Les jeunes créateurs ferment le bal de la fashion week londonienne
Si elle compte moins de grands noms que ses soeurs new-yorkaise, milanaise et parisienne, Londres se démarque par sa pépinière de talents et par son inventivité, qui se nourrit d'une mode de rue décomplexée, vibrante et originale. 77 créateurs se sont côtoyés pendant les 5 jours de cette fashion week, intercalée entre New York et Milan, qui prend le relais dès le 19 février 2014.
Article rédigé par franceinfo
- Corinne Jeammet (avec AFP)
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Simone Rocha a proposé une collection à l'esprit juvénile, composée de robes ou de jupes. Les silhouettes ont les hanches et les bras exagérés par des volants, rappelant l'époque de la reine Elizabeth I. Sponsorisé par Topshop, le défilé de la jeune femme était scruté par son ancienne directrice des études à la Central Saint Martins, Louise Wilson ainsi que par son père John Rocha, qui est un styliste "vétéran" de la semaine de la mode londonienne.
L'univers onirique et "girly" du duo franco-britannique Meadham Kirchhofffleurait bonTralala, une fragrance créée par la maison londonienne Penhaligon's en collaboration avec les deux designers. Vêtues de robes pastel, rose, mauve, vert pâle, parfois accompagnées de bottes arc-en-ciel psychédéliques, les mannequins ont déambulé entre des panneaux de coeurs rouges et sous des portiques faits de bandelettes dorées. "On voulait simplement faire quelque chose qui soit assez relax, beau. On n'avait pas envie de sur-intellectualiser", explique Benjamin Kirchhoff, styliste originaire de Sète installé depuis 18 ans à Londres, qui dit avoir "grandi imbibé de l'esprit de création de Christian Lacroix, Jean Paul Gaultier et Vivienne Westwood".
Le créateur chinois Simon Gao, qui défilait pour la première fois à la fashion week, a proposé des silhouettes drapées aux couleurs de neige et de terre, accompagnées de baskets.
Au rang des "institutions" du chic britannique, Burberry Prorsum a présenté une collection artisanale et romantique, renouvelant son répertoire. Accompagné par des musiciens jouant en live, dont la chanteuse Paloma Faith, le show du créateur Christopher Bailey proposait un vestiaire où l'accessoire était obligatoire. Des traits de pinceaux vert, vieux rose, bleu, dessinent des fleurs sur les bottines, les sacs portés à la main mais aussi les manteaux en daim ou en cuir. Fines ou épaisses, les ceintures marquent la taille, emprisonnant de longues écharpes dénouées, tombant de part et d'autre du cou sur la poitrine, jusqu'aux mollets. Parfois les épaules sont recouvertes d'un poncho-couverture graphique, combinant des carrés et rectangles rouges, noirs, bleus, jaunes, violets et blancs. En dessous, les robes sont légères, en soie, parfois en fines dentelles, transparentes. Les manteaux sont en peau, taupe, vert foncé, ou rose. Les trenchs sont déclinés en version légère et translucide ou en cuir. En coulisses, Christopher Bailey explique avoir voulu un défilé "assez artistique, très doux, très féminin, artisanal". "Je voulais qu'il soit très romantique, individualisé - chaque pièce a été faite à la main - et sophistiqué, avec une légère nuance sexy", décrit-il aux journalistes. "Nous avons fait toutes les couvertures dans la manufacture avec laquelle nous travaillons en Ecosse, ces magnifiques ponchos que vous avez vus sont pour certains brodés avec des initiales, j'aime cette personnalisation", ajoute le directeur général de la création. Son inspiration, explique-t-il est venue du Bloomsbury Group, un groupe d'artistes et d'écrivains britanniques du début du XXe siècle, comprenant notamment Virginia Woolf, sa soeur Vanessa Bell, Duncan Grant et Roger Fry.
La présentation de Giles Deacon comprend deux nouvelles créations conçues à partir de tissus d'avant-garde, futuristes, avec l'ambition de dissiper le mythe de l'incompatibilité entre les vêtements lavables en machine et les créations de mode. Ces deux robes de la collection automne/hiver 2014 constituent la suite logique du programme Future Fabric de P&G Fabric Care, présenté pour la première fois à Milan en novembre 2013. Giles Deacon a expliqué " Suite à l'accueil réservé à la collection originale de sept robes présentée à Milan, nous avons réalisé que nous devions mieux commercialiser les vêtements de mode lavables. Ceci, conjugué aux potentialités provenant des fabricants de tissus et des nouvelles technologies mises au point par P&G avec les marques Ariel et Lenor pour le lavage des tissus, est la raison pour laquelle vous voyez ces nouvelles robes au sein de ma collection automne/hiver 2014. "
7 tendances se dégagent pour l'automne-hiver 2014
- La fourrure est partout, vraie ou fausse. Vison noir et blanc chez Tom Ford, gilet sans manche ou manteau patchwork pour Topshop Unique. Paul Smith la teint en bleu nuit, avec une large bande rouge au milieu. Du côté de Vivienne Westwood, même les shorts se portent avec des bords de fourrure.
- Les plis. Version origami, ils s'épanouissent chez Christopher Kane, se font accordéons sur les longues robes fluides de Mary Katrantzou, épicent les manteaux sombres de Todd Lynn, donnent du relief à une robe de Richard Nicoll. Chez J.W. Anderson, ils sculptent une silhouette surnaturelle.
- Le bleu est cool : Roksanda Ilincic l'utilise pour des jupes à mi-mollet et un manteau ceinturé d'or, Temperley London fait cohabiter divers motifs bleutés. Il est tantôt denim tantôt électrique pour Richard Nicoll, acier pour Burberry. Il se superpose en différentes nuances chez Topshop Unique : pull court, sous un top qui lui-même déborde sur une jupe.
- Les bottes sont indispensables. En caoutchouc chez Hunter. Elles s'étirent jusqu'en haut du genou en daim gris, brun ou noir chez Topshop Unique, ou en cuir noir à lacets du côté d'Antonio Berardi.
- Les jambes nues continuent à braver le froid : Hunter, Topshop Unique et Roksanda Ilincic sont parmi les partisans. Elles peuvent ne se dénuder qu'à moitié, et dans ce cas les chaussettes s'exhibent comme celles de Christopher Raeburn ou les mis-bas de John Rocha.
- Le noir : certes intemporel, il était omniprésent en velours et dentelles chez Erdem, en volants exubérants chez John Rocha, en laine et cachemire chez Tom Ford. Christopher Kane décline quant à lui l'éternelle petite robe noire.
- Les imprimés sont kaléidoscopiques chez Peter Pilotto, psychédéliques chez Matthew Williamson, version cachemire soyeux chez Paul Smith.
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