"Le XVIIIe au goût du jour" s'invite au Grand Trianon à Versailles
Rayonnant sur les cours européennes, la culture française éclaire ce XVIIIème siècle incarné par Madame de Pompadour, Madame Du Barry et plus encore Marie-Antoinette – figures de la frivolité qui fascinent tant le cinéma, la littérature et la mode. Immenses coiffures poudrées, corps à baleines et jupes à panier, volants et falbalas, escarpolettes et chuchotements, tel est ce XVIIIème siècle portant l’artifice à son paroxysme.
Un style fantasmé qui donne libre cours à l’interprétation : les Soeurs Boué font revivre paniers et dentelles avec les robes de style des années 20, Christian Dior et Pierre Balmain proposent des robes du soir brodées de motifs décoratifs typiquement XVIIIème, Vivienne Westwood redonne vie à des courtisanes délurées, Azzedine Alaïa corsète les gorges des galantes, Karl Lagerfeld pour Chanel invite Watteau avec ses robes à la française, la Maison Christian Dior pare les dames de cour de mille atours, Christian Lacroix drape ses reines de brocarts chamarrés de pierreries et Olivier Theyskens pour Rochas convoque le fantôme de Marie-Antoinette dans un film hollywoodien.
Si le registre de l’épure en noir & blanc est joué par Yves Saint Laurent, Martin Margiela détourne l’habit masculin en vêtement féminin, Nicolas Ghesquière pour Balenciaga habille les femmes en petits marquis parés de dentelles millefeuille et Alexander McQueen pour Givenchy revêt ses marquises de justaucorps brodés de fils d’or. Avec Yohji Yamamoto, les robes de cour se déstructurent, et, avec Rei Kawakubo, c’est au tour des redingotes. Alors que Thierry Mugler cache des paniers surdimensionnés sous les robes, Jean Paul Gaultier, lui, les met sens dessus dessous.
Jean-Jacques Aillagon et Olivier Saillard donnent leur avis
"On a l'impression que ces mannequins vont s'animer et refaire ce que Trianon était, c'est-à-dire, un palais pour vivre", estime Jean-Jacques Aillagon, président de l'établissement public du domaine de Versailles. Cette première exposition, à Trianon, vise à "démontrer que Versailles a eu un rôle éminent dans la mode, qui a perduré et a inspiré les créateurs de notre temps". Elle s'inscrit "dans la suite de ce qu'(il a) fait avec l'art contemporain en amenant à Versailles Jeff Koons, Xavier Veilhan, Takashi Murakami et l'année prochaine Joana Vasconcelos, pour montrer qu'entre l'expression artistique d'aujourd'hui et d'hier, il y a des résonances. Et dans cette exposition, c'est troublant (de voir) à quel point la résonance est forte".
"Pour les créateurs, traiter du XVIIIe siècle, qui est un siècle si délicat, où la mode évoluait peu, c'est traiter d'une contrée qui n'existe plus", déclare Olivier Saillard, commissaire de l'exposition et directeur du musée Galliera, pour qui le visiteur doit avoir "l'impression que les robes ont toujours été là". Cette exposition a été construite également en "essayant de regarder le XVIIIe avec des yeux contemporains, comme s'il s'agissait d'un nouveau créateur de mode ", selon M. Saillard.
Grand Trianon à Versailles. L’exposition est ouverte tous les jours, sauf le lundi, de 12h à 18h30. Elle est incluse dans le circuit de visite des châteaux de Trianon et Domaine de Marie-Antoinette. Le catalogue de l'exposition: "Le XVIIIe au goût du jour. Couturiers et créateurs de mode au Grand Trianon". 75 illustrations (couleurs). 23 €. Ouvrage bilingue (français-anglais).
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