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La créatrice Yasmeen Mjalli soutient avec ses slogans féministes les Palestiniennes harcelées

"Not your habibti !", en français "Pas ta chérie". Ces trois mots sont imprimés sur un T-shirt ou brodés sur une veste en jean : avec sa ligne de vêtements, la créatrice Yasmeen Mjalli veut redonner confiance aux Palestiniennes face au harcèlement de rue.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Temps de lecture : 3 min
La designer palestinienne Yasmeen Mjalli, décembre 2018
 (ABBAS MOMANI / AFP)

"Quand une femme est exposée à tant de harcèlement dans la rue, elle commence à s'habiller de manière à se protéger, elle se cache" derrière ses vêtements, dit la designer américano-palestinienne de 22 ans qui explique que les habits qu'elle dessine pour sa marque BabyFist veulent "redonner confiance aux femmes".

La créatrice palestinienne Yasmeen Mjalli avec ses T-shirts arborant le slogan "Not your habibti !", en français : "Pas ta chérie".
 (ABBAS MOMANI / AFP)

Des messages en arabe et en anglais

Sur des tissus plutôt sobres et des sacs en toile, des messages en arabe et en anglais sont inscrits au milieu de dessins de fleurs et de silhouettes : "Chaque rose a sa révolution", "La voix des femmes déplace la montagne"... Des phrases que cette diplômée en histoire de l'art a d'abord tracées à la peinture sur ses propres vêtements, en réaction aux situations auxquelles elle a dû faire face à son arrivée en Cisjordanie, après avoir grandi aux Etats-Unis, élevée par des parents palestiniens. "J'ai eu droit à des commentaires, des regards insistants et gênants, le genre qui vous fait sentir que votre intimité a été violée. J'ai été agressée dans les rues, des gens me touchaient", dit-elle, attrapant son bras pour mimer le geste.
La marque BabyFist de la designer palestinienne Yasmeen Mjalli, décembre 2018
 (MAHMUD HAMS / AFP)

En août 2017, elle lance sa collection de vêtements puis ouvre une boutique à Ramallah en Cisjordanie occupée pour compléter les ventes en ligne. "Ce n'est pas un T-shirt qui va arrêter le harcèlement", admet Yasmeen Mjalli mais "c'est un rappel que vous faites partie de quelque chose de plus grand qui veut redonner du pouvoir aux femmes", que "vous n'êtes plus seule".

Sur les ventes qu'elle effectue, 10% sont reversés à une association locale qui aide les femmes et à des projets dont l'un porte sur l'envoi d'un médecin et de bénévoles dans des écoles pour éduquer les jeunes Palestiniennes à la question des règles, un sujet intime encore tabou. Tout en se définissant comme féministe, la designer affirme que ses initiatives "ne sont pas liées" au mouvement #MeToo même si elle reconnaît que cela lui a donné une certaine visibilité.

Made in Palestine

Tous les vêtements de BabyFist sont made in Palestine. Les vestes sont tissées dans l'atelier de Hassan Shehada à Gaza. Au milieu des machines à coudre, le patron présente la veste en jean avec l'inscription "Not your habibti". "Je suis fier que les femmes portent le fruit de mon travail", confie le quinquagénaire dans l'enclave palestinienne distante de Cisjordanie de quelques kilomètres mais étouffée par un blocus israélien depuis plus de dix ans.

"Et je suis très fier aussi qu'il soit écrit sur ce vêtement : Fabriqué en Palestine", dit-il. Car la plupart des pièces qui sortent de son atelier sont habituellement estampillées "Made in Israël". Ces trois derniers mois, il a fabriqué 1.500 pièces pour BabyFist. Une bouffée d'air pour son atelier, qui n'emploie quasiment que des hommes : "Travailler avec BabyFist m'a redonné de l'espoir", confie Hassan Shehada, qui affirme avoir réalisé son rêve de produire des vêtements pour le marché européen.
La designer Yasmeen Mjalli dans sa boutique, décembre 2018
 (ABBAS MOMANI / AFP)

Deux ou trois générations de femmes ont déjà souffert

Selon la créatrice, 40% des ventes sont effectuées en magasin à Ramallah et 60% en ligne. Mais des conservateurs lui ont reproché d'attirer l'attention sur le corps des femmes en dessinant des vêtements qui portent selon eux des messages provocateurs. D'autres estiment que la lutte contre l'occupation israélienne est la seule cause qui mérite d'être portée en public. 

"Nous sommes occupés depuis 70 ans (...) Deux ou trois générations de femmes ont déjà souffert alors qu'on dit : 'OK, vous pouvez attendre'", réplique la jeune femme. Pour elle, les deux combats se rejoignent. "L'occupation (israélienne en Cisjordanie) prive les hommes dans notre société de tout sens de contrôle et de tout sentiment de masculinité et, par ricochet, cela affecte les droits des femmes".

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