La maison de couture Lanvin passe aux mains du chinois Fosun qui met un pied dans le luxe français
Le conglomérat chinois Fosun a annoncé qu'il allait prendre le contrôle de Lanvin. "Fosun devient l'actionnaire majoritaire, les actionnaires actuels conservant une participation minoritaire dans la société", souligne le groupe. De source proche du dossier, l'investissement de Fosun dans le groupe devrait être de l'ordre de 100 millions d'euros.
Lanvin était jusqu'à présent détenu à 75% par la femme d'affaires chinoise Shaw-Lan-Wang et à 25% par l'homme d'affaires suisse Ralph Bartel.
Une maison avec des difficultés financières
La maison, qui avait été secouée par des remous internes après le départ en octobre 2015 du créateur israélien Alber Elbaz, qui était en poste depuis 14 ans, faisait face à des difficultés financières. La situation ne s'est pas redressée sous la direction artistique de Bouchra Jarrar, dont les collections à la sobre élégance, mariant masculin et féminin, avaient pourtant été saluées par la presse. Selon des chiffres cités dans les médias, la maison a accusé en 2016 une perte de 18,3 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 162 millions d'euros, en baisse de 23%. Le remplacement de celle-ci en juillet 2017 par Olivier Lapidus, connu pour avoir dessiné des meubles pour le soldeur Gifi ou des robes de mariée pour la marque Pronuptia, avait été perçu dans le secteur comme une menace pour le positionnement et l'image de luxe de la maison.Le magazine Challenges rapportait début juillet 2017 que les deux actionnaires de Lanvin devraient "recapitaliser la maison de couture à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros, afin d'effacer le déficit du précédent exercice et de relancer la marque".
Lanvin, plus ancienne maison de couture française en activité
Lanvin est la plus ancienne maison de couture française encore en activité. Jeanne Lanvin (1867-1946) "a toujours été comprimée entre Madeleine Vionnet qui était très virtuose, Elsa Schiaparelli qui était l'artiste, Chanel qui était très médiatique", avait expliqué Olivier Saillard lors de l'exposition qui lui avait été consacrée en 2015. "On a rangé Lanvin du côté de la grande discrétion, voire même d'une couturière de clientes, un terme pas très flatteur. Or elle est bien plus que ça !" précisait alors le directeur du Palais Galliera, Musée de la mode de Paris.Elle débute comme modiste en 1885. Dès 1889, elle ouvre une boutique "Lanvin (Melle Jeanne) Modes" avant d’obtenir son pas de porte en 1893. En 1897 nait sa fille, Marguerite, qui devient sa première source d’inspiration, sa muse... Elle entrevoit un nouvel horizon en 1908 : le vêtement d’enfant. Elle crée, en 1909, un département jeune fille et femme. Elle adhère au Syndicat de la couture et entre dans le monde fermé des maisons de couture. Suivent les départements mariée, lingerie, fourrure et dès les années 1920, la décoration et le sport... En 1926, la femme d’affaires part à l’assaut de la mode masculine. Le bleu Quattrocento ravi à Fra Angelico devient sa couleur fétiche. Pour les trente ans de sa fille, elle compose le parfum Arpège en 1927.
"Elle ne cousait pas, ne coupait pas, ne dessinait pas mais elle avait un goût très sûr. Elle a imposé un lifestyle", commentait Olivier Saillard. Jeanne Lanvin n’aura de cesse de cultiver sa curiosité pour créer ses tissus, motifs et couleurs exclusifs. Son ADN : l’art de la matière et de la transparence, des broderies, des surpiqûres entrecroisées, des spirales, des découpes. Un classicisme à la française avec des robes de style XVIIIe - buste affiné, taille basse, jupe gonflée dialoguant avec la ligne tube de l’Art Déco, ses géométries en noir et blanc, ses profusions de rubans, cristaux, perles et fils de soie...
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