La marque vertueuse 1083 propose des jeans 100% français, du champ de coton à la confection

En France, où la toile "de Nîmes" a vu le jour, le savoir-faire renaît, notamment avec la marque 1083 qui produit des jeans entièrement français, dont le coton est cultivé dans le sud du pays.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Campagne pour les 10 ans (en 2023) des jeans en coton 1083 (1083)

Un jean entièrement fabriqué en France : c'est le pari de 1083, une entreprise textile qui fait pousser du coton dans la Drôme et le Gers avant de le transformer dans les Vosges... quitte à demander un peu de patience à ses clients. Le nom de l'entreprise vient du fait que le denim est censé ne jamais parcourir plus de 1 083 kilomètres avant d'arriver chez le client : soit la plus longue distance pour traverser la France en diagonale.

Dans quelques semaines, les 800 premiers pantalons 100% français seront livrés après plus d'un an d'attente: la société les a produits sur commande, une forme de financement participatif destiné à lancer le modèle économique. Un délai qui vise aussi à éviter la surconsommation. "Ça nous évite de surproduire et donc d'avoir des invendus", explique Thomas Huriez, fondateur et directeur de 1083.

La filière du jean français reconstruite de A à Z

Ce jean vendu à 160 euros côtoie les prix de certaines grandes marques de l'habillement. Depuis 2013, année de sa fondation, l'entreprise s'est fait une place dans le secteur de l'habillement "made in France". La marque se flatte d'avoir reconstruit l'ensemble de la filière du jean français.

Deux champs de coton qui n'appartiennent pas seulement à la marque 1083, Thomas Huriez est en partenariat avec les agriculteurs et les investisseurs engagés de la Drôme et du Gers participant à la production de ce coton 100% français.
La marque 1083 fait pousser du coton pour produire ses jeans Deux champs de coton qui n'appartiennent pas seulement à la marque 1083, Thomas Huriez est en partenariat avec les agriculteurs et les investisseurs engagés de la Drôme et du Gers participant à la production de ce coton 100% français. (1083)

Pour ce nouveau jean, "Il a fallu trouver des savoir-faire dans chacune des huit étapes : la culture du coton, la filature, la teinture, le tissage, la coupe, la confection, l'ennoblissement et le délavage", expliquait Thomas Huriez à Franceinfo culture il y a deux ans

Spécialisée dans les jeans, la marque réalise aussi d'autres pièces des vestiaires féminins et masculins. 90% de la collection est encore fabriquée à partir de coton bio d'une exploitation de Tanzanie qui "n'utilise ni pesticide, ni irrigation en eau", fait valoir le patron.

Relocaliser le secteur générerait des milliers d'emplois

Aujourd'hui, la société emploie 105 personnes, dont près d'une vingtaine à Rupt-sur-Moselle, où des couturières assemblent les pièces à la main. "Un bel exemple de réussite", salue Olivier Ducatillion, président de l'Union des industries textiles (UIT). Celui-ci estime que "relocaliser 1% des vêtements achetés par les Français génèrerait 4.000 emplois".

Comme d'autres acteurs du "made in France", 1083 attend que les pouvoirs publics donnent l'exemple. "Les Jeux olympiques ont été une occasion manquée", regrette Olivier Ducatillion, la part réservée au textile français n'étant que de 20% sur l'ensemble des tenues des Jeux.

Les uniformes en expérimentation dans plusieurs établissements scolaires pourraient être une autre occasion de dévoiler le savoir-faire français. "Nous nous sommes proposés pour réaliser les bas des uniformes. Nous attendons encore des réponses", confie Thomas Huriez.

Le "made in France" aurait besoin d'un coup de pouce

Le made in France ne représente que "5% du marché de l'habillement en France", avance Olivier Ducatillion. Il plaide pour un appel d'offres national qui permettrait aux entreprises du secteur de se positionner collectivement. Sur les 67 millions de jeans vendus chaque année en France, seuls 100 000 sont fabriqués dans l'Hexagone.  À elle seule, 1083 représente 50% des ventes, écoulant chaque année près de 50 000 pièces. 

"Nous nous sommes lancés à une époque où le made in France n'était pas à la mode", se remémore Thomas Huriez. Le secteur a bénéficié d'un regain d'intérêt après la pandémie de Covid-19. Comme pour les médicaments, "les Français se sont souvenus qu'il y avait du textile en France", sourit Olivier Ducatillion. 

Mais l'effet a été de courte durée, car depuis 2023 le "made in France" souffre. "On observe une baisse générale de la consommation et on subit de plein fouet l'inflation", souligne le président de l'UIT. "Nos coûts ont augmenté de 20% par rapport à l'année dernière, alors que nous n'avons pas augmenté nos prix de vente", témoigne Thomas Huriez.

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