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Maria Grazia Chiuri rend hommage aux ateliers Dior et au savoir-faire haute couture

Une palette couleur chair, des broderies ton sur ton et des lignes épurées : "la haute couture n'a pas à être voyante", clame la directrice artistique de Dior qui veut faire passer le message à la génération Instagram. Bienvenue dans l'univers de l'atelier, auquel Maria Grazia Chiuri a voulu rendre hommage dans cette collection tout en sobriété et au "luxe caché", dit la créatrice italienne.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Dior haute couture automne-hiver 2018-19 à Paris, juillet 2018
 (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Dans les jardins du Musée Rodin, la structure montée pour le défilé Dior haute couture automne-hiver 2019, entièrement blanche, est faite de niches où sont disposées, sur des mannequins de couture, des toiles à patron, prototypes de vêtements réalisés dans un tissu immaculé. 

Les ateliers, au coeur de la mémoire de la couture

Bienvenue dans l'univers de l'atelier, auquel la créatrice italienne a voulu rendre hommage dans cette collection tout en sobriété, au "luxe caché", dit-elle. "Les gens pensent parfois que la haute couture est quelque chose qui doit être voyant, parce que c'est cher. Et que seul ce qui se voit sur une photo a de la valeur. Ce n'est pas ça, la haute couture", déclare Maria Grazia Chiuri. "Bien sûr, si vous voulez quelque chose de visible sur la photo, il faut des choses colorées, brillantes, couvertes de broderies. Mais vous perdez le volume, la coupe, les finitions", souligne encore la directrice artistique de Dior.
Dior haute couture automne-hiver 2018-19 à Paris, juillet 2018 : le décor
 (Pixelformula/SIPA)
Les mannequins défilent avec des bérets à voilette, pour une touche classique et rétro. Une série d'ensembles bleu nuit ouvre le bal, composés d'une jupe, gilet ceinturé et boléro, d'un pantalon et manteau-cape, d'une robe en crêpe plissée. Mais la palette est dominée par les couleurs chair, avec des robes drapées, plissées, légères, qui forment une deuxième peau. Plus structurés, des tailleurs pantalons en chevron lamé or évoquent la silhouette emblématique de Christian Dior, à la taille marquée. L'esprit tapisserie revient aussi, avec des motifs mille-fleurs. Sur une robe du soir en dentelle de Chantilly noire, des motifs en velours "au sabre" ont été travaillés selon une technique rare, requérant une extrême minutie, à l'aide d'une lame. Ils forment un relief visible uniquement en s'approchant tout près de la robe.
Dior haute couture automne-hiver 2018-19 à Paris, juillet 2018 
 (Francois Mori/AP/SIPA)

L'intemporalité de la haute couture

"Le prêt-à-porter parle de l'instant présent, la haute couture parle d'intemporalité", juge Maria Grazia Chiuri. "Il nous faut probablement éduquer la nouvelle génération" à la haute couture, dont les créations sont réalisées à la main et sur-mesure, souligne-t-elle. Certaines robes de sa collection ont nécessité 800 heures de travail.
Dior haute couture automne-hiver 2018-19 à Paris, juillet 2018 
 (J.BENAROCH/SIPA)
Car "le risque, c'est de perdre un peu cette tradition", estime la créatrice. "Si vous l'expliquez, vous pouvez susciter des vocations au sein de la nouvelle génération et la faire apprécier davantage par les clientes".

Après Paris, l'exposition Christian Dior ira en 2019 à Londres

Après avoir connu un énorme succès à Paris, l'exposition "Christian Dior, couturier du rêve" sera présentée en février 2019 à Londres au Victoria and Albert Museum. Intitulée "Designer of Dreams", il s'agira de la plus importante exposition consacrée à Dior au Royaume-Uni, du 2 février au 14 juillet 2019, avec 500 objets, accessoires, illustrations, parfums, vêtements présentés, dont 200 créations de haute couture. Elle couvre toute l'histoire de la maison de couture, de 1947 à nos jours, en retraçant le parcours du fondateur de la griffe et en évoquant l'apport des six directeurs artistiques qui lui ont succédé.
Une nouvelle section de l'exposition explorera la relation du couturier avec la culture britannique, entre son amour pour les grandes demeures et les costumes des tailleurs de Savile Row. "Il n'est pas de pays, sauf le mien, dont la vie quotidienne me plaise plus", disait Christian Dior au sujet du Royaume-Uni dans son autobiographie. "J'aime ses usages, son sens de la tradition, sa politesse, son architecture. J'aime même la cuisine anglaise". Le couturier a collaboré avec de grands artisans britanniques et habillé plusieurs personnalités, comme la danseuse de ballet Margot Fonteyn ou la princesse Margaret, soeur de la reine Elizabeth II. Dès 1947, il avait présenté son premier défilé à l'hôtel Savoy, à Londres, et avait créé Christian Dior London en 1952. Christian Dior a révolutionné la mode avec son New Look en 1947, qui a redéfini la silhouette féminine et relancé l'industrie de la mode parisienne d'après-guerre", souligne Oriole Cullen, commissaire de l'exposition au V&A. "Son influence a défini une époque".

Cette rétrospective, présentée au Musée des arts décoratifs à Paris de juillet 2017 à janvier 2018, avait été organisée avec le soutien de la maison Christian Dior à l'occasion des 70 ans de la griffe. 708.000 personnes avaient visité l'exposition en six mois, une affluence record pour le musée parisien. 

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