Le musée de la mode de Paris rouvre avec une rétrospective Azzedine Alaïa
En ouvrant avec une rétrospective Alaïa - la première à Paris -, "on montre qu'on est du côté des auteurs autonomes, indépendants, singuliers", explique à l'AFP Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera et commissaire de l'exposition.
Derrière lui, quelques unes des soixante-dix silhouettes du couturier se détachent des murs qui ont retrouvé leur couleur d'antan : le rouge pompéien, qui met en valeur de superbes plafonds. Les boiseries sont noires, comme au XIXème siècle. "C'est un très beau musée", se félicite Olivier Saillard. L'entrée se fait par une belle cour, et le Palais situé dans le très chic XVIème arrondissement donne également sur un jardin.
Alaïa sublime le corps féminin
Le couturier né il y a plus de 70 ans en Tunisie est diplômé de sculpture. Et cela se sent dans les silhouettes exposées. "Il privilégie les hanches, les fesses, la taille, le décolleté", souligne Olivier Saillard. "Il maîtrise le corps humain". Alaïa sublime le corps féminin. Il rend sexy les trop rondes comme les trop minces.
Dans la première salle trône sa longue robe avec le zip qui tourne autour du corps. Ses robes à cagoule sont bien sûr présentées; il y a notamment celle, couleur bronze, portée par la chanteuse Grace Jones, quand Azzedine Alaïa avait reçu un oscar de la mode en 1985.
Des créations ont aussi été portées lors de défilés par l'égérie du couturier Naomi Campbell, Linda Evangelista ou encore Tina Turner. Plusieurs silhouettes sont "iconiques", souligne Olivier Saillard. Elles sont entrées dans la mémoire collective, à force d'avoir été photographiées et vues.
Il y a aussi cette robe composée de bandes blanches, inspirée des momies, ou ses créations en cuir. "Il a été le premier à travailler le cuir comme un tissu ou une dentelle", explique Olivier Saillard. Dans une petite salle comme un boudoir sont rassemblées quelques unes de ses créations les plus sexy. Plus loin, des tailleurs et des manteaux plus austères.
Toutes viennent de la collection personnelle d'Azzedine Alaïa. "Je garde tout", confiait récemment le couturier à l'AFP. Il conserve ses créations mais collectionne aussi celles d'autres grands couturiers, comme Madeleine Vionnet (1876-1975). Il pense à faire une fondation. "Pour faire le métier, il faut admirer les plus anciens. (...) On ne part pas de rien", dit-il.
Une oeuvre indémodable
Lui a commencé à Tunis en faisant les travaux de couture de sa soeur, puis en travaillant chez une couturière afin de payer ses études. A Paris, il fait du sur-mesure pour des clientes prestigieuses et stylées, comme Louise de Vilmorin, Arletty, qui l'a beaucoup inspiré, et Greta Garbo. Cet apprentissage, "c'est sa force", selon Olivier Saillard: il maîtrise toutes les étapes de création d'un vêtement.
Azzedine Alaïa a présenté sa première collection en 1981. Les pièces exposées ont été créées de 1979 à nos jours mais leur présentation n'est pas chronologique. "On pourrait croire que des robes de 1981 sont d'hier", explique Olivier Saillard. Son oeuvre, indémodable, traverse le temps.
L'exposition Alaïa se poursuit à quelques dizaines de mètres de Galliera, au musée d'art moderne, dans la salle Matisse. Les robes du couturier prennent place au milieu d'oeuvres du peintre, comme La Danse, une des "peintures favorites" d'Azzedine Alaïa. Il a réalisé trois robes spécialement pour la salle Matisse.
Après la rétrospective Alaïa, qui s'achève le 26 janvier, le Palais Galliera accueillera une exposition consacrée aux tirages photographiques de Condé Nast; il devrait ensuite y avoir une exposition sur les années 50 puis sur les robes de Jeanne Lanvin.
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