanger avec de nouvelles personnes. C’est la découverte de nouveaux lieux, forcément de nouvelles choses à voir et à acheter du coup pour m’inspirer. Ma vie est une constante quête d’inspiration pour moi-même et pour mes collections. A Paris, plus qu’ailleurs car c’est une culture très différente de la culture japonaise ».

Pourquoi défiler à Paris ?
« Je défile à Paris depuis 8 ans (2003). Avant, je ne défilais qu’à Tokyo. Paris étant la capitale de la mode, je voulais montrer mon travail au monde entier car tout le monde ne pouvait pas aller à Tokyo. En plus de le montrer, c’est aussi un moyen de recevoir des critiques, qu’elles soient bonnes ou mauvaises ».

Quels sont vos lieux préférés à Paris ?
« Les parcs en priorité, bien entendu ! J’aime tout particulièrement le Café Marly. Ainsi après chaque défilé, quand la tension baisse, j’ai l’habitude d’y aller avec mes plus proches collaborateurs. Le restaurant chez Camille (rue des Francs Bourgeois) qui n’est pas un lieu étoilé mais j’y trouve de vrais plats français et ce n’est pas loin de ma boutique (Rue Barbette). Ainsi que Le Bread and Roses à côté de chez moi. L'intimité des lieux est une priorité, plus que des adresses prestigieuses ».

Que faites-vous quand vous venez à Paris ?
« Je viens faire du shopping-recherche car comme beaucoup de créateurs je suis toujours en train de travailler. J’aime aller aux puces, acheter des sacs Chanel. Mais aussi faire du shopping chez mes créateurs préférés. Il y a, par exemple, Sonia Rykiel car je trouve que les créatrices féminines françaises, en tant de femmes, comprennent mieux la femme que les créateurs masculins, mais aussi Schiaparelli. J'aime voir des expositions (Madame Grey), les expositions à la fondation Yves Saint Laurent- Pierre Bergé mais aussi beaucoup le musée des Arts Déco. D’une façon générale, c'est le plus souvent l’exposition qui se tient quand je suis à Paris ».

Pourriez-vous vivre à temps plein à Paris ?
« I Hope but i’dont know ». Je pourrai, j’espère. Mais je ne sais pas aux vues des contraintes dues à mon travail car tout le monde est à Tokyo je ne sais pas si je pourrai vivre qu’à Paris ».

Depuis 20 ans, quelle est la collection qui est la plus représentative de votre univers ?
« Mon dernier show à Tokyo, car il était très puissant. J’avais tout donné ! En l’occurrence, c’est le show qui m’a laissé le souvenir le plus fort. Son thème: Tokyo pop ».

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Quelle est votre destination préférée ?
« La Laponie, j’y suis déjà allée mais je voudrai y retourner. Ce pays m’a inspiré une collection mais c’était une Laponie imaginaire car quand j’ai fait cette collection je n’avais pas encore visité le pays ».

Qu'emportez-vous toujours dans votre valise ?
« Ce serait très chic de ne voyager qu’avec mon passeport idéalement mais j’ai toujours un cahier de dessins... pour dessiner dès que j’ai un moment de libre ».

Comment imaginez-vous la parisienne qui porte du Tsumori Chisato ?
« Ma cliente est avertie. En fait, elle a son propre style. L’idée, c’est qu’elle sait mixer ses propres vêtements avec ceux de ma marque pour faire ressortir leur propre personnalité. C’est un phénomène que je ne constate qu’à Paris. Dans le sens où les femmes, ici, savent, comment s’habiller plus qu’ailleurs, c’est une évidence ! La parisienne est très ouverte d’esprit. Au Japon, les femmes mixent également mais la Parisienne apparaît, cependant, plus élégante et plus adulte ».
 

Tsumori Chisato à Paris. Décembre 2011
 (Corinne Jeammet)

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