La fripe inspire les créateurs de mode et séduit les fashionistas
En janvier 2017, la jeune griffe française Avoc avait choisi une autre adresse vintage, Kiliwatch, pour présenter sa collection pap automne-hiver 2017-18, proposant un vestiaire androgyne inspiré des uniformes de travail. Une démarche d'upcycling également adoptée par le label Vetements, dont l'une des pièces phares est un jean fait d'un assemblage de plusieurs Levi's de deuxième main.
Neith Nyer inspiré par les boutiques vintage de Tokyo
"Aujourd'hui le look réside dans l'exclusivité de la pièce. Forcément avec la fast fashion et le mass market on ne la trouve que dans le vintage, dans les friperies", estime le créateur brésilien Francisco Terra à la tête de la marque Neith Nyer, qu'il a lancée en 2015 et baptisée du nom sa grand-mère autrichienne. Pourquoi avoir choisi la friperie Guerrisol ? "C'est un peu le temple de la recherche de la mode parisienne", explique-t-il. "C'est un lieu où vient un public simple, qui n'a pas forcément d'argent mais tous les stylistes des grandes marques y viennent" pour s'en inspirer, affirme le créateur passé par les maisons Givenchy et Carven.Influencé par Margiela et Jean Paul Gaultier, deux maisons connues pour leur art du recyclage, le designer de 34 ans a bâti sa collection autour de l'histoire de jeunes vivant à Tokyo en 2083 dans un futur chaotique, qui récupèrent les vêtements de leurs ancêtres et les assemblent comme des patchworks pour en faire de nouveaux habits. Il s'est inspiré des boutiques vintage de la capitale japonaise, qui en plus de vendre des fripes, les retravaillent pour en faire de nouvelles pièces.
Du vintage rassurant
L'historien Manuel Charpy souligne que l'engouement pour la fripe ne date pas d'hier : "la masse de vêtements de seconde main au 19e siècle était encore plus importante qu'aujourd'hui, la fripe dominait le marché populaire du vêtement", rappelle-t-il. Porté par la crise économique, ce goût pour le vêtement d'antan s'inscrit dans un engouement actuel plus large pour le vintage. Qui se traduit par le succès de la série "Mad Men" ancrée dans les années 1960 ou de la réédition par Nintendo de sa première console, relève Cécile Poignant, spécialiste des tendances. Le vintage "redonne un ancrage historique, temporel, cela rassure un peu. Cela a à voir avec le sentiment d'insécurité avec lequel on vit, on est beaucoup moins sûr qu'il y a trente ans que demain sera mieux qu'hier", souligne-t-elle.
Une pièce vintage pour sublimer une silhouette Zara
Dans la boutique parisienne "Thanx God I'm a VIP", Amnaye Nhas, l'un des responsables, constate que les défilés ont un effet direct sur les ventes : quand les marques reprennent des pièces historiques comme les manteaux et blousons en peau retournée ou les blousons d'aviateur, la demande explose en magasin, explique-t-il. Cette friperie parisienne ne reprend que des vêtements des meilleures marques, en parfait état. Ici, rien de synthétique: tout est en laine, soie, alpaga, cachemire. Les prix vont de 40 à 2.000 euros. Une veste en soie Léonard, dans les tons verts, se vend 995 euros, un manteau Burberry datant de 1978 s'affiche à 450 euros. Les clients ? "Ce sont des gens qui veulent se démarquer", explique Amnaye Nhas. "Nous avons des clients hyper pointus mais aussi des clients qui achètent chez Zara et veulent juste trouver quelque chose de plus original pour aller avec."
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