Cet article date de plus de huit ans.

La haute couture dans l'oeil du photographe Jacques Beneich

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet
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Publié
Temps de lecture : 6min
La semaine de la haute couture automne-hiver 2012-2013, qui s'est tenue du 1er au 5 juillet, à peine terminée, les séances photos débutent. Il est impératif pour les stylistes d’organiser leur shooting pour des séries mode qui paraîtront dans les magazines dès la rentrée. Armée de mon appareil numérique, j’ai capté ce moment-là en suivant le shooting de nuit du photographe Jacques Beneich.

Il m'a fixé rendez-vous le 9 juillet à 19h30 pour assister au shooting de nuit de la haute couture automne-hiver 2012-2013 pour le magazine espagnol Hola. C’est place de la Concorde à Paris que je rencontre le mannequin Leonora Jimenez, le styliste Frédéric Blanc ainsi que l'ensemble de l'équipe composée d'un assistant lumière, d’une maquilleuse, d’un coiffeur...

Ici pas de cérémonial, la vie n’est pas tenue à distance. Il y a du bruit, des allées et venues, autour du modèle : Jacques raconte une histoire, éclate de rire, l’ambiance est zen. Jusqu’à l’instant où un visage se découvre fixé à jamais dans son rayonnement. L’image d’un être surpris, dans son humanité, est révélée. Photographe d’instinct, le plus souvent, Jacques Beneich se passe des décors et des effets spéciaux : il va à l’essentiel en plan serré. Les jeux d’ombre et de lumière servent à la fois de décors, de vêtements et de maquillage : il en maitrise les pigments, les densités et les orchestre laissant, cependant, sa part au hasard.
 

 

Quelles sont les difficultés d’un shooting en extérieur ?
« Plusieurs éléments peuvent perturber une séance. Tout d’abord, les conditions climatiques. Quand la météo n’est pas bonne, les difficultés liées à la lumière de jour comme de nuit sont réelles. Il faut jouer avec ce que nous offre la nature. Tout dépend également du thème, de la fille et du lieu mais cela fait partie du jeu ! La meilleure lumière est celle du jour avec une météo magnifique, tôt le matin où en fin d’après midi. Mais attention à la lumière zénitale car le soleil créée des contrastes forts avec des zones d’ombres. C’est terrible pour les ombres sous les yeux. D’autres difficultés existent : quand le mannequin n’a pas une belle peau, quand le maquilleur est mauvais mais aussi le public qui peut devenir gênant. En effet, par rapport à leur quotidien, une séance photo leur semble magique ».

Quels sont vos shooting préférés ?
« J’aime tout. Un shooting avec une grosse équipe permet le mélange des compétences et la multiplicité des taches. En quelque sorte, je suis le chef d’orchestre d’un moment de bonheur. C’est formidable d’être épaulé et de compter sur les autres. Un shooting avec une équipe réduite permet, quant à lui, de gagner en intimité. Si tu ajoutes des décors inspirants, ce n’est que du bonheur ».

Est-ce plus simple de travailler avec une équipe que l’on connait ?
« Cela confine au plaisir. C’est un confort quand chacun connaît sa partition » ajoute Jacques avant de préciser : « C’est un plaisir de faire les choses avec des gens que tu aimes ».

L’envie est-elle toujours la même ?
« C’est un vrai plaisir que de se rendre au studio avec le cœur qui bat. L’envie ne se dément jamais. Je ne sais pas faire entre deux portes, je met toujours la même implication. Passer du bon temps à faire de jolies choses, c’est en quelque sorte des micro vies que je vis au quotidien, c’est une chance formidable".

L’humanité des gens est une notion qui prime avant tout, précise-t-il : « A un certain moment, je me suis éloignée de la mode et j’ai découvert cela en photographiant les musiciens de jazz et de blues. Une simplicité incroyable se dégageait d’eux tout en sachant les traces qu’ils allaient laisser sur notre planète ».
 

Quel est votre parcours ?
« Après un bac éco et une licence d’anglais, j’ai joué dans un groupe de rock. J’aurai voulu être musicien mais aussi pilote de chasse dans la marine. Je suis venu à la photo pour payer mes cours de pilotage. Dans un premier temps, j’ai fait de la photo de reportage et un peu de nature morte. Puis, j’ai photographié mes copines et tout d’un coup, c’est devenu intime et fort, un vrai bonheur ».

Jacques découvre le pouvoir de l’image dans l’univers de la mode, peuplé des futures top-models planétaires. C’est à New-York en 1980 que Jacques Malignon lui fait rencontrer les plus grands noms de la photographie de l’époque. C’est dans ce nouvel univers qu’il développe son style, un sens de la couleur, des corps et des lumières. De retour à Paris, il voyage entre New-York, Milan, Los Angeles et les Caraïbes pour des shootings fashion. En 1989, il réalise une série de portraits des plus grands musiciens de jazz et de blues. « C’était mon jardin secret, pour mon plaisir. Résultat : beaucoup d’images qui ont quelque chose de particulier et que tu as envie de montrer. L’appareil photo ne peut pas se substituer à quelque chose qui t’es personnel »

Des expositions ont été organisées, en France notamment au Palm-Beach à Cannes pour « Les Marquises » durant le Festival International de la Photographie de mode. Sa dernière exposition «  Soul Catcher » s’est tenue à Paris en 2011. D’autres œuvres sont couramment exposées dans des galeries à  Berlin, Dusseldorf, Megève, Saint-Tropez et Genève.

Quels sont vos photographes préférés ?
A cette question, il me cite Richard Avedon, Ellen von Unwerth, Peter Lindbergh, Steven Meisel et Mario Testino.

Stéphane Rolland, haute couture automne-hiver 2012-2013
 (Corinne Jeammet)
Jacques Beneich
 (DR)

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