Les manteaux sont à l'honneur sur les podiums de la 3e journée
"Dans les périodes d'anxiété, de doute, les manteaux donnent un sentiment de protection", résume en marge d'un défilé Jean-Jacques Picart. "On s'y sent câliné mais aussi à l'abri, dans une bulle, d'où le retour du cuir aussi", ajoute-t-il. Ces derniers s'imposent, entre provocation et confort d'une seconde peau, notamment chez Saint-Laurent, Viktor & Rolf et déjà à Milan chez Jil Sander. D'un point de vue économique, l'achat d'un manteau, en temps de disette, est "considéré comme un investissement", ajoute ce consultant dans l'univers de la mode. Le consommateur se dit: "Je n'achète que cette très belle pièce, forte et je porterai en dessous ce que j'ai déjà". Et là, les grandes marques, avec la qualité de leurs coupes et de leurs matières, ont un avantage sur la grande distribution. "Si le manteau est mou, il ne fait plus écran, il ne protège pas", souligne le consultant.
Le Brésilien Gustavo Lins a imaginé des pièces deux en un, avec des manteaux réversibles. Comme ce modèle "chanvre et laine, qui se transforme en trench imperméable", explique-t-il, priant le mannequin de le retirer pour faire voir l'intérieur.
Chez le Belge Kris Van Assche, qui dessine aussi Dior Homme mais présentait sa ligne, la coupe des manteaux, qui défilent col relevé, est classique, avec des poches profondes ou en biais. Les hommes au travail, les habits professionnels des « cols bleus » et des «blancs », les tenues de semaine des artisans et des bureaucrates comme points de départ de la collection. Ses modèles sont en chemises blanches et larges pantalons d'un bleu-violet. La seule doudoune, marine et sans manches, ressemble à un gilet pare-balles. "Les travailleurs ont besoin de protections mais désormais, avec les remous de la crise, les banquiers aussi ont besoin de se protéger", a-t-il expliqué, pour justifier ses juxtapositions entre l'univers des cols blancs et le monde ouvrier.
La marque Saint-Laurent a misé sur le cuir, parfois des pieds à la tête, manteau et gants inclus, pour sa collection intitulée "Sex and money". Le luxe se niche, comme souvent en mode masculine mais encore un peu plus chez son styliste italien Stefano Pilati, dans les détails, comme ce revers de cuir sur une veste, dont les poches sont aussi surlignées. Des cols drapés en cuir protègent le cou et les manteaux en laine sont renforcés d'empiècements sur les épaules. Sur les souliers des modèles, une large bande horizontale d'argent, à usage de "bouclier" dixit le programme.
Chez le Coréen Juun J., les manteaux, très architecturés, prennent une allure guerrière. Ils sont bombés, larges sur les omoplates, souvent renforcés d'empiècements de cuir le long de la colonne vertébrale mais aussi sur les manches ou sous la nuque. La toile cirée couleur caramel côtoie le néoprène, matière utilisée pour les combinaisons de plongée, des tweeds chinés et même de l'astrakan, fourrure rase.
A suivre la 4e journée: MAISON MARTIN MARGIELA, KENZO, WALTER VAN BEIRENDONCK, ANN DEMEULEMEESTER, BERNHARD WILLHELM, DIOR HOMME, WOOYOUNGMI, CERRUTI, MIHARAYASUHIRO, DAMIR DOMA, HERMÈS et RAF SIMONS
Partager : l’article sur les réseaux sociaux
les mots-clés associés à cet article
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.