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New York, Londres, Milan, Paris : 4 fashions weeks de caractère, face à la crise

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet + agences
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Temps de lecture : 5min
Du 6 septembre au 3 octobre 2012, la planète mode a bruissé au rythme de ces 4 fashions weeks consacrées aux collections printemps-été 2013. Dans un contexte économique difficile, chacune d'entre elles a essayé, tout en faisant preuve de créativité, de tirer son épingle du jeu.

New York a ouvert le bal le 6 septembre (jusqu’au 13/09) avec 300 défilés et présentations dans un climat de confiance malgré une économie terne. Les organisateurs ont diffusé des défilés sur grand écran et en direct à Times Square, retransmis ensuite sur internet. Cette perméabilité entre monde de la mode et de la rue est, selon les experts, l'une des grandes forces de la mode new-yorkaise et de son industrie.

Le "battement de coeur du mouvement pop" est à la base du succès de New York en tant que "capitale de la mode", estime Scott Stoddart de l’école Fashion Institute of Technology alors que la consommation et la croissance économique peinent à se relever. "Le mariage de la culture populaire et de la mode est traditionnellement ce vers quoi tendent les créateurs américains", ajoute-t-il. "On achète des effets de mode non pas pour les regarder mais pour les porter. A Paris ou Milan, les créations sont inspirantes et pleines d'idées mais on ne les imaginerait pas dans la rue". "Nous avons plus de jeunes talents que partout ailleurs. A New York, c'est la mode pour le futur", s'enthousiasme Hal Rubinstein, de InStyle Magazine. Défilé Diane Von Furstenberg

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Moins longue (du 14 au 18/09) et moins cotée, Londres -capitale mondiale de la mode pour le 2e année consécutive- mise traditionnellement sur son vivier de jeunes stylistes. Un titre qui s'explique, selon la société Global Language monitor, par l'image de Kate, l'épouse du prince William, devenue une icône de la mode et par le succès des JO cet été. "Nous sommes connus pour notre créativité, pour notre cohorte de jeunes talents, qui montent des entreprises à succès", souligne Caroline Rush, DG du British Fashion Council, qui organise l'événement avec 60 défilés et 30 présentations. Des jeunes, pour beaucoup issus des écoles comme la Central Saint Martins, qui côtoient des "marques fortes comme Burberry, des stylistes emblématiques comme Paul Smith et Jasper Conran", explique-t-elle. "Nos stylistes sont de plus en plus forts, en même temps ils affirment leur particularité", s'est félicité Harold Tillman, l'ex-président du BFC.

« Trop d'ailleurs », d'après Colin McDowell : "Le problème est que certains restent trop longtemps des jeunes stylistes, ils ne se développent pas assez : ils ne sont pas assez soutenus justement parce qu'il y a trop de jeunes designers", a expliqué ce spécialiste de la mode qui a mis en place la Fashion Fringe, pour mettre en relation les jeunes stylistes avec des hommes d'affaires et des juristes. Défilé Burberry Prorsum

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Sur les podiums milanais du 19 au 25 septembre, l'ambiance était morose alors que le secteur du textile et de la mode italienne est touché par la crise. 72 défilés et 65 présentations émaillaient cette semaine ponctuée d'expositions, d'inaugurations de boutiques de luxe et initiatives culturelles... La Chambre de la mode italienne n'en cache pas moins son inquiétude. Comment peut-on exporter davantage alors que produire en Italie est toujours plus coûteux ? questionne son président Mario Boselli.

Selon le SMI, association réunissant les entreprises du textile et de l'habillement, la production du textile italien a enregistré une chute de 15,3% au 1er semestre. "Ce sont les entreprises tournées vers le marché italien qui souffrent le plus. Beaucoup sont amenées à fermer", explique Cleto Sagripanti, président de l'association des chausseurs italiens. "Nous ne demandons pas d'argent au gouvernement mais qu'il défende nos intérêts… Et surtout qu'il prenne des mesures pour protéger la filière, car si nous perdons nos PME et nos petits laboratoires, la source du Made in Italy s'assèchera définitivement", conclut-il. Défilé Gucci

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La semaine de la mode parisienne, du 25/09 au 3/10, s'est située à un niveau "rarement atteint". "Il y a eu beaucoup de recherche dans les matières et les coupes, une sophistication moins visible et plus intériorisée", a estimé Tancrède de Lalun, directeur des marchés mode au Printemps. « Les griffes puisent dans leurs archives pour proposer une mode sophistiquée mais sans ostentation et facile à commercialiser. Pour être reconnues, elles doivent offrir aux femmes une identité propre, moderne et portable à la fois", relève Michel Roulleau, DG adjoint aux Galeries Lafayette. "Elles ont compris qu'après les sacs, il leur fallait un prêt-à-porter iconique", ajoute-t-il.

Dans une atmosphère assombrie par la crise européenne et le ralentissement de l'économie chinoise, les marques ont fait preuve d'une créativité mêlée de pragmatisme, l'inquiétude dominait chez les acheteurs et les distributeurs. "Les mois qui viennent vont être très difficiles en Europe et le fort ralentissement en Chine inquiète" a déclaré Michel Roulleau. Les acheteurs américains et européens sont sur la défensive. L'Italie et l'Espagne sont très négatifs tandis que les asiatiques achètent "énormément", a-t-il précisé avant de rajouter : « Les consommateurs chinois sont en quête de différenciation et recherchent de plus en plus des marques raffinées, qui n'affichent pas de logos". Défilé Chanel

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Défilés Mendel (New YorK), Armani (Milan), Vivienne Westwood (Londres), Saint Laurent (Paris)
 (AFP)
Défilé Mendel printemps-été 2013, à New York
 (E.Dunand. AFP)
Défilé Maria Grachvogel printemps-été 2013, à Londres
 (C.Court. AFP)
Défilé Ferragamo printemps-été 2013, à Milan
 (O.Morin. AFP)
Défilé Chloé pap printemps-été 2013, à Paris (septembre 2012)
 (UPI/MAXPPP)

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