Pierre Cardin fait défiler son masculin, à Paris
A la veille de ses 90 ans, l'inventeur du pap revient dans le calendrier des défilés masculins pour son plus "grand plaisir". Dernier couturier des grandes maisons de l'après-guerre, l'élégant monsieur qui a travaillé avec Dior avant de fonder sa maison au début des années 1950, présente des collections à son rythme. Son dernier défilé en 2010, fleuve, mêlait modèles féminins et masculins.
Il veut croire qu'il a encore quelque chose à apporter au vestiaire contemporain
"C'est l'opportunité de présenter mon style, ma personnalité, ce qui a fait mon nom. Je le fais avec grand plaisir". "Voilà mes hommes modernes!", s'exclame-t-il dans son bureau parisien, en montrant l'une des silhouettes qui défilera dimanche, une veste en feutre noir aux manches très courtes, fidèle à la thématique de science-fiction qu'il revisite depuis les années 1960. "Cela ne ressemble à personne, vous êtes bien de mon avis et c'est portable! Les femmes font voir leurs jambes, moi je fais voir les bras musclés des hommes", s'amuse-t-il, évoquant des "sensualités différentes".
Cette saison, il défile en masculin au salon Tranoï et a prévu d'y retourner en octobre prochain pour une exceptionnelle présentation de la collection femme…
Des étudiants pour son premier défilé masculin en 1958
Pour son premier défilé masculin, à une époque où les mannequins homme n'existaient pas, il avait du faire preuve d'imagination. "J'ai téléphoné aux recteurs d'université pour leur demander de m'envoyer des étudiants. Le défilé à l'hôtel Crillon, place de la Concorde, a été un triomphe", se souvient-il. "Au début, cela a été mal vu, qu'est-ce qu'il vient faire dans la mode masculine alors qu'il est couturier?", se rappelle celui qui a créé le scandale à la même époque pour avoir voulu, avec la création du prêt-à-porter, faire descendre la mode dans la rue.
Un touche-à-tout... toujours passionné
C'est la même envie qui le pousse à s'intéresser aux marchés asiatiques et à devenir pionnier du "business model" de la licence, qui s'est depuis imposé dans l'univers de la mode: un contrat confiant la fabrication de produits à une entreprise en échange de royalties, pour l'utilisation du nom. "J'ai commencé avec des cravates", se souvient-il. Aujourd'hui une variété étonnante de produits porte le nom du millionnaire ou celui du restaurant Maxim's dont il est propriétaire.