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Mode du vêtement islamique : malaise grandissant en France

De plus en plus de marques, y compris de luxe, se lancent sur le marché porteur de la mode islamique. Pierre Bergé a conjuré mercredi les créateurs de "ne pas enfermer les femmes dans des voiles, comme des prisons". La ministre des droits des femmes Laurence Rossignol a elle aussi dénoncé mercredi le développement par certaines enseignes de ce segment de marché.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Un modèle à la Dubaï Fashion Week.
 (Marwan Naamani / AFP)


Pierre Bergé appelle à ne pas être "complice de cette dictature"

"Les créateurs de mode n'ont rien à faire sur le terrain de la mode islamique. Je suis scandalisé. Moi qui a été près de 40 ans au côté de Yves Saint Laurent, j'ai toujours cru qu'un créateur de mode était là pour embellir les femmes, pour leur donner la liberté, pas pour être le complice de cette dictature qui impose cette chose abominable qui fait qu'on cache les femmes, qu'on leur fait vivre une vie dissimulée", a dit Pierre Bergé mercredi en direct sur Europe 1.

"Dans la vie, il faut se ranger du côté de la liberté. Il faut au contraire apprendre aux femmes à se dévêtir, à se révolter, à leur apprendre à vivre comme la plupart des femmes dans le monde entier", a ajouté" le président de la Fondation Bergé/Saint Laurent.

Pour Pierre Bergé, "ces créateurs qui participent à l'asservissement de la femme, devraient se poser des questions"."D'une certaine manière, ils sont complices, tout cela pour faire du fric. Les convictions doivent passer avant l'argent", a-t-il ajouté.

"Les femmes ont droit de se voiler, mais je ne vois pas pourquoi on va vers cette religion, ses habitudes, ses moeurs absolument incompatibles avec celles de la liberté qui sont les nôtres, occidentaux". "Je vis la plupart du temps au Maroc: je ne suis pas islamophobe, vraiment pas!", a assuré Pierre Bergé.

La ministre dénonce les grandes enseignes et déclenche une polémique

De son côté, la ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol a dénoncé sur RMC le développement par certaines marques et enseignes de distribution, de vêtements adaptés aux musulmanes comme le "burkini" (maillot de bain intégral) ou le hijab (voile intégral islamique).

"Lorsque des marques investissent ce marché (...) parce qu'il est lucratif, un marché pour les pays d'Europe, pas un marché pour les pays du Golfe (...), ils se mettent en retrait de leur responsabilité sociale", a-t-elle jugé sur la radio RMC.

Selon la ministre, ces tenues s'associent à un phénomène de raréfaction des femmes dehors ou dans les cafés dans certains quartiers.

Alors que le journaliste lui faisait remarquer que certaines femmes "choisissent" de porter ces vêtements, la ministre a répondu: "Mais bien sûr. Il y a des femmes qui choisissent, il y avait des nègres afr..., des nègres américains qui étaient pour l'esclavage".

L'utilisation de ce terme a déclenché de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux et sur internet. Interrogée par l'AFP, la ministre a reconnu une "faute de langage" sur l'emploi du mot "nègre", en soulignant qu'elle n'employait jamais ce terme "sauf quand on évoque l'esclavage et les négriers".

La mode islamique, un créneau porteur

Le segment de la mode musulmane attise les appétits. Selon le rapport Global Islamic Economy de Reuters cité par le Figaro en janvier, la communauté musulmane mondiale a dépensé 266 milliards de dollars en vêtements et chaussures en 2013. Ces dépenses devraient atteindre les 484 milliards en 2019 et promettent d'agumenter encore, la population musulmane étant globalement jeune et en augmentation.

En janvier, la marque de luxe Dolce & Gabbana a lancé une ligne de hijabs (voile classique couvrant la chevelure) et d'abayas (longues robes portées au-dessus des vêtements). Dans son communiqué, la griffe italienne soulignait que "les musulmans représentent 22% de la population mondiale, et leurs exigences vestimentaires sont trop souvent délaissées par les grandes maisons de couture et de prêt à porter européennes".

Mais les choses sont en train de changer. Ces dernières années, des marques comme Uniqlo, Mango, DKNY ou Tommy Hilfiger ont lancé des collections capsule à destination des musulmanes. L'enseigne de grands magasins britannique Marks & Spencer propose depuis peu des hidjabs ou des maillots de bains couvrant l'intégralité du corps, excepté le visage et les mains. Quant à la chaîne suédoise de prêt-à-porter H&M, elle a introduit récemment un mannequin voilé dans sa campagne de publicité internationale.

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