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"Les liaisons dangereuses" de Malkovich: les dessous des costumes

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
La mise en scène de la pièce "Les liaisons dangereuses" m'a donné envie d’en savoir plus. Echanges entre la costumière Mina Ly et l’actrice Sophie Barjac pour dénouer le fil de cette garde-robe qui oscille entre modernité et tradition et qui m'a tant séduite !

A l’époque de Choderlos de Laclos, c’est par lettres que s’échangeait la correspondance amoureuse. Le développement d’internet, des SMS et des réseaux sociaux ont provoqué un retour de l’écrit. Une façon de communiquer qui a inspiré le metteur en scène John Malkovich. Un texte que l’acteur connait, puisqu’il a été révélé au cinéma, en 1988, avec son personnage de Valmont dans le film de Stephen Frears. Tout en respectant la beauté de la langue française du 18e siècle, l’interprétation des jeunes acteurs séduira tant la génération Facebook que les fidèles de la tradition romanesque. Ici, l’échange avec le public est réel : au changement de scènes, les acteurs restent sur le plateau au lieu de sortir, ils deviennent alors spectateurs-acteurs de la scène en cours.

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Décors et costumes oscillent entre tradition et modernité
Sur un plateau nu, sans décor, avec juste quelques meubles de toutes époques, les acteurs portables à la main et tablettes dans le sac, portent des costumes mixant tradition et modernité, dont l'architecture est apparente. C'est un mélange entre le 18e siècle et maintenant. Des costumes réalisés par la Franco-Coréenne Mina Ly, qui a étudié la mode à Séoul, puis à l’institut Marongoni à Milan. Après avoir travaillé pour de petites compagnies, elle collabore à des projets de plus grande envergure : shows (Disney, Céline Dion à Las Vegas…), danse, opéra, cabaret et  théâtre.

Comment avez-vous abordé cette pièce ?
Mina Ly: « A chaque fois, que je commence un nouveau travail, j’essaie d’être le plus neutre possible. Une fois que je comprends l’univers, je fais des propositions au metteur en scène ainsi que des croquis ».

L’acteur et réalisateur américain est un passionné de mode. Depuis 3 ans, il signe une collection de vêtements et d'accessoires dans un style "dandy bohème" "pour des hommes ancrés dans l'esprit du XXIe siècle" sous la griffe "Technobohemian". 

Quels ont été les indications du metteur en scène ?
Mina Ly: « Travailler avec John Malkovich est un vrai plaisir. Il a beaucoup de goût. Il est très précis. Il voulait des costumes non terminés. Un peu comme dans une répétition… en essayant de combiner des éléments non finis. C’est un mélange de moderne et de tradition. En quelque sorte, il fallait se glisser dans les codes cachés de la dramaturgie ».

Sophie Barjac: « Oui, c’est vrai, il m’avait parlé de bâti et cela ne m’a pas surpris. Pour ma part, j’adore jouer en costume. Je me laisse faire, je respecte le metteur en scène, ce n’est pas mon spectacle ! C’est son parti pris, je vais m’y fondre mais aussi m’en servir pour adhérer au personnage ».

Certains personnages ont-ils retenu plus particulièrement votre attention ? 
Mina Ly: « Le Viconte de Valmont et la Marquise de Merteuil sont semblables, ils sont tous deux libertins. Ils ont les mêmes objectifs, ils usent des mêmes procédés. Ce sont deux personnages attendrissants mais surtout au centre de la pièce, auxquels je me suis attachée. Leur apparence devait être plus moderne mais cependant de manière très authentique et historique ».

Peut-on dire que le costume porte son propre langage ?
Mina Ly: « Le panier-crinoline, par exemple, est un symbole. Celui de Madame de Rosemonde est entier tandis que celui de la Marquise de Merteuil est rabattable. Le costume, ici, est évolutif. Le panier entier de Madame de Rosemonde symbolise le poids des ans, ainsi que le passé. Pour cette vieille dame, la traîne est également la plus longue. C’est nécessaire pour le personnage qui représente certaines valeurs».

Sophie Barjac: « J’avais envie du panier. Le personnage de Madame de Rosemonde montre le passage. Elle appartient au passé, à un autre siècle. Madame de Rosemonde est née là-dedans, elle n’a pas d’échappatoire. C'est une femme sage».

« Les liaisons dangereuses »  d’après Choderlos De Laclos. Mise en scène John Malkovich. Théâtre de l’Atelier. 1, place Charles Dullin. 75018 Paris. Location : 01.46.06.49.24. Représentations du mardi au samedi à 20h. Matinées samedi à 16h. 150ème et dernière représentation le 30 juin 2012.

La troupe des "Liaisons dangeureuses" avec John Malkovich
 (Gaspard Leclerc)
John Malkovich rectifie un détail de la tenue du Viconte de Valmont
 (Gaspard Leclerc)

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