La mode coréenne veut séduire Paris
A la différence des créateurs japonais, très présents depuis des années sur la scène internationale, seuls quelques Coréens se sont imposés hors de leurs frontières. Cette mode a commencé à faire parler d'elle dans les années 1990 en défilant à Paris : Lee Young-Hee y réinterprète le hanbok, le costume traditionnel tandis que Lie Sang-Bong présente ses profusions de plissés, froncés, ajourés, soufflés et ruchés. Puis Juun.J et Wooyoungmi envahissent les podiums masculins.
La génération montante prend la relève pour répondre aux besoins de jeunes Coréens qui raffolent de la mode. Séoul, avec ses pop stars ultra-populaires et lookées, est devenue une vitrine de la mode en Asie. Les consommateurs chinois viennent y chercher les dernières tendances, de grands noms du luxe s'y bousculent tandis que les cosmétiques coréens connaissent un engouement mondial.
Les Coréens obsédés par la mode
Le gouvernement coréen a lancé en 2012 le K-Fashion Project afin d'aider financièrement ses talents nationaux à se faire connaître à l'étranger. "Les Coréens sont obsédés par la mode. Les jeunes designers, qui ont grandi dans cet environnement, ont une grande créativité en matière de streetwear, qu'ils savent rendre amusant", souligne Ju Tae-Jin, de l'Institut de recherche coréen pour l'industrie de la mode. Férus de nouvelles technologies, ils "sont aussi très doués pour les réseaux sociaux", ajoute-t-elle. Après des éditions à New York, Pékin et Shanghai, le concept est venu à Paris mettre en valeur le "made in Korea" : tout, y compris les tissus, est fait au "pays du matin calme".Déjà des premiers pas en marge de la PFW
En 2015, une exposition internationale SEOUL’S 10 SOUL (Les 10 âmes de Séoul), organisée sous l’égide de la Seoul Design Foundation, invitait déjà à découvrir la nouvelle garde. En 2016 le Tranoï invitait déjà, sous l'égide de K Fashion, 6 stylistes coréens à présenter leurs collections printemps-été 2017. Comme l'expliquait son directeur David Hadida : "Après la valse des directeurs artistiques des grandes maisons, les Fashion Weeks qui changent constamment de dates et les différentes situations géopolitiques nous imposent de changer et de proposer chaque saison une nouvelle vision de la mode". Cette saison, les 5 designers sélectionnés sont : TaeYong Ko (Beyond Closet), BumSuk Choi (General Idea), Kathleen Kye (KYE), JinHee Moon (Moon J) et EunAe Cho (Tibaeg).Le traditionnel hanbok modernisé
Au palais Brongniart à Paris, c'est l'effervescence qui règne avant le défilé. "Je me demande ce que les gens ici vont penser de la collection", s'interroge Kathleen Kye, créatrice diplômée de l'école de mode londonienne Central Saint Martins, qui a lancé sa griffe, Kye, en 2011. La jeune femme est l'un des noms connus de la Seoul Fashion week, qui commence dans moins de trois semaines. Ses vêtements ont séduit la star de la K-pop G-Dragon, icône du style en Asie. Elle fait partie des cinq créateurs coréens sélectionnés parmi une centaine pour participer au défilé. Sa collection, au style streetwear et coloré, est inspirée par les superstitions et les tentatives de prédire l'avenir : des étoiles la parsèment, formées par des coutures ou des broderies de perles argentées. Les prix tournent autour de 80 euros pour un haut, 400 pour une veste.Sa compatriote Eunae Cho a baptisé sa marque Tibaeg (sachet de thé en anglais). Elle avait déjà participé à la K Fashion 2016. Les feuilles de thé s'impriment sur ses créations, où la couleur verte règne en maître. Dans sa collection d'une grande légèreté, qui mêle des organzas de fibres synthétiques et des broderies fleuries, la jeune femme reprend des techniques de couture du hanbok, vêtement traditionnel coréen, qu'elle revisite avec des éléments plus fantaisistes et contemporains comme les paillettes. La créatrice de 36 ans, qui a étudié à l'université Yonsei à Séoul, a créé sa griffe en 2011. Ses vêtements sont distribués au Koweït, en Suisse, à Hong Kong, Singapour, Los Angeles et au Canada.
Bumsuk Choi, le créateur de General Idea, a un parcours plus atypique. Ce designer de 40 ans, qui a déjà défilé à New York "avec ses propres moyens", a appris à coudre à l'usine, où il a dû aller travailler jeune pour gagner sa vie. Fantaisie et couleur imprègnent son vestiaire, qui mêle les références aux hippies des années 60-70, avec les codes de la génération actuelle, connectée, qu'il appelle les "phono sapiens".
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