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Rencontre avec Estelle Danière, meneuse de revue aux Folies Bergère

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet
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Temps de lecture : 5min
Alors que les Folies Bergère ont dispersé ce week-end 30 ans de création -soit 6.000 costumes fabriqués entre 1970 et 2000-, voici les impressions d’Estelle Danière - dernière meneuse de revue sous la direction artistique de Michel Gyarmathy- sur cette vente exceptionnelle, qui s'achève mercredi. Avis aux amateurs, 80 lots d'accessoires sont encore en vente.

Quel est votre parcours aux Folies Bergère ?
« J’ai dû y passer à peu près six ans au total. La première fois, j’avais 17 ans. J’y suis restée deux ans. Mais, après avoir été voir ailleurs, je suis revenue en tant que première soliste où j’avais une place plus importante qu’à mes débuts. Je suis repartie à nouveau, acquérir des expériences à l’étranger. Les Folies m’ont rappelée. C’était incroyable parce que je les avais déjà quittés à deux reprises. Michel Gyarmathy m’a proposé de passer l’audition du poste de meneuse de revue. J’ai réussi et j’ai mené la revue pendant trois ans. Une place en or ! Grâce à ma formation de danseuse, j’avais un numéro de corde lisse acrobatique mais je faisais aussi de l'animation, je chantais, je dansais... Un véritable conte de fée qui a duré jusqu’en 1991 ».

A partir de 1993, le style des spectacles change, la directrice Hélène Martini jouera sur la modernité et la remise au goût du jour des revues avant de céder en 2011 les Folies Bergère au groupe Lagardère et au producteur Jean-Marc Dumontet. Elle a décidé de se défaire des 6.000 costumes et accessoires qu'elle avait accumulés pendant près de quarante ans dans une dépendance de son château en région parisienne et dans des locaux à Pigalle, où elle habite toujours.

Que pensez-vous de la vente des costumes ?
« Cela me fait plaisir de voir que ces costumes vont avoir une seconde vie. Que pour d’autres revues de cabaret, pour le cinéma, des musées ou des collectionneurs, ils vont encore servir au lieu de moisir dans un grenier » indique-t-elle.

Estelle Danière dans la revue Folies en folie CMS-ContentHasMedia_

Souhaitez-vous acquérir des pièces ?
« Je ne cacherai pas que des affiches de Michel Gyarmathy ou du dessinateur Erté me tentent assez » explique-t-elle. Erté avait fait fureur dans les années 30 en collaborant avec Paul Poiret, il avait été relancé par Hélène Martini, pour qui il réalisa des dessins et des décors pour le cabaret. « Question costumes, je suis moins tenté. Il est vrai que je possède déjà quelques petits objets dont un soutien-gorge avec trois rangées de strass, que j’ai conservé de cette époque » précise-t-elle avec un sourire nostalgique.

Quels sont les pièces que l’on peut acquérir pour porter au quotidien ?
« Il y a plein de petites robes plissées noires et blanches, esprit tennis, voire un peu art déco… qui sont très portables. Sans oublier tous les accessoires ». 

Votre pièce fétiche
« Ma pièce fétiche me rappelle un moment fort. Il s'agit d'une étole en renard blanc. Une pièce que j’ai porté lors du final, le dernier jour de ma carrière de meneuse de revue. Elle fait partie des objets qui me tiennent à coeur" explique-t-elle en contemplant avec bonheur ce costume.

Une pièce détestée
« Il n’y a pas de costumes que j’ai vraiment détesté mais il est vrai qu’à une époque je descendais l’escalier en crinoline avec un très long manteau, qui recouvrait marche après marche tout l’escalier. Il était extrêmement lourd et je devais lutter car son poids m’entrainait en arrière. La descente était périlleuse » explique Estelle Danière avant de rajouter « D’autres vêtements plus légers pouvaient aussi se révéler désagréables : ainsi toutes les pièces en strass et métal, par exemple, étaient très froides à porter ou encore les harnais de plumes qui étaient assez lourds».

Les Folies Bergère, une école de discipline
S'il fallait savoir bien se tenir pour moins souffrir en portant les costumes des revues, les Folies Bergère restent une expérience incroyable aux dires d'Estelle Danière. Un univers à part qui exigeait une certaine discipline mais une expérience qui permet, ensuite, de bifurquer. « C’est ce que j’ai fait après en faisant du théâtre ainsi que des comédies musicales comme "Chantons sous la pluie", "Certains l’aiment chaud", "None sens", "Lady in the dark", "Anne le musical"... "Le chant est un moyen d’expression, plus dépouillé mais plus intense" rajoute la meneuse de revue qui a en préparation, la comédie musicale "Le baiser de la femme araignée".

Encore 80 lots d'accessoires en vente mercredi
Au total, les souvenirs des Folies Bergère ont rapporté ce week-end 413.212 euros, bien au-delà des estimations volontairement basses. Les 80 lots d'accessoires au catalogue -n'ayant pu être vendus dimanche - seront dispersés lors de la vente du reste du stock, le 13 juin à partir de 13h.
Bagnolet entrepôts TSE. 56, rue Louis David. 93170 Bagnolet (Seine Saint-Denis). Exposition le 12 juin de 10h à 12h et de 14h à 18h, puis le 13 juin de 9 h à 11h.

Estelle Danière, meneuse de revue avec sa pièce fétiche
 (Corinne Jeammet)

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