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L'artisanat de la chaussure européenne rattrapé par le Japon, nouvelle référence des maîtres bottiers
Yohei Fukuda est parti en Angleterre au début des années 2000 pour apprendre à devenir maître bottier. Aujourd'hui, dans son pays le Japon cet artisanat de luxe de tradition européenne a le vent en poupe. Et désormais, les milieux européen et japonais de la botterie s'inspirent mutuellement.
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"Le nombre d'ateliers de chaussures sur mesure a explosé au Japon. Il y en a au moins 40 dans l'agglomération de Tokyo aujourd'hui et peut-être près d'une centaine dans tout le pays", déclare Yohei Fukuda.
120 à 140 heures de travail pour fabriquer une paire de chaussures
Au-dessus de sa boutique située près des quartiers huppés d'Aoyama et Omotesando à Tokyo, un escalier étroit conduit à son atelier au charme suranné, au parfum de cuir et de colle. Ce jour-là, cinq jeunes apprentis sont à l'oeuvre, sur d'anciennes commodes anglaises des années 1920 transformées en établis. L'un vérifie la qualité d'une nouvelle livraison de cuir, tandis qu'un autre coud une semelle, en faisant des gestes amples des bras à chaque fois qu'il tend le fil.
De la minutieuse prise de mesure des pieds du client à l'assemblage de la tige en cuir et du semelage, tout est fait à la main. "Il faut de 120 à 140 heures de travail pour fabriquer ainsi une paire de chaussures. On en produit environ 80 par an", explique l'artisan de 37 ans, qui n'a aucune envie d'aller plus vite : "Je veux faire de bonnes chaussures." Ses clients, venant pour beaucoup de l'étranger, sont prêts à attendre longtemps et à y mettre le prix : une paire 100% sur mesure coûte plus de 3.600 euros.
La quête de la perfection
Le Japon a commencé à se passionner pour cet artisanat de luxe à l'orée des années 2000 sous l'effet de l'essor d'internet et de l'engouement local pour la mode masculine classique italienne. Des cursus locaux se sont alors multipliés.
"La chaussure sur mesure convient bien à l'esprit japonais avec son sens du détail", estime Mari Yamaguchi, qui enseigne ce savoir-faire à l'école privée d'arts appliqués Hiko Mizuno à Harajuku, haut lieu de la mode à Tokyo. "Un pied, c'est quelque chose de très spécial. Chaque pied est unique, comme chaque pièce de cuir. Dans la chaussure sur mesure faite à la main, le défi est de se rapprocher de la perfection en unissant ces deux matières imparfaites mais magiques", explique-t-elle. "Peut-être qu'au Japon on pense aussi davantage aux chaussures que dans d'autres cultures, parce que l'on se déchausse plusieurs fois par jour, dès que l'on pénètre dans une maison", estime cette enseignante qui, comme M. Fukuda, s'est formée en Angleterre.
"La chaussure sur mesure convient bien à l'esprit japonais avec son sens du détail", estime Mari Yamaguchi, qui enseigne ce savoir-faire à l'école privée d'arts appliqués Hiko Mizuno à Harajuku, haut lieu de la mode à Tokyo. "Un pied, c'est quelque chose de très spécial. Chaque pied est unique, comme chaque pièce de cuir. Dans la chaussure sur mesure faite à la main, le défi est de se rapprocher de la perfection en unissant ces deux matières imparfaites mais magiques", explique-t-elle. "Peut-être qu'au Japon on pense aussi davantage aux chaussures que dans d'autres cultures, parce que l'on se déchausse plusieurs fois par jour, dès que l'on pénètre dans une maison", estime cette enseignante qui, comme M. Fukuda, s'est formée en Angleterre.
Une inspiration réciproque
Les Japonais se sont taillé une solide réputation dans le métier : "Aujourd'hui, dans la plupart des pays d'Europe où la chaussure sur mesure est une tradition, l'Angleterre, l'Italie, la France, beaucoup d'entre eux sont employés dans les ateliers ou en apprentissage", relève Jesper Ingevaldsson, blogueur spécialisé dans ce domaine, Shoegazing.se. "Ils ont fait avec les chaussures ce qu'ils ont fait avec d'autres savoir-faire, comme le denim par exemple : ils l'apprennent à l'étranger, ils reviennent chez eux, ils le perfectionnent et le font évoluer", résume le blogueur suédois.
"Au Japon on n'invente pas mais notre regard extérieur nous permet d'améliorer les produits", estime Yohei Fukuda.
Désormais, les milieux européen et japonais de la botterie s'inspirent mutuellement. Grâce à une bourse de la fondation de la manufacture française de chaussures J.M. Weston, Clémence Rochard, 27 ans, a passé deux mois en apprentissage au Japon, dont la moitié dans l'atelier Fukuda. La jeune artisane en formation chez les Compagnons du Devoir a accompli un projet personnel : des chaussures en cuir fait main ornées d'un tissu de kimono fleuri et chatoyant qu'elle a déniché à Kyoto. "Au Japon, personne n'aurait pensé à faire cela", s'émerveille M. Fukuda.
Désormais, les milieux européen et japonais de la botterie s'inspirent mutuellement. Grâce à une bourse de la fondation de la manufacture française de chaussures J.M. Weston, Clémence Rochard, 27 ans, a passé deux mois en apprentissage au Japon, dont la moitié dans l'atelier Fukuda. La jeune artisane en formation chez les Compagnons du Devoir a accompli un projet personnel : des chaussures en cuir fait main ornées d'un tissu de kimono fleuri et chatoyant qu'elle a déniché à Kyoto. "Au Japon, personne n'aurait pensé à faire cela", s'émerveille M. Fukuda.
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